Le « Snoezelen », un outil pour le bien-être aux Logis de Louvranges

Aux Logis de Louvranges près de Wavre, Caritas accueille des femmes particulièrement vulnérables. Elles y bénéficient d’un accompagnement pluridisciplinaire durant leur procédure de demande de protection internationale. Beaucoup de ces femmes sont aussi maman, c’est pourquoi une crèche a été ouverte sur place : quatre jours par semaine de 7h30 à 17h30, trois puéricultrices s’y occupent des jeunes enfants des résidentes qui le souhaitent. Cela permet à ces dernières de se consacrer à leurs occupations domestiques et administratives, de se rendre à des rendez-vous et à des formations, ou tout simplement de souffler un peu.

« Les enfants sont des éponges », témoignent Claudine et Oriane, puéricultrices à Louvranges. « Ils et elles sentent tout de suite quand leur maman est anxieuse ou tendues, par exemple quand leur dossier n’avance pas ou quand elles reçoivent une décision négative. Alors les enfants stressent eux aussi, pleurent, crient, ont des difficultés pour s’endormir. Nous cherchons à les calmer et c’est ainsi que nous avons eu l’idée de mettre en place un espace Snoezelen ». 

Le terme « Snoezelen » est la contraction de Snuffelen (renifler, sentir en néerlandais) et de Doezelen (somnoler). C’est une activité vécue dans un lieu spécialement aménagé pour se détendre, tout en faisant appel à ses cinq sens – ouïe, odorat, vue, goût et toucher. Proposée depuis longtemps dans le cadre du handicap, cette approche se développe dans d’autres secteurs comme celui de la migration.

A Louvranges, dans une petite pièce, essentiellement blanche, attenante à la crèche, on trouve aujourd’hui une colonne diffusant une lumière tamisée et colorée, des matelas, des coussins et un tas d’objets aux textures diverses : mous, doux, râpeux… Le tout crée une ambiance propice à l’apaisement.

« Cet espace va aider à canaliser les énergies en cas de crises », expliquent Claudine et Oriane. « Les enfants peuvent y expérimenter en toute sécurité, se libérer des tensions qui les habitent… et s’éloigner un peu des écrans omniprésents dans leur vie. Le fait de bouger, de sentir, de regarder, apporte une forme de sérénité et de lâcher-prise. On se reconnecte avec ses sensations et avec l’instant présent, on oublie ses soucis. » 

L’équipe des Logis de Louvranges en a fait elle-même l’expérience : « Il suffit d’y passer dix minutes pour se sentir mieux. Les mamans y seront également les bienvenues à certains moments, par exemple pour raconter leur récit d’exil à notre assistante sociale et pour se préparer pour l’entretien qui aura lieu au Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA). » 

Dans le cadre de leur procédure de demande de protection internationale, les résidentes des Logis de Louvranges sont en effet reçues en audition au CGRA. Elles doivent y raconter les raisons qui les ont poussées à l’exil et leur parcours d’exil de la manière la plus précise et la plus cohérente possible. Déterminantes pour la suite de leur dossier, ces auditions sont particulièrement éprouvantes. Pour qu’elles se déroulent au mieux, l’équipe de Caritas les prépare longuement avec les personnes en demande de protection.

« Nous pensons que l’espace Snoezelen est un bon endroit pour cela. L’ambiance les aidera à se concentrer et à affronter sereinement leurs souvenirs les plus durs. » 

« Nous y réfléchissions depuis plusieurs années », précise Claudine. « Nous avons eu l’occasion de tester un espace Snoezelen dans un centre géré par la Croix-Rouge et de visiter une plaine de jeux inclusive avec les résidentes. Notre équipe a suivi une formation sur le sujet. Nous nous sommes équipées petit à petit. Nous avons réorganisé la crèche pour libérer une pièce. L’ONE est passée en début d’année pour vérifier si toutes les normes étaient respectées… et nous avons finalement inauguré l’espace le 22 janvier, en présence des résidentes et de leurs enfants. » 

Oriane complète : « Nous sommes encore dans une phase de test, que ce soit au niveau de l’aménagement, des accessoires disponibles ou de l’utilisation de l’espace. Nous allons voir comment les enfants et mamans réagissent et nous adapterons nos pratiques au fur et à mesure. Nous voulons développer davantage l’aspect olfactif, en impliquant les mamans. Jusqu’à présent, l’expérience est en tout cas très positive, en complément aux autres formes de prise en charge psychologique que nous proposons à nos résidentes. »