« Quand nous sommes arrivés, j’étais très heureux ! Je me sentais soulagé et en sécurité. Les mauvaises conditions de réception m’importaient peu. Je me disais que nous allions bientôt être ailleurs… Je ne comprends pas pourquoi ma famille est traitée comme cela. J’ai passé trois mois dans une tente, dans la saleté, et un mois dans un container avec d’autres familles. Je regrette d’être venu ici. Je veux que cela s’arrête », témoigne M.S., un homme de 42 ans venant d’Iraq.
Des conditions épouvantables
Lui et sa femme E.S., psychologue de profession, avaient cinq enfants jusqu’à ce que leur fille de 12 ans soit tuée. « Après cet évènement, nous avons décidé de quitter l’Iraq et de venir en Europe pour une vie meilleure » explique M.S. à un membre de l’équipe de Caritas Hellas basée au camp de Vial sur l’île de Chios. La famille est arrivée au camp il y a cinq mois et attend toujours que sa demande d’asile soit traitée.
Depuis que l’accord avec la Turquie a été signé le 18 mars 2016, les équipes de Caritas Hellas ont rencontré beaucoup de familles comme celle décrite plus haut. Elles ont été témoin de la souffrance causée par cet accord pour les personnes arrivées sur ces îles situées près de la côte turque. Elles se retrouvent coincées dans des conditions épouvantables.
« C’est indigne des valeurs européennes, de la dignité humanité et de la solidarité. Ces personnes vulnérables vivent dans des installations d’accueil surpeuplées et dangereuses où les services de base et d’hygiène font défaut, voire dans des camps crasseux et improvisés. Des actions immédiates doivent être prises afin de mettre fin à cette situation. Un plus grand engagement est nécessaire afin de garantir la dignité humaine en Grèce » affirme Tom Devriendt, responsable du plaidoyer politique à Caritas International Belgique.
Cette misère, combinée à la peur d’être renvoyé en Turquie et l’incertitude quant au futur, alimente l’anxiété, les problèmes mentaux aigus et les tentatives de suicide. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) rapporte de violences sexuelles grandissantes ainsi que des problèmes d’harcèlement à l’encontre des femmes et des enfants dans les camps. Le HCR explique même que dans certains cas que les salles de bains et les latrines deviennent des « zones de non-droit » une fois la nuit tombée. Une femme leur a confié qu’elle avait trop peur de prendre une douche et ce, depuis deux mois.
Pour une intensification du rythme d’évacuation
C’est dans ce contexte que Caritas réitère son appel au gouvernement grec et aux leaders européens de mettre en place tous les moyens nécessaires afin de déplacer rapidement ces personnes des îles vers le continent dans un objectif de protection des droits humains de ces personnes vulnérables. Bien que Caritas salue le transfert dernièrement de près de 7.000 personnes vers le continent, nous encourageons l’intensification du rythme d’évacuation. En effet, la situation a atteint un point de rupture.
Caritas rejoint l’appel du Pape François visant à protéger, promouvoir et intégrer ceux qui viennent chez nous pour demander de l’aide, comme la famille de M.S. et E.S. « Je veux me battre chaque jour pour le meilleur. Je ne perds pas espoir, je veux investir en moi et dans ma famille, trouver une maison et m’installer. Je veux recommencer ma vie. Je veux aider les réfugiés et travailler à nouveau comme psychologue. »