Vers une réponse humanitaire menée localement : un nouveau rapport de Caritas Europa

Caritas International Belgique Vers une réponse humanitaire menée localement : un nouveau rapport de Caritas Europa

© Caritas International / Guerchom Ndebo

© Caritas International / Guerchom Ndebo

06/12/2023

Dans son nouveau rapport, Caritas Europa1 met en évidence le besoin urgent de réformer le système humanitaire basé sur des promesses aujourd’hui non-tenues par les acteurs internationaux. Il est essentiel d’évoluer vers une aide humanitaire menée localement, plus efficace et plus juste envers les populations affectées.

Caritas Europa sort son rapport « Promesses non tenues : combler le fossé entre les engagements et la pratique dans l’action humanitaire menée localement ». Le rapport, réalisé en collaboration avec le Centre for Humanitarian Action (CHA), présente et évalue les mesures à prendre pour que les organisations humanitaires locales jouent un rôle plus important dans le système d’aide humanitaire international.

Pour ce faire, les gouvernements, les agences des Nations Unies et les ONGs internationales doivent changer leur façon de travailler et soutenir les organisations locales de manière plus directe, plus efficace et plus juste.

Caritas International Belgique Vers une réponse humanitaire menée localement : un nouveau rapport de Caritas Europa

Les organisations locales, comme Caritas Hoima en Ouganda, comprennent mieux le contexte local. - © Caritas International

La force de l’action humanitaire menée localement 

Les acteurs humanitaires locaux sont des organisations qui ont leur siège et qui opèrent dans leur propre pays et qui sont indépendants des ONGs internationales. C’est le cas de la grande majorité des partenaires de Caritas International Belgique dans le monde.

Le rapport démontre les plus-values avérées de cette transformation qui peine à aboutir. Par exemple, une analyse estime que « les intermédiaires locaux pourraient proposer des programmes 32 % plus rentables que les intermédiaires internationaux, en éliminant les coûts élevés des frais généraux et des salaires internationaux ».2 Les organisations locales comprennent mieux le contexte dont elles émanent. Elles sont également connues des communautés affectées qui leur accorde leur confiance.

Les valeurs d‘auto-détermination et de justice sont également des éléments clés. Plutôt que des entités extérieures, ce sont les communautés et les organisations locales elles-mêmes qui devraient déterminer leurs priorités et leurs valeurs.

Un index innovant  

Les gouvernements donateurs, dont la Belgique, les agences des Nations unies et les ONGs internationales se sont engagés à apporter « un soutien accru […] au leadership, aux actions et à la capacité des intervenants locaux, ainsi qu‘à la participation des communautés touchées dans les réponses aux besoins humanitaires ».3

Afin de suivre l’état de ces engagements, ce rapport propose le tout premier indice permettant de mesurer la manière dont les principaux donateurs et agences humanitaires tiennent leurs promesses. Le rapport examine lesquels de ces donateurs et agences internationales sont à l’avant-garde et lesquels sont à la traîne, à la fois sur base de leur propre rapportage mais aussi du point de vue des acteurs locaux eux-mêmes.

Les résultats de l’indice démontrent qu‘il existe un fossé entre la politique et la pratique : de nombreuses organisations ont des politiques et des engagements en matière de localisation, mais dont les mécanismes de mise en œuvre et de responsabilisation sont faibles. La disponibilité des données, la transparence et le suivi sont insuffisants pour la plupart des acteurs internationaux, en particulier en ce qui concerne les questions de financement.

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Caritas Liban signale qu‘il faut redoubler d‘efforts pour mettre en place des partenariats plus équitables – © Caritas Allemagne

Les expériences du Liban et de la Colombie 

Le rapport met en lumière les expériences des acteurs locaux au Liban et en Colombie, dont ceux au sein du réseau Caritas.

Malgré les engagements internationaux, les organisations locales continuent de se heurter à des obstacles importants, dont l‘accès limité au financement, les exigences administratives considérables et le manque de reconnaissance et de soutien de la part des acteurs internationaux.

Elles signalent également qu‘il faut redoubler d‘efforts pour mettre en place des partenariats plus équitables et veiller à ce que les besoins des communautés affectées soient au cœur de l‘action humanitaire.

Recommandations pour les acteurs humanitaires, dont la Belgique 

Le réseau Caritas demande aux donateurs, aux organisations des Nations unies et aux ONGs internationales de :

  • Suivre le montant et la qualité du financement fourni aux organisations locales et élaborer un plan concret pour atteindre l’objectif de 25 %.4
  • Développer des politiques organisationnelles qui couvrent les frais généraux des organisations locales et consacrent une part spécifique du financement au développement des capacités organisationnelles locales et à la durabilité.
  • Permettre activement aux organisations locales de définir les priorités de l’action humanitaire.
  • Les donateurs devraient créer des options de financement plus souples afin que les organisations locales puissent planifier à l’avance, mieux couvrir leurs coûts et adapter leurs efforts à l’évolution des crises et aux souhaits de la population locale.
  • Les donateurs doivent assumer une plus grande part du risque financier et sécuritaire qui est actuellement assumé par les organisations locales.


1

Caritas Europa regroupe 49 organisations nationales Caritas issues de 46 pays. Le réseau Caritas est présent dans plus de 160 pays à travers le monde.

4

En 2016, les donateurs se sont engagés à allouer 25 % de leurs fonds aux partenaires humanitaires locaux. Actuellement, seulement 1,2 % des fonds vont aux organisations humanitaires locales.

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