Goriana Tarnitsova travaille à la Stockholm City Mission en Suède. « La situation a radicalement changé dans notre pays », explique-t-elle. « De nombreuses personnes qui demandent une protection internationale voient désormais leur demande rejetée. Elles n’ont plus de perspective et viennent nous rencontrer pour parler de leur avenir. En tant qu’organisation, nous voulons leur présenter toutes leurs options : le retour mais aussi, par exemple, la possibilité de vivre sans papiers en Suède. Nous voulons être présents lorsque des personnes vulnérables envisagent des décisions difficiles. En tant qu’organisation de la société civile, nous voulons aborder la question du retour de notre propre point de vue, sans avoir à suivre l’agenda des autres. Avec Stockholm City Mission, nous espérons accompagner 500 demandeurs et demandeuses de protection internationale débouté-e-s sur une période de trois ans, dans le cadre d’un financement de l’AMIF – le Fonds européen pour l’asile et la migration ».
« Nous disons toujours d’emblée aux nouveaux résident-e-s qu’ils et elles peuvent demander un retour volontaire si c’est leur souhait », explique Wim Lips qui travaille au centre d’accueil de Fedasil à Poelkapelle, en Flandre occidentale. « Dans mon travail, j’explique toujours le mieux possible aux gens ce que l’avenir peut leur réserver. Ceux qui choisissent le retour volontaire peuvent rester au centre jusqu’à ce que tout soit prêt. Les personnes qui ne bénéficient pas d’une protection internationale en Belgique introduisent parfois une deuxième demande d’asile mais dans ce cas elles doivent quitter le centre, à moins qu’elles ne se trouvent dans une situation particulièrement vulnérable. Actuellement, la crise de l’accueil est telle qu’il n’y a pas assez de places, même pour les primo-demandeurs ».
Les personnes dont la demande de protection internationale a été refusée décident parfois de rester en Belgique et disparaissent alors des radars. « De nombreuses portes se ferment alors pour elles », regrette M. Lips. « Je le leur explique également et leur rappelle qu’elles peuvent toujours s’adresser à un bureau des retours si elles envisagent de repartir ».
L’Union européenne s’efforce de développer la même vision du retour dans tous les États membres. Bruxelles souhaite que le nombre de retours volontaire augmente et que l’ensemble du processus soit « plus qualitatif ». « Les gouvernements ne peuvent pas tout faire seuls », reconnaît Alexander Smits, de la direction générale des migrations et des affaires intérieures de l’UE. « Ils ont besoin de partenaires, y compris au sein de la société civile ».