Alors qu’aujourd’hui 82,4 millions de personnes dans le monde ont été déplacées de force de leur pays d’origine[1], Caritas redoute que le droit à la protection internationale en Europe ne soit menacé. Alors que l’Europe est le berceau de ce droit à la protection internationale, créé pour les millions d’Européen-ne-s réfugié-e-s et déplacé-e-s suite à la Grande Guerre dévastatrice.
En effet, les pays européens ferment de plus en plus l’accès à leur territoire, notamment par le biais de refoulements illégaux et de violences physiques contre les personnes en quête de protection et d’une vie meilleure en Europe.
L’Europe forteresse, le cas de la Bosnie-Herzégovine
Cela se produit, par exemple, sur la « Route des Balkans ». Pendant des années, les personnes migrantes et réfugiées ont été victimes de conditions de vie épouvantables et de violations des droits Humains. Le documentaire “The Game: Fortress of Europe”[2], réalisé par le service public slovène avec le soutien de Caritas Slovénie, met en lumière cette réalité oubliée.
Le documentaire présente des témoignages choquants et déchirants de personnes, y compris de familles et d’enfants, qui sont à plusieurs reprises violemment repoussées par la police croate et les troupes frontalières entre la Croatie et la Bosnie-Herzégovine, à la frontière extérieure de l’Union européenne.
La violence et l’humiliation sont des méthodes devenues courantes pour empêcher les gens de traverser les frontières : déshabillage, abandon en forêt, passage à tabac et torture, attaques avec des chiens, destruction et vol d’objets personnels tels que téléphones portables et argent. Des milliers de personnes migrantes désespérées dorment dans des bâtiments abandonnés, dans les bois ou dans les rues de Bosnie-Herzégovine. Avec les risques que font courir les engins explosifs encore dormant – vestiges du conflit des années 1990 encore présents dans de nombreux endroits.
Solidarité européenne
« La Bosnie-Herzégovine fait de son mieux pour accueillir les personnes migrantes. Après tout, nous ne savons que trop bien ce que c’est que de fuir une guerre », déclare Tomo Knežević, directeur de Caritas Bosnie-Herzégovine. « Caritas apporte de la nourriture, des vêtements et propose divers services et soutiens afin que les réfugiés puissent conserver leur dignité et répondre à leurs besoins fondamentaux. Mais beaucoup nous manque encore. Il nous manque surtout la solidarité de nos voisins européens. »
La route des Balkans n’est malheureusement pas un cas isolé. Chaque jour, des personnes – y compris des tout-petits et des bébés – meurent en essayant d’atteindre l’Europe. Il semble que personne ne s’en soucie. Plus de 800 personnes se sont déjà noyées dans la mer Méditerranée depuis le début de cette année. Plus de 10.000 personnes ont été interceptées et renvoyées en Libye, où un terrible sort les attend[3]. Les preuves s’accumulent[4], et pourtant les pays européens continuent de collaborer avec la Libye pour empêcher davantage de personnes de franchir leurs frontières.
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La mondialisation de l'indifférence
« Comme le souligne à juste titre le pape François, la mondialisation de l’indifférence doit cesser. Les pays européens doivent respecter les droits et la dignité des personnes en exil. Nous avons besoin d’actions concrètes, pas de simples intentions. Ce n’est qu’alors que nous pourrons mettre fin aux refoulements et à la violence. Et ainsi seulement nous pourrons respecter et défendre la Convention de 1951 et les valeurs sur lesquelles l’UE est fondée »[3], explique Maria Nyman, secrétaire générale de Caritas Europa.
À peine 15 %
La solidarité mondiale avec les réfugié-e-s et les pays qui les accueillent est désespérément nécessaire. Les pays du Nord n’accueillent que 15 % des réfugié-e-s dans le monde. Bien qu’ils aient la capacité d’être plus hospitaliers, ces pays tentent de transférer leurs droits d’asile vers des pays tiers. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a identifié 1,4 million de personnes réfugiées comme particulièrement vulnérables. Elles ont besoin d’être réinstallées, mais seules 22.8000 d’entre elles ont effectivement été réinstallées en 2020.[1]
Il est temps que l’Europe se réveille et travaille plus et mieux sur la réinstallation et d’autres processus d’admission.
Enrichissement
Avec Caritas Europa, Caritas International demande une politique qui facilite la mobilité humaine, de manière sûre et organisée. Parce que nous savons que la migration apporte une contribution positive au développement socio-économique européen et aux besoins démographiques. La migration est source de richesses pour notre société européenne. Le passé le démontre.
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En cette Journée mondiale des réfugiés, Caritas exhorte les décideurs/euses européen-ne-s à se questionner sur leur indifférence. Parce qu’ils et elles plongent les gens qui tentent d’atteindre l’Europe dans un “jeu” mortel.
Nous demandons aux décideurs/eurse politiques une approche plus axée sur les personnes, en mettant l’accent sur les valeurs et les obligations légales de l’UE : protéger, autonomiser, accueillir et intégrer les personnes en exil.