Sandrine, Dieudonné et Claudine construisent un avenir meilleur au Burundi après avoir affronté de nombreuses épreuves

Caritas International Belgique Sandrine, Dieudonné et Claudine construisent un avenir meilleur au Burundi après avoir affronté de nombreuses épreuves

ProHumA accompagne des personnes et des familles vulnérables au Burundi. - © Caritas International

ProHumA accompagne des personnes et des familles vulnérables au Burundi. - © Caritas International

01/06/2023

Sandrine, Dieudonné et Claudine habitent la province de Bujumbura Rural au Burundi, un pays d’Afrique centrale. Ces trois jeunes gens se battent pour un avenir meilleur et plus digne après avoir surmonté de nombreuses épreuves. Grâce au soutien du programme humanitaire ProHumA – protection humanitaire au cœur de l’action – elles et il ont pu donner un nouveau sens à leur vie et dégager de meilleures perspectives. C’est avec plaisir que nous leur donnons la parole.

L’instabilité politique du Burundi, la violence ainsi que les problèmes sociaux et économiques du pays ont contraint de nombreuses personnes à fuir leur région ou à séjourner dans un pays voisin. Après un temps, certains ont pu revenir dans leur région et peuvent, sous certaines conditions, être soutenus par le projet « ProHuma ».

Ce projet met principalement l’accent sur la protection des enfants et des personnes victimes de violences basées sur le genre, sur le besoin d’une justice plus accessible ainsi que sur la réinsertion socio-économique des individus. De nombreuses familles déplacées ou rapatriées dépendent des rations alimentaires ou d’un soutien financier pour survivre.

 

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Sandrine : « Je peux maintenant parler librement et avoir confiance en moi. Je peux voir que j’ai une valeur signifiante pour ma famille et ma communauté. » – © Caritas International

Sandrine, en fuite après les inondations 

Sandrine Irakoze, 19 ans, est issue d’une famille de cinq filles. Sa tragique histoire a commencé en 2018 avec le décès de son père. Sans les revenus de celui-ci, il est devenu très difficile pour la famille de subvenir à ses besoins. Sandrine a alors voulu quitter l’école mais sa mère ne voulait pas en entendre parler. C’est seulement en 2020, suite aux inondations, qu’elle a mis un terme forcé à ses études. L’ampleur de la catastrophe était telle que la famille a dû déménager et vivre pendant 6 mois avec d’autres personnes déplacées.

La mère de Sandrine s’est ensuite remariée. « C’est de cette manière que j’ai eu des demi-frères. L’un d’eux m’a forcée à avoir des relations sexuelles avec lui. J’ai été violée. Je suis tombée enceinte. Ma mère ne croyait pas que j’étais innocente. La famille a commencé à me menacer et j’ai alors décidé de quitter la maison. Mon oncle a refusé de me recevoir. Pendant un moment, j’ai dormi à même le sol dans une maison inachevée. A un moment, j’ai raconté mon histoire à une femme qui m’a vue mendier dans la rue avec mon gros ventre. Elle a eu pitié de moi et m’a emmenée chez elle. Malheureusement, elle est décédée après quelques mois. Ma propre mère a également perdu la vie dans un accident de la circulation. J’ai alors enlevé mes sœurs à mon beau-père, ce qui m’a beaucoup soulagée. »

Entre-temps, Sandrine à monté une activité dans les services bancaires mobiles. Elle a ensuite contacté ODDBU-Caritas Bujumbura, le partenaire local de Caritas International, et a été sélectionnée pour bénéficier du soutien du projet ProHumA.

Groupe d'épargne et de crédit   

« Grâce à ProHumA, j’ai énormément pu avancer », explique Sandrine. « J’ai reçu un coaching et j’ai intégré un groupe d’épargne et de crédit. Un psychologue de l’ODDBU m’a donné beaucoup de bons conseils. Je peux maintenant parler librement et avoir confiance en moi. Je peux voir que j’ai une valeur signifiante pour ma famille et ma communauté. Aujourd’hui, je vends même des tissus pour décorer les maisons. »

Sandrine espère être encore beaucoup plus loin dans dix ans. « Mon enfant pourra alors aller à l’école », espère-t-elle. « Je suis maintenant à la recherche d’un endroit approprié pour ouvrir une épicerie. Nous vivons toujours sobrement mais avons confiance en l’avenir.

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Dieudonné est ravi, il a désormais son propre atelier de confection. – © Caritas International

Jeté à la poubelle 

Dieudonné Nsengiyumva (22 ans) n’a jamais connu ses parents. Sa mère l’a jeté dans une poubelle après sa naissance et a disparu sans laisser de trace. Il a été élevé par un couple sans enfant. A 15 ans, Dieudonné vendait des brochettes de viande à la frontière avec la RD Congo. Ce job lui a permis d’aider ses parents adoptifs vieillissants.

Mais en 2015, les choses ont mal tourné. De jeunes partisans des dirigeants burundais de l’époque ont interpellé Dieudonné et ses amis, les soupçonnant de sympathiser avec l’opposition. Au printemps 2016, les tensions politiques sont devenues incontrôlables. Dieudonné s’est alors caché chez un voisin avant de s’enfuir au Congo où il avait des connaissances. Il a toutefois vécu pendant 3 ans dans un camp de réfugiés. « C’était insoutenable », dit-il. « Des habitants du camp, surtout les enfants, sont morts de faim. J’ai été obligé de rejoindre une bande de bandits pour survivre. »

Lorsque la situation au Burundi s’est calmée, Dieudonné a souhaité quitter le banditisme et rentrer chez lui. Il s’est inscrit auprès du HCR, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, afin d’être rapatrié. Le jeune homme a été bien accueilli dans son pays natal. Il n’y était plus harcelé. De plus, il a pu mettre à profit le fait qu’il avait appris à confectionner des vêtements pendant ses années au Congo : « J’ai parfois envisagé de retourner au Congo car la vie était également difficile au Burundi. Mais au bout de quatre ou cinq mois, j’ai trouvé un emploi dans un atelier de tailleur. Et j’y ai travaillé jusqu’en novembre 2022. »

Son propre atelier ! 

Depuis janvier 2023, Dieudonné a son propre atelier grâce au soutien de ProHumA. « J’ai rejoint un groupe d’épargne et de crédit. Avec le crédit octroyé par ce programme et un soutien financier, j’ai acheté une machine à coudre et loué l’endroit où je vis maintenant. J’ai donc mon propre atelier ! »

« Dans dix ans, mon entreprise tournera beaucoup mieux », Dieudonné en est convaincu. « Je vivrai alors ma propre vie et j’aurai un revenu stable. J’aurai aussi ma propre famille. Je rêve également d’ouvrir une boutique de vêtements. »

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Claudine : « Je peux maintenant obtenir un crédit sans problème ». – © Caritas International

Enceinte et mise à la porte 

Claudine Habonimana est une jeune femme de 20 ans. A 14 ans, elle est tombée enceinte de Vincent, un garçon de 17 ans. Ses parents l’ont alors mise à la porte et elle n’était également pas la bienvenue chez sa « belle-famille ». Malgré ces difficultés, Claudine était déterminée à mettre son bébé au monde.

« Vincent et moi avons emménagé ensemble et il a rapidement construit une maison modeste. Nous travaillions dans les champs des voisins pour gagner un peu d’argent. Un peu plus tard, nous avons accueilli un second enfant. Nous avons alors commencé à vendre des fruits et légumes. Mon mari a également construit une autre maison, plus loin de sa famille. »

Peu avant de donner naissance à son troisième enfant, le mari de Claudine a eu un accident mortel. Elle s’est donc soudainement retrouvée seule. « Ma belle-famille a commencé à me menacer. Ils voulaient m’expulser de chez moi. Finalement je me suis retrouvée à la rue, dans des conditions misérables. Le tribunal n’a rien pu faire pour moi parce que je n’ai jamais été officiellement mariée à mon mari. »

Le troisième enfant de Claudine n’a malheureusement pas vécu longtemps. Pendant quatre ans, elle s’est battue pour survivre avec ses deux autres enfants : « J’ai dû mendier pour avoir de la nourriture. À un moment donné, j’ai dû abandonner mes enfants afin de gagner ma vie en tant que prostituée. Une vie terrible durant laquelle j’ai contracté le VIH. »

Claudine avait perdu tout espoir d’avenir et craignait de mourir. Elle a néanmoins trouvé la force de changer de cap et de tourner le dos à la prostitution. Elle est retournée travailler dans les champs et a vendu des denrées alimentaires.

Commerce alimentaire 

Claudine a pu obtenir de nouvelles perspectives grâce à ProHuma. « Grâce à ProHumA, j’ai appris à épargner », dit-elle. « Je peux maintenant obtenir un crédit sans aucun problème. J’ai déjà reçu plusieurs fois des crédits pour développer mon activité alimentaire. Un employé d’ODDBU m’a donné beaucoup de conseils et m’a encouragée. J’ai à nouveau confiance dans la vie et j’ai récemment emménagé dans une nouvelle maison. »

La santé de Claudine reste toutefois fragile. Elle doit constamment lutter pour maintenir son état de santé. « Dans les années à venir, je veux continuer à travailler et à m’investir dans les études de mes enfants », conclut-elle.

 


Avec le soutien de la Coopération belge au développement – DGD

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