Ukraine : l’horreur ou la paix [carte blanche]

Caritas International Belgique Ukraine : l’horreur ou la paix [carte blanche]

Les conséquences de la guerre sont désastreuses. - Caritas International

Les conséquences de la guerre sont désastreuses. - Caritas International

21/02/2023

« Il y a un an, l’impensable se produisait. L’explosion en Europe d’un conflit militaire majeur, extrêmement violent, bafouant le droit international et la dignité humaine de millions de personnes. Et une triste certitude : il faudra jusqu’à deux générations pour réellement reconstruire une capacité à revivre ensemble. » Voici l’introduction de la carte blanche écrite par Sébastien Dechamps, coordinateur humanitaire chez Caritas International. Retrouvez-la ci-dessous ou dans les pages de La Libre.

« Dans les heures qui ont suivi l’invasion, et durant des semaines et des mois, s’est déployé un élan de solidarité inédit lui aussi. En Ukraine même, où les communautés et les ONGs locales ont été et restent les acteurs de solidarité principaux. Dans les pays limitrophes et dans toute l’Europe, ouvrant leurs portes et leurs logements, accordant un statut de protection jamais attribué auparavant, mobilisant une générosité et des financements exceptionnels.

Un point de distribution alimentaire pour les réfugié-e-s ukrainien-ne-s. - Anton Frič / Caritas Slovaquie

Un point de distribution alimentaire pour les réfugié-e-s ukrainien-nes - Anton Frič / Caritas Slovaquie

Les mois ont passé, les informations se succèdent, les images de destructions rappellent Sarajevo, Grozny, Alep … Les témoignages racontent l’horreur des bombes, les traumatismes des familles, la terreur des enfants, les avenirs massacrés.

Les marchands de canons se frottent les mains. Des milliards sont engloutis, des armes de plus en plus létales et cruelles sont déployées. La « solidarité avec l’Ukraine » semble parfois se résumer à un catalogue d’options militaires : c’est dangereux, c’est de la violence qui s’ajoute à la violence, c’est encore davantage blesser, tuer, détruire.

Les organisations humanitaires déploient des programmes massifs et essentiels. La Caritas d’Ukraine, appuyée par tout son réseau mondial, est intervenue auprès de plus de 4 millions d’Ukrainien-ne-s : abris, alimentation, soins, accompagnement psycho-social … De même, dans les pays voisins qui accueillent les réfugié-e-s et leurs enfants … ils sont plus de huit millions à avoir dû fuir.

Mais il faut le dire et le marteler : l’humanitaire est aujourd’hui indispensable, mais il n’est pas une solution. Car nos organisations sont les témoins des conséquences immédiates du conflit, et aussi des dégâts irréparables qui déjà hypothèquent l’avenir.

Sébastien Dechamps, coordinateur humanitaire

Les témoignages racontent l’horreur des bombes, les traumatismes des familles, la terreur des enfants, les avenirs massacrés.

Sébastien Dechamps, Coordinateur humanitaire, Caritas International Belgique

Caritas Slovaquie en visite dans les villes détruites en Ukraine - Anton Frič / Caritas Slovaquie

Caritas Slovaquie en visite dans les villes détruites en Ukraine - Anton Frič / Caritas Slovaquie

Humainement et socialement : ce déchaînement de violences, d’injustices, de barbarie laissera des traces indélébiles dans la mémoire des enfants, aux niveaux des personnes, des familles, des communautés, des sociétés toutes entières. L’Europe centrale et orientale est complexe, des frontières sont disputées, la démographie, les langues, les cultures sont entremêlées dans un équilibre fragile. Cette guerre un jour cessera, mais non sans avoir creusé de nouvelles ruptures, de nouveaux fossés, des rancoeurs amères.

Matériellement et physiquement, ensuite : des infrastructures en ruines, des terres fertiles irrémédiablement polluées ou  transformées pour des décennies en champs de mines, des nappes phréatiques empoisonnées, des bombes antipersonnelles qui tueront ou mutileront encore dans dix ou vingt ans …

L’humanitaire est aujourd’hui indispensable, mais il n’est pas une solution.

Sébastien Dechamps, Coordinateur humanitaire, Caritas International Belgique

Les personnes victimes de traumatismes sont innombrables, et elles ne pourront pas toutes être prises en charge, sûrement pas si les combats continuent.  L’expérience humanitaire nous a appris qu’il faut parfois jusqu’à deux ou trois générations pour réellement reconstruire une capacité à revivre ensemble, ou côte-à-côte, en paix.

Notre appel est donc clair. Tout doit être mis en oeuvre pour que cette guerre se termine. Politiquement. Diplomatiquement. Résolument. Maintenant.


« Que le Seigneur nous rende prêts à des gestes concrets de solidarité pour aider ceux qui souffrent, et qu’il éclaire l’esprit de ceux qui ont le pouvoir de faire taire les armes et de mettre fin immédiatement à cette guerre insensée !» 

Pape François, bénédiction Urbi et Orbi, 25 décembre 2022  


 

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