En pratique : le retour volontaire en Géorgie et en Arménie

Caritas International Belgique En pratique : le retour volontaire en Géorgie et en Arménie
28/11/2018

Thomas Goedgezelschap est conseiller en réintégration. Fraîchement revenu d’une visite aux personnes retournées avec le soutien de Caritas International et ses partenaires en Arménie et en Géorgie, il partage avec nous ses impressions.

Pourquoi aller en Arménie et en Géorgie ?

Caritas International Belgique En pratique : le retour volontaire en Géorgie et en Arménie

Thomas Goedgezelschap : Quand une personne décide de rentrer dans son pays après avoir habité en Belgique, nous préparons avec elle ce retour et discutons des possibilités dans le pays d’origine. Nous leur prêtons une oreille attentive et les soutenons dans la construction de ce nouveau chapitre de leur vie. Notre accompagnement ne s’arrête pas à la frontière belge : nous veillons aussi à leur réintégration. Lors de cette visite en Arménie et en Géorgie, nous avons pu revoir certain-e-s et discuter de leur situation actuelle. Ça nous permet aussi de constater ce qui a été fait avec le budget de réintégration reçu de la Belgique et ainsi d’évaluer les forces et les faiblesses de ce programme.

Quel est le profil des personnes qui retournent en Arménie et en Géorgie ?

Thomas : Les profils des candidat-e-s au retour sont très divers. La plupart des personnes d’origine arméniennes concernées sont en Belgique depuis longtemps. Cela peut aller d’un an et demi à 10 ans. Les Géorgiens, quant à eux, sont généralement restés un peu moins longtemps et n’ont souvent pas réussi à obtenir des papiers en Belgique. Face à ce constat, ils ont deux options : choisir de rester en Belgique mais sans permis de séjour ou rentrer dans leur pays d’origine pour construire quelque chose de nouveau.

Il est à noter que de nombreuses personnes ont décidé de rentrer en Arménie après la révolution de Velours[1] de cette année. Vous voyez qu’après des décennies de misère, l’espoir renait et cela joue un grand rôle dans l’esprit des gens. Ils y voient des promesses d’un avenir plus prometteur. Avec la prudence qui s’impose, l’avenir nous dira si ce changement a des effets positifs durables…

Vous avez rendu visite à un certain nombre de personnes là-bas. Depuis combien de temps sont-elles revenues ?

Thomas : Nous rendons visite aux personnes qui viennent de rentrer ainsi qu’à celles qui sont revenues il y a des années. Lorsque les personnes sont à peine de retour, elles sont principalement occupées par des questions pratiques : trouver une maison est très important, les enfants qui ont grandi en Belgique doivent apprendre la langue,… Il y a également beaucoup de formalités administratives : obtenir un passeport, faire la demande de pension pour les personnes âgées,…

Vous devez d’abord retrouver une certaine stabilité et un réseau social. Ce sont deux éléments clés à la réintégration ! La plupart ont encore un réseau social même s’ils sont restés longtemps en Belgique. En Arménie, par exemple, les liens familiaux sont extrêmement forts et vont beaucoup plus loin qu’ici. Si vous avez un petit-neveu éloigné, vous pouvez toujours frapper à sa porte pour y rester quelques nuits.

Ce n’est qu’après un long moment qu’il est possible de voir si le retour est vraiment une réussite. Avec le budget de réintégration, les gens mettent en place leur propre projet. Ce n’est pas réaliste d’évaluer cela juste après le retour.

Quel genre de projets construisent-elles ?

Thomas : Cela varie énormément. Celles et ceux qui ont une formation technique et qui disposent du matériel nécessaire peuvent immédiatement commencer à travailler, par exemple en tant que menuisier-e ou plombier-e.

En outre, il existe également des personnes qui investissent dans une activité relativement peu coûteuse et qui leur rapporte rapidement de l’argent, comme l’achat d’une voiture pour devenir chauffeur-se de taxi. Ce n’est pas toujours leur objectif ultime, mais ça peut constituer une solution provisoire pour gagner de l’argent et ensuite l’investir ailleurs. Beaucoup de femmes mettent leur argent dans un salon esthétique ou de coiffure et trouvent ainsi du travail plus rapidement.

Les habitant-e-s des zones rurales, eux, se concentrent principalement sur l’agriculture, un investissement sûr. Ils peuvent ainsi produire eux-mêmes de la nourriture pour leur famille et, avec un peu de chance, en vendre une partie.

Comment se passe la coopération avec les partenaires ?

Thomas : Nos partenaires locaux rendent visite aux personnes soutenues par Caritas et ce, à plusieurs reprises. Ça permet de nouer des liens et de suivre la réintégration. Même après plusieurs années, il y a encore des personnes qui continuent d’appeler de temps en temps pour nous dire comment ils vont. L’accompagnement personnel et dans la durée par des collègues locaux est vraiment une force de Caritas Arménie & Géorgie.



[1]

D’avril à mai, des citoyens se sont rassemblés pacifiquement dans les rues pour protester contre le troisième mandat du Premier ministre, puis contre le gouvernement contrôlé par le parti républicain. Finalement, un nouveau Premier ministre a été élu.

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