Trois questions à Rita Rhayem, directrice Caritas Liban

Caritas International Belgique Trois questions à Rita Rhayem, directrice Caritas Liban

Isabel Corthier - Rita Rhayem

Isabel Corthier - Rita Rhayem

09/09/2016

« La guerre, nous, Libanais, nous savons ce que c’est. C’est pourquoi nous accueillons les Syriens à bras ouverts »

Dans quelle situation se trouve actuellement le Liban?

Rita Rhayem : Le Liban est un tout petit pays. Avec sa superficie de 10.452 km², il est trois fois plus petit que la Belgique. Sa population aussi est très diverse. Qu’il s’agisse d’origine ou de religion, nous comptons beaucoup de cultures. Au Liban vivent des chiites, sunnites, orthodoxes, chrétiens maronites, catholiques et d’autres minorités comme les druzes. Outre les 4,5 millions de Libanais, on dénombre près de 2 millions de migrants : des travailleurs migrants (400.000 personnes) mais surtout des réfugiés syriens (1.500.000 personnes), palestiniens (500.000 personnes) et irakiens (200.000 personnes). La crise a, certes, déstabilisé toute la région mais un pays aussi petit que le Liban, l’impact est encore plus grand.

Comment le Liban réagit-il face à cet afflux de réfugiés syriens?

Rita : La guerre, nous n’en pouvons plus. Mais ce n’est pas pour autant que nous blâmons les réfugiés en quête de protection. Il y a des familles  libanaises qui vivent sous le seuil de pauvreté et qui poutant partagent le peu qu’elles ont avec des réfugiés. Nos infrastructures ne sont pas adaptées à un tel afflux de réfugiés mais les Libanais savent ce que signifie la guerre.

C’est pourquoi ils accueillent les syriens chaleureusement, à bras ouverts. Au niveau de la santé publique, il est très difficile de conserver le statut et les facilités d’avant la guerre. Nous nous sommes adaptés aux besoins des réfugiés syriens qui ramènent, par exemple, des maladies que le Liban n’avait plus connues depuis des décennies. Idem pour le département de l’éducation : le système Libanais s’est adapté afin de donner une place à chaque enfant. Les Syriens ont cours l’après-midi et les enfants libanais le matin, entre 8 et 14h. Caritas travaille dans tout le pays, tant pour les familles libanaises vulnérables que pour les Syriens, sans distinction de confession, ni de nationalité. Nous aidons toutes les personnes dans le besoin.

Caritas International Belgique Trois questions à Rita Rhayem, directrice Caritas Liban
Bus à l’école publique à Broummana

Que Caritas met-elle en place pour les réfugiés syriens?

Rita : Outre l’aide d’urgence pour les plus vulnérables, nous nous focalisons surtout sur le bien-être des enfants. La guerre dure depuis plus de 5 ans maintenant. Une génération entière risque de n’avoir rien connu d’autre que la violence et ses conséquences malheureuses. Nos équipes de psychologues mettent en pratique la trauma-thérapie avec un grand nombre d’enfants. Ainsi, ils peuvent tenter de surmonter leurs cauchemars, peuvent raconter leur vécu et donner une place à ces horreurs.

De plus, il est essentiel que ces enfants retrouvent le chemin de l’école. L’éducation leur garantit un avenir. Mais les enfants syriens connaissent bon nombre d’obstacles dans notre système scolaire. La langue d’abord : en Syrie, les cours sont donnés en Arabe, chez nous en arabe, français ou anglais. Ensuite, bon nombre d’entre eux n’ont plus fréquenté l’école depuis des mois, voire des années. Pour pallier à tous ces problèmes, Caritas organise des cours de remise à niveau, des cours de langue et un soutien psychologique poussé. Les besoins sont énormes mais grâce à notre expertise et expérience, nous mettons tout en œuvre pour les aider.

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