Ethiopie : lutter contre le réchauffement climatique et l’érosion des sols avec les paysans de Wolaita

Caritas International Belgique Ethiopie : lutter contre le réchauffement climatique et l’érosion des sols avec les paysans de Wolaita

À Wolaita, les manguiers et avocatiers sont cultivés à très grande échelle. - © Caritas Soddo

À Wolaita, les manguiers et avocatiers sont cultivés à très grande échelle. - © Caritas Soddo

31/10/2023

Les habitant-e-s de Wolaita, une région dans le sud-ouest de l’Ethiopie, sont confronté-e-s à une pauvreté chronique, à de l’insécurité alimentaire et aux effets délétères du réchauffement climatique. Avec le soutien financier de la province du Brabant flamand, le réseau Caritas s’attaque à ces différents problèmes. Nos collègues éthiopiens Muluneh Tesfaye et Dorry Hagos Ghebray nous expliquent comment.

« Wolaita est une zone densément peuplée de l’Ethiopie » explique Munuleh, directeur de Caritas à Soddo, une des villes de la région. « 85% de la population y dépend de l’agriculture. Mais le réchauffement climatique fait des ravages : il y a régulièrement des épisodes de sécheresse et on constate une importante érosion des sols. Le taux de chômage est également très élevé. Les femmes, les enfants, les personnes avec un handicap et celles plus âgées sont particulièrement vulnérables dans ces circonstances. »

Ce contexte incite la population à abattre chaque jour davantage d’arbres, pour produire du charbon de bois dont la vente générera quelques revenus. Mais cette pratique entraîne à son tour de nouvelles complications environnementales. Certains hommes choisissent de quitter la région, dans l’espoir de gagner ailleurs de quoi nourrir leur famille. « On retrouve des gens de Wolaita dans toutes les villes d’Éthiopie », confirme Muluneh. « Mais aussi en Afrique du Sud ou dans certains pays arabes. D’autres encore passent par la Libye pour tenter la traversée vers l’Europe. »

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Muluneh Tesfaye, directeur de Caritas Soddo, en Ethiopie. - © Caritas International

Des récoltes moins abondantes que d’habitude

Les fréquentes sécheresses ont aussi un impact sur les récoltes. Et qui dit mauvaise récolte, dit aussi moins de nourriture pour le bétail. Les réserves en eau diminuent également. « Dans certaines parties de l’Ethopie, les précipitations sont trop faibles », témoigne Muluneh. « Dans d’autres, il pleut trop. Le réchauffement climatique est synonyme de forts contrastes. Et la réaction de la population à ces changements enclenche un cercle vicieux de destruction de l’environnement : les gens abattent des arbres pour produire du charbon de bois, mais la disparition des arbres aggrave l’érosion des sols… ce qui est néfaste pour l’agriculture. »

Dorry Hagos Ghebray représente Caritas International (Belgique) en Ethiopie. « Chez nous, les précipitations sont très capricieuses », explique-t-il. « Trop souvent, il pleut au mauvais moment. C’est de plus en plus frappant. La température monte également, avec comme résultat une augmentation des cas de malaria, des problèmes de santé pour le bétail et des maladies pour les cultures, ainsi qu’une réduction de la biodiversité. Tous ces problèmes engendrent à leur tour des tensions économiques et sociales. La pauvreté s’empire, les gens s’en vont. »

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Dorry Hagos Ghebray, représentant de Caritas International en Ethiopie. - © Caritas International

Reboisement

Le soutien financier de la province du Brabant flamand permettra d’aider 440 familles vulnérables à Wolaita. Muluneh et Dorry précisent : « L’objectif est de mieux gérer les terres dans la zone concernée et de réduire l’érosion des sols, pour que moins de personnes se retrouvent forcées de quitter la région. Les mesures physiques de conservation des sols1 contribuent à réduire l’érosion, tout comme les efforts de reboisement. Nous construisons aussi des réservoirs d’eau. Enfin, nous cultivons à très grande échelle des arbres qui produisent des mangues, des avocats, des papayes ou des substances médicinales. Ces arbres présentent un double avantage : les familles bénéficient directement des revenus générés par la vente de leurs fruits… et en parallèle la végétation augmente. Au total, nous voulons revaloriser 295 hectares de terres. »

La clé de la réussite ? « Des initiatives qui bénéficient à la population locale à la fois du point de vue économique et écologique », souligne Dorry. « Des fruits disponibles pour la consommation et la vente, d’avantage de nourriture pour le bétail… et à terme nous pourrions même vendre des crédits carbone2. Les eaux souterraines sont utilisées pour irriguer les champs. Dans le même temps, nous mettons des mesures en place pour moins gaspiller d’eau. »

Des groupes d'entraide pour les femmes

Depuis mars 2023, quelque 370 femmes participent à 20 groupes d’entraide. « Ces groupes traitent de sujets très divers », témoigne Muluneh. « Les femmes y évoquent des questions sociales, les tensions communautaires, le réchauffement climatique ou des conséquences de l’absence de leurs maris partis chercher du travail ailleurs. Elles essaient de mettre sur pied leurs propres activités économiques ou de créer de petites entreprises. Elles apprennent aussi à utiliser des fours améliorés : il s’agit de fours faciles à utiliser qui consomment moins de bois pour faire la cuisine. Encore un autre moyen de lutter contre la déforestation ! Nous envisageons même d’installer des panneaux solaires pour produire de l’énergie. »

Les groupes d’entraide sont encore tout récents, mais ils s’inspirent d’un modèle qui a déjà fait ses preuves dans d’autres régions. « Nous constatons que les femmes commencent déjà à économiser de l’argent et à mettre des activités en place. Et qu’elles échangent entre elles sur différents sujets. »

Muluneh et Dorry concluent : « Tout ce que nous faisons actuellement à Wolaita permettra à la population de mieux s’adapter au réchauffement climatique. Mais cela reste à petite échelle. Nous aimerions appliquer cette approche à beaucoup d’autres endroits en Éthiopie. »


Avec le soutien de la province du Brabant flamand



1

Il s’agit par exemple de barrages en terre ou en pierre, de bassins de percolation d’eau ou de micro-bassins.

 

2

Les porteurs de projets permettant de réduire, supprimer ou éviter les émissions de gaz à effet de serre, peuvent se voir attribuer des « crédits carbone ». Ces crédits peuvent alors être vendus à des entreprises ou des organisations de pays industrialisés. Les projets de ce type présentent également d’autres avantages : autonomisation des communautés, protection des écosystèmes, restauration des forêts ou réduction de la dépendance à l’égard des combustibles fossiles.

 

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