Démarre alors un long périple. Protégée par deux connaissances plus âgées qu’elle, Nardos traverse le Soudan puis arrive en Lybie. Là, elle restera environ sept mois, cachée dans un appartement le temps de réunir les fonds pour la traversée de la Méditerranée. Elle précise : « J’ai téléphoné à ma mère, qui était encore en prison, pour qu’elle m’envoie de l’argent. Cela a mis du temps pour récolter la somme. Dans le désert libyen, tout le monde a été séparé mais j’ai rencontré d’autres personnes qui parlaient ma langue. On est devenu comme une famille. » Elle poursuit : « Je pense que c’est en Lybie que j’ai appris la vie. Avant cela, je n’étais qu’une enfant, je mangeais et je dormais. En Lybie, j’ai compris ce que je voyais et j’ai commencé à me poser beaucoup de questions. »
En mai 2018, Nardos arrive en Italie par bateau et sa mère est libérée de prison à la même période. Confinée trois mois durant dans un centre pour mineures en Sicile, l’adolescente réfléchit à la suite. « Chaque semaine, on nous distribuait quelques vêtements et dix euros d’argent de poche. Mes amies rencontrées en Lybie disaient que la Belgique était un bon endroit pour vivre, alors j’ai décidé de faire la route avec elles. J’ai remonté l’Italie, puis j’ai traversé la France et je suis arrivée en Belgique le 23 août 2018. » décrit-t-elle.