Gaza : Au bord du précipice, mais jusqu’à quand ?

Caritas International Belgique Gaza : Au bord du précipice, mais jusqu’à quand ?

© Catholic Relief Services

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08/04/2024

La population de Gaza est plongée dans les abysses après six mois d’hostilités dévastatrices. Caritas International Belgique a alloué 100.000 euros en soutien aux actions d’urgence de Caritas Jérusalem, son partenaire de longue date. Au-delà, le réseau Caritas continue à plaider pour un cessez-le-feu immédiat et le respect du droit international humanitaire.

Une situation humanitaire catastrophique et inédite

Ne disposant plus d’aucun espace sûr, Gaza est devenu l’un des endroits les plus dangereux au monde pour les personnes civiles. Le 26 janvier 2024, la Cour internationale de justice a ainsi exprimé ses craintes qu’un génocide se déroule actuellement à Gaza1.

Conséquence directe des opérations militaires d’Israël depuis les attaques brutales du Hamas le 7 octobre 2023, plus de 33.000 personnes ont été tuées (dont deux tiers de femmes et d’enfants) et 1,7 million de personnes ont été déplacées de force (plus des trois-quarts de la population) à Gaza2. Des familles entières ont été radiées du registre de population. Le bilan psychologique et le traumatisme collectif seront ressentis pendant plusieurs générations.

Les bombardements israéliens, alliés aux blocages humanitaires, ont détruit les infrastructures vitales et ont entraîné des niveaux alarmants de famine à Gaza. On estime à plus de 60 % la part des habitations qui ont été endommagées ou détruites. Seuls 12 des 36 hôpitaux et 24 % des centres de soins de santé primaires fonctionnent partiellement3. La majorité des habitant-e-s de Gaza n’a pas accès à l’eau potable et plus d’un million de personnes sont exposées à un risque imminent de famine si aucune mesure immédiate n’est prise pour fournir une aide humanitaire suffisante4.

Les menaces d’une offensive terrestre d’Israël à Rafah, à la frontière égyptienne, restent alarmantes. Cette zone accueille plus de 1,4 million de personnes, dans un espace où vivaient 200.000 personnes avant le conflit. Le risque croissant de déplacements massifs vers l’Égypte – déjà en cours à moindre échelle – rappelle encore une fois la nécessité que ces populations soient protégées et que leurs droits soient respectés, dont le droit de retourner chez elles à Gaza quand ce sera possible.

Les équipes Caritas poursuivent leur travail dans l’enfer de Gaza

Le réseau Caritas appuie encore et toujours les populations civiles prises au piège dans l’enfer de Gaza. Caritas International Belgique a alloué 100.000 euros pour soutenir la réponse d’urgence de Caritas Jérusalem, ancrée à Gaza depuis des décennies.

Tout comme les populations civiles et les autres acteurs humanitaires, les équipes de Caritas sont exposées à des risques mortels – étant elles-mêmes ciblées, déplacées ou confrontées à des restrictions de mouvement croissantes – et à l’effondrement de l’ordre civil5.

Au milieu des ruines du Nord de Gaza, une clinique temporaire a été déployée par Caritas au sein de l’Eglise Latine depuis février 2024. Une équipe de 25 docteurs, infirmier-ère-s et logisticien-ne-s habite dans ce complexe et délivre des services médicaux aux centaines de personnes qui s’y réfugient, ainsi qu’aux communautés avoisinantes. Au Sud de Gaza, 8 cliniques mobiles de Caritas apportent des soins primaires et psychosociaux aux populations déplacées à Rafah.

La flambée des prix et la faible disponibilité des produits essentiels – occasionnées par les restrictions imposées par le blocus et l’insécurité généralisée – ont créé une grave détresse économique pour les populations de Gaza. En complément à son expertise médicale, le réseau Caritas continue également de développer une réponse de « cash humanitaire » qui permet aux populations affectées de se procurer des biens et des services qui restent difficilement accessibles. Ces distributions de monnaie par Caritas et d’autres acteurs servent notamment à se procurer de la nourriture (80 %), suivie par des médicaments (39 %), de l’eau (23 %), des produits d’hygiène (10 %) et des transports6.

Caritas cible en particulier les personnes en situation de handicap ou âgées, les femmes et les jeunes filles, qui sont confrontées à des risques de protection plus élevés.

Renforcer et protéger les acteurs humanitaires sur place

Tout comme le reste de la communauté humanitaire, nos partenaires soulignent qu’un cessez-le-feu immédiat et un réel accès humanitaire restent les seules solutions pour assurer la protection de leurs équipes et empêcher que des centaines de milliers de personnes ne périssent.

L’acheminement de l’aide à Gaza est entravé par le blocus disproportionné imposé par Israël, mis en place depuis 16 ans et renforcé en octobre 2023. Le réseau Caritas s’efforce de plaider pour que l’aide humanitaire à grande échelle soit immédiatement autorisée à entrer par des voies d’approvisionnement supplémentaires et sûres, dont notamment les points de passage terrestres.

Acteur incontournable pour coordonner cette effort humanitaire colossal à fournir de toute urgence, le financement adapté de l’UNRWA doit aussi être une priorité7. Face à la suspension de ces fonds par de multiples pays donateurs, la Belgique peut faire la différence en versant au plus vite le budget annuel prévu, voire en augmentant sa contribution à cette agence onusienne. En parallèle, les réponses d’autres acteurs humanitaires locaux et internationaux présents gagneraient également à être soutenues de manière flexible, adéquate et dans la durée8.

Mobiliser les leviers politiques nécessaires

Dans le contexte de la crise inédite vécue à Gaza, le droit international humanitaire souligne la responsabilité des « États tiers » (c’est-à-dire la communauté internationale) pour mettre fin aux violations par les parties au conflit : qu’elles soient liées aux attaques contre les civil-e-s, aux blocages humanitaires, ou à la libération des otages et personnes détenues arbitrairement.

Caritas International appelle la Belgique à user de tous ses moyens politiques, diplomatiques, juridiques et économiques afin d’assurer le respect du droit international à Gaza et dans le reste des territoires palestiniens occupés. La mise en place d’un embargo sur les armes à destination et en provenance d’Israël et de Gaza, ainsi que la fin du commerce avec les colonies israéliennes en Cisjordanie, représentent ici deux leviers concrets.



1

C’est-à-dire par des actes (tels que des meurtres, l’atteinte à l’intégrité physique / mentale ou la destruction d’infrastructures vitales) qui sont commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux.

2

Vu le manque criant d’accès et de capacités de secours, les autorités considéraient en novembre 2023 qu’environ 7.000 personnes additionnelles étaient encore disparues à Gaza.

5

Par exemple, voir le communiqué du Patriarcat Latin à Jérusalem suite aux attaques sur un convoi humanitaire en février 2024.

7

L’UNRWA, ou « l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient », fournit une grande partie des services de base à Gaza, dont les soins de santé, l’éducation ou les services sociaux.

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