« Nos centres [en Slovaquie] touchent environ 50.000 personnes qui ont fui l’Ukraine »

Caritas International Belgique « Nos centres [en Slovaquie] touchent environ 50.000 personnes qui ont fui l’Ukraine »

Distribution d’aide humanitaire dans la ville ukrainienne de Dnipro – Anton Frič / Caritas Slovaquie

Distribution d’aide humanitaire dans la ville ukrainienne de Dnipro – Anton Frič / Caritas Slovaquie

09/02/2023

« Suite à l’invasion russe, de nombreuses personnes venues d’Ukraine ont rejoint la frontière avec la Slovaquie. Des personnes âgées, des jeunes, beaucoup de femmes – avec ou sans enfants, parfois même avec leurs animaux de compagnie. Durant les premiers mois, les citoyen-ne-s slovaques ont fait preuve d’une grande solidarité en distribuant du thé, des bonbons ou encore des langes aux réfugié-e-s qui attendaient pendant des heures à la frontière, dans le froid ».

Caritas International Belgique « Nos centres [en Slovaquie] touchent environ 50.000 personnes qui ont fui l’Ukraine »

Accueil de personnes réfugiées à la frontière slovaque, durant les premiers mois de la guerre en Ukraine – Anton Frič / Caritas Slovaquie

Ainsi parle Anton Frič – Tony pour les intimes. Celui-ci travaille pour Caritas Slovaquie et se rend régulièrement en Ukraine. Des villes comme Kiev, Uzghorod, Druzkivka, Mukashenko, Baksha, Dnipro et Kharkiv n’ont plus de secrets pour lui. Anton sait mieux que quiconque ce que vivent le peuple ukrainien et les Ukrainien-ne-s réfugié-e-s en Slovaquie.

Lorsque la guerre a éclaté chez leur grand voisin, Anton et ses collègues de Caritas Slovaquie ont été agréablement surpris : « Pendant les trois premiers mois du conflit, la population slovaque s’est montrée particulièrement solidaire, contrairement à ce que nous avions observé lors de la crise migratoire en 2014 et 2015. Entretemps, cet élan de solidarité a diminué, mais c’est surtout lié aux conditions de vie difficiles pour la plupart des Slovaques, à l’instabilité politique dans notre pays et à l’avenir incertain. L’inflation élevée nous affecte également. » 

Une utilisation efficiente des ressources

Caritas Slovaquie dispose de moyens financiers limités. « Nous n’avons pas beaucoup d’argent, mais nous utilisons les ressources disponibles de la manière la plus efficiente possible », souligne Anton. « En Slovaquie, nous touchons actuellement environ 50.000 personnes réfugiées, à travers les 24 centres régionaux d’intégration que nous avons mis en place. Ces centres nous permettent d’ailleurs aussi de soutenir des Slovaques vulnérables. »

Le soutien apporté par Caritas aux personnes réfugiées et déplacées passe entre autres par une assistance psychosociale. « Certaines personnes réfugiées retrouvent petit à petit leur sérénité, au fur et à mesure qu’elles s’intègrent dans un environnement plus stable. Mais pour d’autres, c’est plus difficile et elles font alors appel à notre équipe de psychologues. Les femmes souffrent souvent d’insomnie car elles s’inquiètent pour leurs maris qui risquent leur vie en Ukraine. »

Caritas International Belgique « Nos centres [en Slovaquie] touchent environ 50.000 personnes qui ont fui l’Ukraine »

L’équipe de Caritas Slovaquie se rend en Ukraine. A droite sur la photo : Anton Frič – Anton Frič / Caritas Slovaquie

[L'aide de Caritas Slovaquie] est plus que l’aide fournie par l'État slovaque

Anton Frič, Caritas Slovaquie

Au total, Caritas Slovaquie a déjà envoyé 700 tonnes de matériel vers l’Ukraine, en réponse aux besoins humanitaires sur place. « C’est plus que l’aide fournie par l’État slovaque », confirme Anton. « Il s’agit de nourriture, mais aussi de médicaments et de matériel divers qui sera utile là-bas. Nos actions sont rendues possibles grâce aux nombreux dons – souvent modestes – que nous recevons, et grâce aux entreprises slovaques qui nous soutiennent. » 

En avril 2022, les partenaires de Caritas à Dnipro, en Ukraine, avaient urgemment besoin d’insuline. « Nous avons pu acheter une certaine quantité d’insuline et l’apporter en Ukraine. Mais il fallait aussi trouver un endroit pour l’entreposer. Finalement, nous n’avons pas eu d’autre option que de la stocker dans les installations réfrigérées destinées à accueillir des personnes décédées. » 

Caritas International Belgique « Nos centres [en Slovaquie] touchent environ 50.000 personnes qui ont fui l’Ukraine »

Caritas est aussi présente activement dans la ville ukrainienne de Kharkiv. – Anton Frič / Caritas Slovaquie

De nouvelles perspectives pour Marina à Kharkiv

La ville de Kharkiv est particulièrement touchée par la violence et la guerre. Anton y a fait la connaissance de Marina, dont le mari sert dans l’armée ukrainienne, et de son jeune fils. « Marina était très tendue et stressée et son fils n’osait pas quitter le sous-sol de leur immeuble », raconte Anton. « Depuis, heureusement, ils vont mieux. Marina est devenue une personne complètement différente : elle a rejoint l’équipe de Caritas Ukraine et s’y occupe de l’assistance psychosociale. » 

Le manque de budget pèse les activités de Caritas Slovaquie, mais pas sur l’engagement de ses employé-e-s et volontaires. « Entretemps, nous avons la grande chance de bénéficier du soutien de 12 organisations du réseau international de Caritas, dont Caritas International (Belgique). Nous sommes très reconnaissants aux Belges. » 

Déplacer des montagnes

Limites budgétaires ou pas, Caritas Slovaquie déplace des montagnes depuis le début de la guerre. L’organisation a par exemple amené en Ukraine des ambulances et un puissant générateur.

Dans les villes les plus exposées, les gens passent des mois entiers terrés dans des caves exiguës. Pour les enfants, cette situation est très traumatisante.

Anton Frič, Caritas Slovaquie

« La situation sur le terrain varie considérablement d’un endroit à l’autre », témoigne Anton. « En Transcarpathie, par exemple, près de la frontière avec la Slovaquie, c’est plutôt calme. Mais dans une ville comme Druzkivka, les habitants sont régulièrement bombardés. Dans les villes les plus exposées, les gens passent des mois entiers terrés dans des caves exiguës. Pour les enfants, cette situation est très traumatisante. » 

Suite à la crise humanitaire, Caritas Slovaquie a appris à coopérer efficacement avec diverses organisations dans le pays et en Ukraine. « Cela me donne de l’espoir pour l’avenir », déclare Anton. « Nous sommes très reconnaissants envers les Slovaques, les Belges et les autres Européens pour tout le soutien que nous avons reçu. Nous espérons que la guerre prendra fin en 2023. » 

Découvrez l’interview de Viktor Porubsky, chargé de relations internationales chez Caritas Slovaquie.

Actualités associées

Toutes les actualités