« Mes enfants ne seront jamais médecin ou avocat »

Caritas International Belgique « Mes enfants ne seront jamais médecin ou avocat »

Julie Vanstallen - Caritas International

Julie Vanstallen - Caritas International

01/09/2016

Au Liban vivent plus de 400.000 enfants réfugiés, en grande majorité originaires de la Syrie. Près de 250.000 d’entre eux ne vont pas à l’école. Pourquoi ?

« Pour certains, l’école est très chère », commente Ramzi, coordinateur des projets de Caritas Liban dans la vallée de la Bekaa. « Certains parents ont besoin du revenu du travail de leurs enfants. D’autres enfants sont traumatisés et ont du mal à s’adapter en classe. D’autres encore n’ont plus côtoyé l’école depuis 2,3 voire 4 ans. Il y a des problèmes de violence. Des traumas. Bref, trop de problèmes que pour pouvoir écouter attentivement en classe. »

Le « second shift »

Le gouvernement Libanais, avec l’aide d’Unicef et de Caritas Liban, met l’accent sur l’enseignement des réfugiés. Depuis plus de deux ans, le système scolaire a complètement été chamboulé. A l’horaire normal (8h – 14h pour les Libanais et Syriens arrivés au début de la crise), s’est ajouté un « second shift ». « Ce sont des cours dispensés l’après-midi et à destination des réfugiés syriens ou irakiens. Le curriculum est presque le même mais sans les cours de gym, de sport, de musique », ajoute encore Ramzi. « L’idée, c’est de maximiser les chances de ces élèves afin qu’ils ne perdent pas encore plus d’années. »

Travailler pour aider sa maman

Rajihe élève seule ses 7 enfants : « mes enfants ne seront jamais médecin ou avocat », explique-t-elle fataliste. Elle ajoute : « ils ne doivent pas aller à l’école. Ils n’y apprennent rien. » Derrière elle, ses deux filles ainées s’appliquent pourtant à nous montrer qu’elles savent déjà écrire en français et compter jusqu’à 20. Entre les lignes, on comprend : Rajihe a besoin que ses filles travaillent avec elle dans les champs. C’est le seul moyen qu’elle a trouvé pour survivre ici, dans ce camp en taules et toiles dans la vallée de la Bekaa, où elle vit avec près de 600 autres réfugiés syriens. Pour payer sa tente, la nourriture et le téléphone.

Le travail de Caritas

Ramener ces gamines de 12 et 14 ans sur les bancs de l’école, c’est la mission de Caritas Liban. « On paie le transport, les frais scolaire, on apporte le matériel nécessaire. Tout est gratuit », commente Ramzi, coordinateur des projets de Caritas dans la vallée de la Bekaa. « La situation de cette famille illustre que nous avons encore et toujours besoin de moyens. De moyens pour organiser des cours de rattrapage pour qu’elles puissent suivre le curriculum libanais. De moyens pour l’amener physiquement jusqu’à l’école, en bus. De moyens pour continuer à sensibiliser sa maman. À les soutenir. » Caritas met en place un suivi psychosocial des élèves qui en ont besoin et organise, entre autres, des cours de rattrapage pendant les vacances.

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