Le modèle unique d’accueil des personnes réfugiées en Ouganda

Caritas International Belgique Le modèle unique d’accueil des personnes réfugiées en Ouganda

Caritas International - Dans le village d’accueil de Kyangwali en Ouganda, Caritas cherche à protéger les femmes et les enfants et à contribuer à lutter contre la pauvreté en proposant, entre autres, des formations professionnelles.

Caritas International - Dans le village d’accueil de Kyangwali en Ouganda, Caritas cherche à protéger les femmes et les enfants et à contribuer à lutter contre la pauvreté en proposant, entre autres, des formations professionnelles.

12/01/2022

L’Ouganda est le plus grand pays d’accueil de réfugié-e-s en Afrique. Bien que beaucoup d’Ougandais-es vivent dans la pauvreté, la population fait ce qu’elle peut pour accueillir les réfugié-e-s avec dignité. Cependant, l’insécurité et le manque d’emploi sont des problèmes de taille. Caritas aide à trouver des solutions.

Du fait des nombreux conflits et incertitudes dans les pays voisins, l’Ouganda est depuis des années le pays africain qui accueille le plus de réfugié-e-s. Beaucoup d’entre elles et eux viennent de l’est de la RD Congo à cause de l’instabilité constante. À la mi-2021, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) comptait 429 500 réfugié-e-s congolais-es [1].

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Un modèle d'accueil basé sur la résilience

Selon l’OPM (Office of Prime Minister), l’organisme responsable avec le UNHCR de la coordination des places d’accueil des réfugié-e-s, le modèle est fondé sur la résilience. Cela signifie que les personnes réfugiées sont soutenues pour commencer une nouvelle vie par elles-mêmes.

« Comme l’Ouganda a une politique de porte ouverte pour les réfugiés, ceux-ci ont accès à l’emploi et à d’autres services essentiels tels que l’éducation et les soins de santé. Ils ont une liberté de mouvement au sein de l’Ouganda, ont des papiers et sont libres de créer leurs propres entreprises », explique Marisol Martinez, responsable des projets de Caritas International en Ouganda.

Caritas International Belgique Le modèle unique d’accueil des personnes réfugiées en Ouganda

Les réfugié-e-s et les communautés d'accueil vivent ensemble

« Un autre aspect particulier de ce modèle est que les réfugiés et les communautés d’accueil vivent ensemble dans les villages d’accueil [2]. Ils doivent donc partager les ressources naturelles qui entraîne parfois des conflits, surtout lorsque les réfugiés sont arrivés en grand nombre » explique Marisol.

La communauté met des terres à disposition pour cultiver des produits destinées à sa propre consommation. La taille standard du terrain alloué aux réfugié-e-s a diminué au fil des ans. En 2016, les familles réfugiées ont reçu des terrains de 50 x 50 m², puis ils ont été réduits à 30 x 30 m² et récemment ils ont encore été réduits à seulement 10 x 20 m². Outre la terre, une autre source de conflit est la consommation de « combustible » (arbres abattus).

Les personnes réfugiées ont leur propre représentation dans les villages d’accueil : le Welfare Refugee Council (en français le « Conseil de l’aide sociale pour les réfugiés » et dont l’acronyme est le WRC). Ce Conseil joue un rôle de médiateur dans les conflits entre les réfugié-e-s ainsi qu’entre les réfugié-e-s et les communautés d’accueil. Si le Conseil ne parvient pas à résoudre le problème, les parties sont renvoyées à l’OPM ou à la police.

Une assistance également aux communautés d'accueil

Traditionnellement, les villages d’accueil de réfugié-e-s ont été établies dans les régions les plus pauvres du pays, en partie pour promouvoir le développement rural dans les zones reculées. Cependant, de nombreuses évaluations ont montré que les communautés d’accueil sont parfois plus mal loties que les réfugié-e-s, car elles ne reçoivent pas de soutien pour satisfaire leurs besoins fondamentaux.

« Pour éviter les tensions et les conflits liés à l’accès aux ressources, le gouvernement ougandais a exigé que les organisations humanitaires réservent une partie de leur budget (30%) aux communautés d’accueil », précise Marisol. « Une approche à laquelle nous souscrivons pleinement. Caritas travaille sur des moyens de subsistance durables pour les réfugiés et les habitants d’origine, non seulement en Ouganda mais aussi dans d’autres pays où les réfugiés sont accueillis. »

>> Découvrez l’intervention de Caritas pour la protection et des moyens de subsistance en Ouganda

La violence et la pauvreté sont les principaux problèmes

Selon le WRC, la violence domestique est un problème majeur dans les villages d’accueil, ainsi que le mariage des enfants. Il n’est pas rare que les filles se marient dès l’âge de 14 ans pour échapper à la pauvreté. Les réfugié-e-s ont beaucoup de mal à gagner leur vie et il n’y a malheureusement qu’un nombre limité d’ONG actives dans ce secteur.

En outre, le Programme alimentaire mondial (PAM) est contraint de réduire considérablement les rations alimentaires (payées en espèces) : le montant de 31.000 Ugx (shillings ougandais) par réfugié-e enregistré-e par mois, a déjà été réduit à 19.000 Ugx. L’organisation prévoit d’encore réduire ce montant à 12.000 Ugx, soit moins de 3 euros par mois. Cet été déjà, Bernard, réfugié à Kyangwali témoignait : « Nous recevons une aide du Programme alimentaire mondial des Nations unies, mais ce n’est pas suffisant. »

Caritas International Belgique Le modèle unique d’accueil des personnes réfugiées en Ouganda© Caritas International – Bashimbe Begole, un jeune réfugié congolais en Ouganda, a trouvé un emploi comme charpentier grâce à une formation.

L'intervention de Caritas : plus de protection et de résilience

Grâce à un financement de la Coopération belge au développement (DGD), nous travaillons depuis janvier 2021 à créer des opportunités d’autosuffisance et de meilleure protection en Ouganda. Marisol s’est récemment rendue à Kyangwali et a rencontré Bashimbe Begole, un Congolais de 21 ans qui a fui la violence et est arrivé en Ouganda il y a 4 ans: « Il a été sélectionné pour suivre une formation de charpentier à l’école St Josep Muteme. À cause du Covid et de la fermeture des écoles, il n’a pas pu terminer sa formation. Mais il est déterminé à se remettre sur les rails et à obtenir un diplôme dès qu’il le pourra. Entre-temps, il transmet ses connaissances à d’autres jeunes et gagne un peu d’argent en vendant des lits, des tables et des chaises… Un bon exemple de soutien durable et réussi. » Et l’aide ne s’arrête pas là pour Bashimbe Begole et tant d’autres comme lui : Caritas poursuit son accompagnement pour atteindre des changements positifs durables pour et avec les réfugié-e-s ainsi que les communautés-hôtes.

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[2]

En Ouganda, les personnes réfugiées sont accueillies dans des villages d’accueil et non dans des camps. Elles reçoivent alors un lopin de terre à cultiver et sont autorisées à travailler ainsi qu’à voyager. Le but ? Une autonomie plus importante et une meilleure intégration avec la communauté d’accueil.

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