Élections, crises humanitaires et Ebola au Congo

Caritas International Belgique Élections, crises humanitaires et Ebola au Congo
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Caritas - 7,5 millions de Congolais n’ont pas suffisamment de nourriture

Caritas - 7,5 millions de Congolais n’ont pas suffisamment de nourriture

09/01/2019

Il y plus d’une semaine, des millions de personnes se sont rendues aux urnes en République démocratique du Congo (RD Congo). Le but ? Désigner un successeur au Président Joseph Kabila, au pouvoir depuis près de 18 ans. Aujourd’hui, les résultats se font attendre, la tension monte et la crise humanitaire, qui affligeait déjà la population, s’empire.

« Ce sont à présent près de 13 millions de Congolais qui ont d’urgence besoin d’assistance humanitaire. Caritas continue de travailler avec ses partenaires locaux pour répondre aux besoins des communautés les plus vulnérables mais les besoins sont énormes. » Willem Vervaeke, responsable des projets en RD Congo, donne le ton sur cette crise humanitaire en cours dans le pays.

Contexte politique

Pour rappel, ces élections devaient initialement avoir lieu en décembre 2016. Après, avoir été postposées à plusieurs reprises, le pays avait alors sombré dans une crise politique profonde à laquelle l’Accord de la Saint Sylvestre mis fin un an plus tard. Le rendez-vous électoral sera repoussé au 23 décembre 2018 avant de finalement avoir lieu le dimanche 30 décembre 2018.

Sur place lors des élections, l’Église catholique comptait 40.000 observateurs électoraux dans les bureaux de vote. Ceux-ci avaient été formés aux techniques de collecte de données électorales pour produire des rapports sur la qualité du processus.

À ce jour, la proclamation des résultats se fait encore attendre sur fond de blocage des réseaux de télécommunication et de suspicion de fraude électorale. « De plus, ce blocus rend la communication, avec et entre, les équipes locales très difficiles », souligne Willem. « Le mécanisme de veille humanitaire du réseau Caritas qui permet de localiser et de répondre aux besoins humanitaires à travers le pays est fortement perturbé ».

La situation politique se heurte aussi à une situation humanitaire catastrophique où règnent violences miliciennes, personnes déplacées, malnutrition et épidémie d’Ebola. Des motifs évoqués dans certaines régions pour reporter la tenue du scrutin. Dans une partie du Nord-Kivu, par exemple, l’épidémie d’Ebola fait toujours des victimes. À Mai Ndombe, dans le sud-ouest du pays, ce sont des combats violents qui ont empêché les électeurs de se rendre aux urnes.

Crise humanitaire

Les conflits et les violences restent un motif de préoccupation majeur dans les provinces du Kivu, des Kasaï et du Tanganyika. La violence a amené 4,5 millions de personnes à fuir leur maison l’an dernier. 7,5 millions de Congolais n’ont pas suffisamment de nourriture et plus de 2 millions d’enfants risquent de souffrir de malnutrition sévère. Tandis que l’est fait toujours face à la pire épidémie d’Ebola du pays, avec plus de 600 cas confirmés et 368 décès depuis août 2018. Au total, pas moins de 13 millions de personnes ont donc un besoin urgent d’assistance humanitaire.

Emmanuelle Henderyckx, représentante de Caritas International en RDC est témoin de  l’impact dévastateur des conflits sur les communautés. En octobre 2018, elle s’est récemment rendue à Kakenge, dans le Kasaï où elle a notamment rencontré Desiree[1] et sa famille.

« Depuis ces jours-là jusqu’à aujourd’hui, nous n’avions reçu aucune assistance en dehors de ce qui vient de nous être remis aujourd’hui. », explique-t-il à Emmanuelle. Déplacé de Nselenge vers Mbatshi, il a tout perdu : deux de ses enfants ont perdu la vie, sa maison a été incendiée, son village pillé.

Suite à une distribution de bien de première nécessité de Caritas, il retrouve un peu de dignité : « Parce que nous n’avions plus rien. En guise de couverture, nous n’avions que la moustiquaire imprégnée d’insecticide. Aujourd’hui, nous avons reçu de Caritas des couvertures, des gobelets, bidon d’eau et ustensiles de cuisine ».

Quelle réponse à ce jour ?

Le manque actuel de financement entrave sérieusement la capacité des agences humanitaires locales et internationales à apporter rapidement de l’aide aux populations congolaises qui en ont le plus besoin. L’année dernière, l’appel humanitaire des Nations Unies n’a été financé qu’à 57 pourcents. Face à la détérioration dramatique de la situation, les Nations Unies ont annoncé la tenue d’une conférence de donateurs, à Genève, le 13 avril.

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Ils ont tout perdu : les maisons ont été incendiées, villages pillés. Caritas est à leur côté.

Caritas International continue à collaborer avec ses partenaires locaux afin de répondre aux besoins de certaines des communautés les plus vulnérables et les plus durement touchées. Et ce, plus particulièrement, dans le Kasaï et Sud-Kivu. Actuellement, nous répondons aux crises humanitaires à travers :

  • Le dispositif de veille humanitaire mis en place en collaboration avec la Caritas Congo et le réseau Caritas. Il assure la rapidité et l’efficacité de la réponse humanitaire en cas de lancement d’alertes ;
  • L’évaluation rapide et l’analyse des besoins permettent ensuite de définir le nombre de personnes touchées ainsi que la zone d’intervention. Nous organisons ensuite la mise à disposition de biens de première nécessité, de produits ménagers essentiels ainsi qu’une aide alimentaire essentielle.

Caritas lance un appel à la communauté internationale : elle doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour persuader le gouvernement de garantir la protection de la population conformément à la Constitution et au droit international.



[1]

Nom d’emprunt.

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