Le conflit en Syrie dure depuis plus de trois ans déjà. Plus de 2,8 millions de Syriens ont fui vers les pays voisins et on estime que plus de 9 millions de Syriens ont besoin d’aide humanitaire. Depuis le début du conflit, les 28 États membres de l’Union européenne, ainsi que la Norvège et la Suisse, n’ont enregistré ensemble que 81.000 demandes d’asile de Syriens. Soit 3% seulement des Syriens en exil. La Belgique a pour sa part enregistré 2579 demandes d’asile de Syriens. Les voies légales pour atteindre l’Europe de manière sûre sont quasi inexistantes. La plupart des réfugiés syriens s’en remettent donc aux trafiquants d’êtres humains et tentent, au péril de leur vie, une traversée par la mer.
Un regroupement familial trop souvent impossible
La guerre a séparé la plupart des Syriens qui se trouvent aujourd’hui en Belgique de leurs familles. Les membres de leurs familles qui sont restés sur place se trouvent souvent dans des situations très difficiles, que ce soit en Syrie ou dans les régions avoisinantes. Ils doivent survivre dans des camps de réfugiés ou dans les quartiers délaissés de certaines villes. Ceux qui sont ici aimeraient les savoir en sécurité et les avoir à leurs côtés. Mais la procédure officielle de regroupement familial est très chère et les conditions financières qui y sont liées sont très lourdes. Les critères sont aussi très stricts : frères et sœurs, grands-parents et enfants ayant atteint l’âge adulte ne sont pas pris en considération. Il ne leur reste alors souvent, comme alternative, que la dangereuse traversée par la mer.
Pour cette raison et afin de demander aux politiciens belges de ne pas les oublier lors des discussions en vue de la formation d’un nouveau gouvernement, les Syriens et leurs sympathisants organisent un rassemblement silencieux aujourd’hui à 12h30 sur la place de la Monnaie à Bruxelles.
Que peut faire la Belgique?
Une crise d’une telle ampleur requiert que des mesures exceptionnelles soient prises. Ensemble, nous demandons que la Belgique offre aux réfugiés syriens une manière sûre de venir chercher protection. Notre pays devrait au minimum faire un réel effort pour les Syriens qui ont de la famille en Belgique.
La Belgique peut par exemple délivrer des visas humanitaires aux Syriens qui ont des liens (familiaux) avec la Belgique et qui ne sont pas pris en considération pour le regroupement familial.
Notre pays peut également inviter des membres de la famille de Syriens via un programme d’admission humanitaire. Dans ce cas, notre pays se charge non seulement de l’octroi du visa, mais aussi du voyage jusqu’ici. Cela permet d’offrir une solution aux réfugiés les plus vulnérables et de se montrer solidaire avec les pays voisins de la Syrie. C’est d’ailleurs ce que demande l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) depuis bientôt 2 ans. L’Allemagne a déjà annoncé qu’elle inviterait quelque 20.000 Syriens via ce type de programme.
« Celles et ceux qui négocient la formation du futur gouvernement fédéral risquent d’oublier que des drames humains se jouent aux frontières de l’Europe. La Belgique peut et doit faire plus. Les négociations gouvernementales sont le moment idéal pour prendre cet engagement. Notre pays peut suivre l’exemple allemand et, dans les mêmes proportions, offrir sa sécurité à 2600 réfugiés syriens. C’est loin d’être infaisable. Un petit pays instable comme le Liban, qui ne compte que quatre millions d’habitants, accueille aujourd’hui un million de réfugiés syriens. Il est temps de nous montrer solidaires », affirment les organisations à l’origine du rassemblement.
Cette action est organisée par des réfugiés syriens avec le soutien de 11.11.11, Amnesty International, Broederlijk Delen, Caritas International, CIRÉ, CNCD-11.11.11, Comité belge d’aide aux réfugiés, Médecins du Monde, Oxfam Solidarité, Pax Christi et Vluchtelingenwerk Vlaanderen.