« Pour notre équipe d’enseignants, chaque enfant a des talents », explique Doha Makhoul El Hawa, coordinatrice de l’école à Fghal (dans le district de Jbeil), soit l’un des quatre centres spécialisés que Caritas a mis en place au Liban. Son école accueille des enfants avec un handicap mental. Lorsqu’elle passe dans les couloirs, il n’y a aucun doute : Doha connait chaque élève et s’arrête pour discuter avec nombreux d’entre eux. « Ils sont très attachés à leur école. », explique-t-elle.
Quatre écoles pour des besoins différents
« Dans chaque centre, ce sont les enfants qui nous donnent l’énergie pour continuer », dit Lena Haddad, responsable du programme appelé Special Needs Education. « Ce sont des centres spécialisés pour enfants avec des besoins spéciaux. Nous les nommons ainsi parce que, pour nous, ils ne sont pas différents, ils ont juste d’autres capacités. Ce sont des citoyens qui, comme nous, ont des droits et devoirs. »
Le centre de Fghal se focalise sur les enfants, jeunes et jeunes adultes avec un handicap mental. Les autres centres, eux, sont spécialisés, par exemple, dans les problèmes d’audition et de surdité ou s’occupent d’enfants qui ont des difficultés d’apprentissage. Là, l’objectif est, au final, de les ramener dans l’enseignement classique. Certains s’orientent vers les écoles techniques, d’autres vont à l’université.
350 élèves issus de familles vulnérables
L’école à Fghal accueille les enfants âgés de 4 à 30 ans, avec un handicap mental, comme le syndrome de down, mais aussi atteint d’épilepsie. L’un d’eux est Selim. « Le leader de sa classe », comme le décrit Doha. Son père aussi est connu dans l’école. Chaque jour, il prends d’autres enfants avec lui dans sa voiture. « Tous les élèves habitent dans les environs », raconte Doha. « Avant, il n’y avait pas d’école comme celle-ci dans la région. »
©Isabel Corthier – Doha Makhoul El Hawa, coordinatrice de l’école à Fghal
Les compétences et talents des enfants diffèrent, ainsi que leur origine : « Nous accueillons des enfants libanais, syriens, des chrétiens ou des musulmans… L’origine ne compte pas. Nous nous focalisons sur les vulnérabilités de ces élèves », ajoute Doha.
Les quatre centres comptent aujourd’hui plus de 350 élèves, souvent issus de familles pauvres. Au total, 100 personnes y travaillent : thérapeutes, enseignants spécialisés, mais aussi, par exemple, des coiffeurs ou potiers qui apprennent leurs métiers aux enfants.
Inclure les parents d’élèves
« Nous travaillons aussi beaucoup avec les parents afin de les aider à comprendre comment se comporter avec leur enfants et les soutenir à l’accepter, comme il est », continue Lena. « Pour eux, l’enfant est différent, pas pour nous. Nous tentons de les aider à entourer et à encourager leur enfant. Parfois, nous leurs apprenons aussi à aimer l’enfant. »
©Isabel Corthier – Lena Haddad, responsable du programme Special Needs Education
« Souvent, les parents sont perdus. Caritas les aide. On ne peut pas refuser de les aider juste parce qu’ils n’ont pas les moyens de payer !?! », continue Lena, plus enthousiaste que jamais. « C’est une mission. C’est notre vie. Les jeunes qui ont quittés l’école aussi reviennent régulièrement nous voir, comme au sein d’une famille. Les parents aussi, parfois même, des années plus tard. Personne ne quitte définitivement le centre, on reste en contact. Pour ces parents, Caritas est souvent leur unique soutien. C’est notre grande famille. »