Les réfugiés du Haut-Karabakh reçoivent l’aide de Caritas

Caritas International Belgique Les réfugiés du Haut-Karabakh reçoivent l’aide de Caritas

« Le monde n’est pas foutu », témoigne Rafik. « Il y a encore un peu d’humanité. » – © Caritas Arménie

« Le monde n’est pas foutu », témoigne Rafik. « Il y a encore un peu d’humanité. » – © Caritas Arménie

26/04/2024

A l’automne 2023, des dizaines de milliers d’Arméniens et Arméniennes ont fui le Haut-Karabakh après que l’Azerbaïdjan en ait pris le contrôle militaire. Située dans le sud montagneux du Caucase, cette région à majorité arménienne avait proclamé son indépendance en 1991. Caritas Arménie a déployé d’importants efforts pour accueillir les personnes réfugiées, avec le soutien de Caritas International. Notre organisation a pu compter sur de généreux donateurs en Belgique.

Durant la seconde moitié des années 1980 et la première moitié des années 1990, l’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont livrés une guerre sanglante pour contrôler le Haut-Karabakh. Depuis, la région continuait à connaître des violences régulières. Les événements de septembre 2023 ont conduit à la disparition de la république du Haut-Karabakh.

Le 19 septembre 2023, l’armée azerbaïdjanaise a lancé une vaste offensive militaire contre la population civile pacifique. Les hostilités ont rapidement pris fin, mais les habitant-e-s de l’enclave ont cherché à se mettre à l’abri en fuyant en masse : ils et elles sont 100.000 (sur 120.000) à s’être réfugiés en Arménie, dont environ 30.000 enfants.

Le réseau Caritas en action

Ces événements tragiques ont incité Caritas Arménie à agir. Des lits ont été distribués aux personnes réfugiées dans trois localités de la province d’Ararat. Des abris ont été installés dans un camp à Toros, dans la province de Shirak. Des kits contenant de la nourriture, des articles d’hygiène et des couvertures chaudes ont également été distribués. Une action similaire a été menée dans la province de Syunik. Des paquets de nourriture et d’articles non alimentaires ont été distribués aux personnes réfugiées dans les villages d’Aravus, de Kornidzor et de Karash.

Par le biais du réseau Caritas, Caritas Arménie a lancé un appel pour récolter 250.000 euros. Caritas International a participé à cette opération à hauteur de 50.000 euros et a pu compter sur de généreux donateurs en Belgique.

Lucia, 5 ans, a dû fuir la belle maison familiale à Artsakh suite à l’attaque de septembre 2023. Elle s’est d’abord réfugiée dans l’abri de l’école locale avec ses frères, ses parents et sa grand-mère, comme elle avait déjà dû le faire il y a quelques années. « Tous ces tirs m’ont fait peur, mais mes frères de 13, 14 et 15 ans étaient avec moi », raconte-t-elle.

Lucia rencontre de nouvelles amies

La famille de Lucia a ensuite quitté précipitamment sa ville natale. Seul son père, Arkady, est resté sur place pour aider les personnes encore présentes. Arkady avait lui-même perdu son père à l’âge de 10 ans, lors de précédents affrontements. Aujourd’hui, la famille loue une maison à Haykavan, en Arménie. Les fils vont à l’école là-bas ; Lucia est encore en maternelles. « J’ai de nouvelles amies ici, mais notre jardin et mes jouets me manquent », sanglote la petite fille.

Armenie Lucia Fuir Caritas Cheval

© Caritas Arménie

 Ce que nous avons vécu nous a donné de l'espoir. Nous sentons que nous ne sommes pas seuls.

La grand-mère de Lucia, réfugiée en Arménie

Caritas Arménie a aidé la famille de Lucia en lui fournissant un réchaud et des couvertures. Le réchaud permet à la famille de cuisiner et de se chauffer. « Après la mort de mon mari, j’ai nourri mes trois enfants avec notre pain traditionnel, le zhingyalov », explique la grand-mère Romela, qui prépare la pâte avec sa petite-fille.

La famille a été fort touchée par l’attitude chaleureuse des membres du personnel de Caritas. « Ce que nous avons vécu nous a donné de l’espoir. Nous sentons que nous ne sommes pas seuls. » La petite Lucia, elle, ne demande qu’une chose : la paix. « Je ne veux plus entendre de coups de feu », dit-elle. « Et je ne veux plus jamais quitter mes amis et amies. »

Une fuite à cheval

Rafik Sargsyan, 60 ans, a fui vers l’Arménie à cheval en emmenant Buyan (3 ans) avec lui. « Ce 19 septembre 2023 était un jour ordinaire. Je suis allé voir le bétail dans le pâturage. C’est alors que j’ai entendu le bruit des bombes. Il y a eu des tirs pendant deux jours d’affilée, puis on nous a dit de quitter notre village », raconte Rafik.

Au cours de sa vie, Rafik a déjà dû fuir quatre fois. Habitant aujourd’hui en Arménie, il ne peut plus se rendre sur les tombes de sa femme et de ses deux fils, morts pendant la guerre. Rafik a lui-même été blessé à la jambe, mais le plus douloureux pour lui est d’avoir dû dire dire adieu à sa terre natale.

À son arrivée à Kornidzor, en Arménie, Rafik a pu faire soigner sa jambe. Il y a aussi trouvé une nouvelle famille. Oleg, le plus jeune, l’appelle désormais « grand-père ». Rafik est très apprécié dans son nouvel environnement. « Le monde n’est pas foutu », affirme-t-il. « Il y a encore un peu d’humanité. » 

Aujourd’hui, Rafik aimerait plus que tout aider en retour la famille chez qui il a trouvé refuge avec le petit Buyan. Caritas Arménie a livré des vivres et des articles d’hygiène à Rafik. A l’avenir aussi, il pourra encore compter sur l’accompagnement d’une équipe Caritas dans la province de Syunik.

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