S’échapper d’un quotidien difficile à travers les activités communes des Logis de Louvranges

Caritas International Belgique S’échapper d’un quotidien difficile à travers les activités communes des Logis de Louvranges

© Caritas International

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18/04/2024

Les Logis de Louvranges accueillent des femmes fragilisées et des mères isolées dont la demande de protection internationale est en cours d’examen. En attendant d’obtenir un titre de séjour, elles peuvent se reconstruire dans un lieu où elles sont en sécurité. Dans un quotidien rythmé par les enfants et le stress de la demande d’asile, prendre du temps pour soi est rare mais nécessaire. Plusieurs fois par an, des activités communes sont proposées aux résidentes pour s’évader de leurs soucis.

La joie d'avoir un moment à soi

Amador s’installe face à Laura pour une manucure. Souriante et légèrement nerveuse, elle observe les palettes et pinceaux de maquillage avant de choisir un vernis rose pâle. A l’occasion de la journée internationale pour les droits de la femme, l’équipe des Logis de Louvranges a organisé différents ateliers pour les résidentes. Amador, originaire d’Angola, ne s’est pas maquillée ou verni les ongles depuis qu’elle a quitté son pays il y a quatre ans. « Avant, je prenais soin de moi mais aujourd’hui, en tant que maman, c’est difficile de trouver le temps. A quoi bon me maquiller pour aller à l’hôpital ou pour courir au supermarché ? Je n’ai pas de sorties donc ce n’est pas vraiment nécessaire. »

Caritas - Belgique - Louvranges - Accueil - femmes - réfugiées - vulnérable

 Avant, je prenais soin de moi mais aujourd’hui, en tant que maman, c’est difficile de trouver le temps.

Amador, résidente aux Logis de Louvranges

Désormais manucurée, la maman rayonne et se laisse tenter par un coup de blush. Laura, assistante sociale à Louvranges, s’applique et les deux femmes échangent sur l’importance du bien-être et du temps pour soi. « Les journées sont très fatigantes avec les enfants en tant que femme seule. Quand ils ne sont pas là, la plupart du temps on veut juste dormir pour récupérer des forces. Mais on a aussi besoin d’avoir des moments de détente. Quand il y a des activités, on oublie nos problèmes quotidiens et nos difficultés. Aujourd’hui, je me fais un plaisir et c’est agréable. » explique Amador avant de rigoler en imaginant la réaction de ses enfants : « Ils vont être étonnés quand ils vont me voir, je pense qu’ils vont vouloir toucher mes mains et me demander ce que j’ai sur le visage. Ça fait tellement longtemps que je n’ai plus été comme ça. » La joie d’Amador est communicative et rapidement d’autres résidentes prennent place à leur tour dans la salle commune. Elles s’échangent crayons et conseils tout en se complimentant gaiement.

Un quotidien difficile

A l’heure de table, une quinzaine de résidentes se retrouvent pour partager un bon repas. Certaines ont cuisiné avec l’équipe de bénévoles, d’autres apportent un plat traditionnel préparé dans leur appartement. On lance la musique, quelques-uns se lancent sur la piste et les rires pleuvent tandis que dehors la pluie s’abat. Amandine Colin, coordinatrice des Logis de Louvranges, rappelle l’importance de tels moments informels : « Le quotidien est lourd pour toutes. L’idée c’est de créer du vécu commun, des moments de convivialité, des moments de rencontre. Cela permet aussi de rencontrer les femmes autrement. »

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L’idée c’est de créer du vécu commun, des moments de convivialité et de rencontre.

Amandine Colin, coordinatrice des Logis de Louvranges

La majorité d’entre elles présentent des vécus traumatiques et sont à différentes étapes de leur reconstruction. Pour certaines, sortir de leur appartement et s’ouvrir au monde est une réelle difficulté vu leur santé mentale fragile. « Se mobiliser, s’impliquer, interagir au sein d’un groupe peut être une source de difficultés et d’insécurité pour elles. Mais on a remarqué que certaines activités, comme la cuisine, sont rassembleuses et vont permettre à une résidente de dépasser certaines craintes », poursuit Amandine.

Des femmes solidaires entre elles

Assises sur un banc à côté du buffet, Marie-Laure et Aissatou tapent des pieds au rythme de la musique. Aissatou surveille sa petite, trop jeune pour aller à l’école, qui insiste pour jouer sous la pluie. Les deux femmes, qui habitent Louvranges depuis respectivement trois ans et un an et demi, confirment la nécessité d’avoir un lieu réservé aux femmes durant leur parcours d’exil. Aissatou se sent en sécurité à Louvranges : « C’est un endroit que j’aime et qui m’aide à ré-apprendre beaucoup. C’est un bon endroit aussi pour l’éducation des enfants. » Venue de Guinée-Conakry, Aissatou note l’évolution et tout ce qu’elle a pu mettre en place depuis son arrivée dans le Brabant wallon : « Aujourd’hui, je suis devenue une nouvelle personne », dit-elle, reconnaissante. A ses côtés, Marie-Laure, originaire de Côte d’Ivoire, acquiesce : « Cette initiative de créer un centre spécialement pour les femmes seules et les enfants fait que nous sommes vraiment en sécurité. Nous venons de pays différents, de cultures diverses, mais on reste toujours femmes et cela nous lie. » 

Un parcours vers l'autonomie

Les résidentes séjournent dans la structure de Caritas pendant l’examen de leur demande d’asile. Elles peuvent confier leurs enfants à la crèche des Logis. L’objectif est de travailler à la construction de leur avenir en Belgique tout en tenant compte de leurs traumas du passé. Pour cela, les résidentes sont entourées par une équipe pluridisciplinaire, qui les accompagne à la fois au niveau administratif, juridique et social. La création de liens de confiance et d’espaces d’échange entre femmes et avec l’équipe de Caritas – par exemple lors des activités communes – contribue à cette dynamique. « Notre boulot, c’est qu’à un moment donné ces femmes aient la capacité de reprendre le cours de leur vie sans l’accompagnement professionnel intensif que nous assurons ici. Cela ne veut pas dire qu’elles ne feront plus jamais appel à quelqu’un. Mais lorsqu’elles sortent d’ici, nous voulons qu’elles aient la capacité de comprendre elles-mêmes leur situation, de l’analyser et d’activer les aides dont elles ont besoin », explique Amandine. C’est un chemin difficile et long mais dont les progrès sont visibles dans des journées comme aujourd’hui.

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