5 faits sur la migration et les femmes – Journée Internationale des Femmes

Caritas International Belgique 5 faits sur la migration et les femmes – Journée Internationale des Femmes

Canva - Une femme migrante sur trois est surqualifiée pour son poste contre moins d’un homme natif sur six. Pas de doute : il y a encore du chemin à faire en termes d'égalité !

Canva - Une femme migrante sur trois est surqualifiée pour son poste contre moins d’un homme natif sur six. Pas de doute : il y a encore du chemin à faire en termes d'égalité !

06/03/2020

Les femmes migrent-elles autant que les hommes  ? Et pour quelles raisons ? Quelle est leur place sur le marché de l’emploi en Belgique ? Autant de questions à aborder en ce 8 mars, Journée Internationale des Droits des Femmes. Pour vous : réponses à ces questions résumées en 5 faits sur la migration et les femmes.

Dans l’imaginaire collectif, l’immigration internationale est principalement composée d’hommes. Les statistiques démontrent toutefois une toute autre réalité. Près de la moitié des personnes immigrées – nées à l’étranger – en Belgique sont des femmes.[1][2][3]

FAIT 1 : Près de la moitié des personnes immigrées en Belgique sont des femmes. 

Une sous-estimation de la migration féminine ?

Cette fausse perception de la proportion de femmes dans la migration résulte de divers facteurs difficiles à distinguer les uns des autres. Une de ses raisons possibles ? Le fait que les personnes migrantes recrutées dans les industries minière et sidérurgique au lendemain de la Seconde Guerre mondiale étaient exclusivement des hommes.

Une autre ? Une proportion d’hommes légèrement plus importante dans la migration ces deux dernières décennies suite d’une part à l’adhésion à l’Union européenne (UE) de la Pologne, la Roumanie et la Bulgarie en 2004 et d’autre part à l’arrivée des demandeurs/euses de protection internationale en partie majoritairement masculins (72 % en 2015).[4] Cette surreprésentation d’hommes s’explique par le fait que beaucoup d’entre eux décident de prendre seuls la route vers l’Europe afin d’y demander l’asile. Dans un deuxième temps seulement, ils espèrent faire venir leur famille via un regroupement familial. Cela se confirme par les chiffres du regroupement familial, une voie d’entrée essentiellement féminine : 65% des décisions prises pour des demandes de visas pour regroupement familial concernent des femmes.[5]

FAIT 2 : Le regroupement familial est une voie d’entrée essentiellement féminine.   

L’histoire de Marwane, 49 ans, et de sa famille illustre cette réalité. Il a risqué sa vie pour fuir la Syrie et arriver en Europe dans l’espoir de pouvoir ensuite faire venir sa femme et ses deux fils. En 2018, son rêve est devenu réalité.

Pourquoi migrent-elles ?

Les causes de départ des femmes et des hommes varient elles aussi. Selon la raison d’octroi du premier permis de séjour, les femmes représentent 72 % des migrant-e-s arrivé-e-s en Belgique pour des raisons familiales, 50 % pour des raisons liées à l’éducation, et 34 % pour des raisons professionnelles.

Les causes de départ peuvent être spécifiques aux femmes qui sont en besoin d’une protection internationale. Citons notamment les violences faites aux femmes en cas de conflit armé – elles courent un risque systématiquement plus élevé – et les discriminations structurelles dont certaines sont victimes et qui peuvent amener à des situations de violence : mariages forcés, mutilations génitales, violences domestiques, etc. Dans le monde, une personne réfugiée sur deux (48 % en 2018) est une femme.[6]

FAIT 3 : Une personne réfugiée sur deux est une femme.  

>> CONSEILLÉ POUR VOUS : « Femme et réfugiée : les invisibilisées » 

Les femmes migrantes en emploi ?

Les résultats en matière d’emploi pour les personnes immigrées en Belgique figurent parmi les pires de l’UE. En effet, le taux d’emploi pour les 20-64 ans est de 53.9 %, contre 72 % pour les natifs.[7] Les femmes migrantes rencontrent un taux d’emploi encore plus faible que leurs homonymes masculins (14.9 % de différence) mais aussi des femmes nées en Belgique (15.1 % de différence). Le taux d’emploi est encore plus bas si l’on analyse uniquement les femmes migrant-e-s nées en dehors de l’UE.

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FAIT 4 : Les femmes migrantes rencontrent un taux d’emploi plus faible que leurs homonymes masculins.  

Différentes raisons peuvent expliquer ce taux d’emploi plus faible par rapport aux hommes migrantes. Comme c’est le cas pour les ménages en général, la non-participation au marché du travail peut être le résultat de choix familiaux privés, mais aussi d’aspects pragmatiques. Il est parfois financièrement plus intéressant pour les femmes de rester à la maison en raison des coûts élevés de garde des enfants et de leurs salaires généralement plus bas. Des différences en matière d’éducation peuvent expliquer ces écarts de salaire et d’emploi mais ils sont insuffisants. En effet,  une femme migrante sur trois (33.8 %) est surqualifiée pour son poste contre un homme migrant sur quatre (28.6 %).[8] Dans le cas des personnes nées en Belgique, une femme sur quatre est surqualifiée (21.3 %) contre un homme sur six (17.9 %).

FAIT 5  : une femme née à l’étranger sur trois est surqualifiée pour son poste. 

Ces faibles résultats en matière d’emploi et de surqualifications des femmes sont le résultat de leur triple casquette : migrante, femme … et femme migrante. Comme leurs homonymes masculins, les femmes migrantes rencontrent des difficultés au niveau administratif (reconnaissance des diplômes et des compétences, etc.), d’acquisition de la langue mais aussi de discrimination. À cela s’ajoute les obstacles souvent spécifiques aux femmes –  garde des enfants, inégalité de genre, etc. – et les obstacles spécifiques aux femmes migrantes – comme par exemple les stéréotypes.

>> À LIRE AUSSI : Chapitre 3 du rapport  « Penser une maison commune : migration et développement en Belgique »

Elle partage son expérience...

Pour conclure, donnons la parole à Ruchika, originaire d’Inde. Elle a déménagé en Belgique il y a de cela cinq ans :

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Cet article est écrit dans le cadre du projet MIND qui reçoit le soutien financier du programme de l’Union européenne pour la sensibilisation et l’éducation au développement (DEAR). Ce contenu relève de la responsabilité de Caritas International, et ne reflète pas nécessairement la position de l’Union européenne. 

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[1]

Statbel – Direction générale Statistique. Calculs d’Abdeslam Marfouk.

[2]

La proportion de migrant varie peu d’une région d’origine à l’autre. En 2017, les femmes représentaient 56 % des migrant-e-s venant d’Amérique, 52 % d’Europe, 49 % d’Asie, 49 % d’Afrique et 48 % d’Océanie. Source : Statbel – Direction générale Statistique. Calculs d’Abdeslam Marfouk.

[3]

Une analyse pays par pays montre certaines variations plus prononcées. La migration de Russie, du Canada et de Guinée est par exemple majoritairement féminine – les femmes représentaient respectivement 63%, 60% et 59 % de la migration en 2015. A contrario, la migration d’Erythrée et de Roumanie est majoritairement masculine (respectivement 85 % et 65 % des migrants). Source : Myria, « La migration a-t-elle un genre ?« , décembre 2016, consulté le 3 mars 2020.

[4]

Myria, « La migration a-t-elle un genre ?« , décembre 2016, consulté le 3 mars 2020.

[5]

SPF Affaires étrangères dans Myria, « La migration a-t-elle un genre ? » , décembre 2016, consulté le 3 mars 2020.

[6]

UNHCR, « Global Trends. Forced Displacement in 2018 », 2017, consulté le 6 mars 2020.

[7]

Eurostat. Chiffres de 2018.

[8]

OCDE/UE, « Indicators of Immigrant Integration« , juillet 2015. Données de 2012-13.

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