BUDDY FOR REFUGEE – Partager son quotidien avec un-e jeune réfugié-e

Caritas International Belgique BUDDY FOR REFUGEE – Partager son quotidien avec un-e jeune réfugié-e

« On se concentre plutôt sur le partage d’un réseau et l’intégration. » décrit Marianne. © Caritas International

« On se concentre plutôt sur le partage d’un réseau et l’intégration. » décrit Marianne. © Caritas International

23/01/2024

Baraa vient de Syrie et va bientôt fêter ses 18 ans. Lorsqu’il a rencontré Éric et Marianne, ce fut un coup de cœur immédiat et réciproque. Éric, Marianne et leur famille parrainent ce jeune mineur étranger non-accompagné (MENA) depuis début 2021. Comme Baraa, de nombreux jeunes vivent en Belgique sans leur famille. Pour contrer cette solitude, Caritas a lancé l’initiative Buddy for Refugee.

Baraa avait cinq ans lorsqu’il a dû fuir la Syrie en guerre. Réfugié avec sa famille au Liban, il y souffrait de racisme et de l’absence de perspectives d’avenir. Le Liban accueille actuellement le plus grand nombre de réfugié-e-s par habitant, mais le manque de ressources et les pratiques discriminatoires ont rendu leur quotidien invivable1. « Là-bas, être Syrien signifie n’être rien » explique Baraa.

Alors, il a décidé de partir. Le voyage vers l’Europe était risqué, illégal et cher. Baraa était conscient qu’il pouvait y laisser sa vie mais celle qui menait au Liban n’en était pas une. L’adolescent a donc quitté le pays malgré les réticences de ses parents. Il est parti, seul et âgé de seulement quinze ans, en espérant pouvoir poursuivre ses rêves.

Après un dangereux et difficile parcours d’exil, Baraa s’installe en Belgique où il obtient le statut de réfugié. Encadré par l’équipe de Caritas International, il a pu se reconstruire, apprendre rapidement le français et s’inscrire dans l’enseignement général. Il réside actuellement dans un appartement et multiplie les jobs étudiants. Ces épreuves l’ont fait grandir, mais Baraa souffrait de sa solitude. Lorsqu’il a entendu parler du projet Buddy for Refugee à Liège, il a donc sauté sur l’occasion.

BUDDY, UN PROJET SOLIDAIRE

Devenir Buddy, c’est devenir le parrain ou la marraine d’un-e jeune qui vit en Belgique sans sa famille. Les mineurs non accompagnés sont particulièrement vulnérables de par leur jeunesse et leur solitude. C’est pourquoi il est primordial qu’ils et elles soient bien entouré-e-s.

Caritas les guide dans leurs démarches quotidiennes grâce à une équipe pluridisciplinaire. Le rôle d’un Buddy est d’apporter une aide complémentaire : il ou elle offre son temps pour passer des moments conviviaux avec le ou la jeune. C’est une personne de confiance avec qui le ou la jeune peut tisser une relation et pratiquer différentes activités.

« Notre travail se concentre plutôt sur le partage d’un réseau et l’intégration. La belgitude si on peut dire. C’est ouvrir notre porte et faire comprendre ce qu’est Noël en Belgique, par exemple, ce que c’est d’avoir un loisir » décrit Marianne. Buddy, ça peut être une personne ou toute une famille. La fréquence des rencontres et l’organisation de celles-ci sont définies entre la jeune personne et le Buddy. Caritas offre un encadrement mais le Buddy décide en toute indépendance du déroulement de son volontariat.

Aucune expérience d’accueil n’est nécessaire. Trois soirées de formation sont organisées avec les volontaires avant la première rencontre avec le ou la jeune. « J’ai beaucoup apprécié car je ne suis pas un professionnel du social et j’ai appris beaucoup. Lors de ces soirées, de nombreux jeunes se présentaient pour parrainer des MENA, ça m’a surpris positivement car je m’attendais à voir surtout des parents, des adultes », se remémore Éric. Par la suite, les Buddies restent en contact avec Caritas pour être accompagnés et pour échanger. « Il y a des soirées de suivi où chacun parle de son expérience. Les vécus sont très différents et ces soirées sont très enrichissantes. » 

L’ART DU MATCHING

Éric, Marianne et leurs enfants ont démarré l’aventure il y a un an et demi. La famille avait d’abord rencontré un jeune afghan mais tant le jeune que la famille n’étaient pas prêts. Ils ont ensuite fait la connaissance de Baraa et l’enthousiasme a été immédiat. « Il est arrivé avec son grand sourire et, tout de suite, on s’est dit que ça allait bien se passer », se souvient Éric. Pour Baraa, le feeling était réciproque : « Ils ont le même caractère que moi. Ils aiment bien rencontrer des gens et parler. »

Caritas International Belgique BUDDY FOR REFUGEE – Partager son quotidien avec un-e jeune réfugié-e

Il est arrivé avec son grand sourire et, tout de suite, on s’est dit que ça allait bien se passer.

Éric, Buddy à Liège

Construire une relation de confiance sur le long terme est la raison qui a motivé la famille liégeoise à rejoindre le projet.  « On avait déjà accueilli des personnes migrantes. Cela s’était très bien passé mais les rencontres étaient très éphémères. Cela durait un jour ou deux. J’avais envie d’une relation à plus long-terme » raconte Éric. Baraa partageait cette même envie.

« Baraa aimait bien être dans une famille avec des jeunes. C’était sa demande et nous, c’est ce qu’on avait à offrir. Il a tout de suite parlé. Il avait des projets, des choses à raconter », explique Marianne. Suite à leur première rencontre, ils et elles ont convenu de se voir toutes les semaines. « On l’invite souvent à manger chez nous. Quand on va au théâtre, on lui propose de nous accompagner. On aime bien aller au cinéma, etc. » précise Éric. « L’idée était de partager notre quotidien. On se rend compte qu’on est riche de notre réseau », ajoute Marianne.

CRÉER UNE RELATION DE CONFIANCE

Les activités sont restées les mêmes depuis la première rencontre, mais la confiance a évolué. « La sympathie a toujours été là mais la confiance mutuelle a évolué. Je pense qu’il a vraiment confiance en nous et que nous sommes un soutien pour lui », explique Éric. Baraa confirme : « C’est un peu comme ma famille. Je parle de tout ce que je ressens, de tout ce que je vis, si je me sens bien ou pas ». 

Durant l’été 2023, la famille biologique de Baraa l’a rejoint en Belgique grâce à la procédure de regroupement familial. Elle a rencontré la famille de Marianne et Éric et tout s’est très bien passé. Baraa continue à partager son temps entre sa famille liégeoise et sa famille syrienne. Le jeune homme a entamé sa dernière année d’études secondaires et rêve de devenir ingénieur civil. « Ici, je peux poursuivre mes rêves et faire mon histoire » dit-il, optimiste.

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C'est un peu comme ma famille. Je parle de tout ce que je ressens, de tout ce que je vis.

Baraa, 17 ans, réfugié syrien

Marianne résume ainsi ces mois passés ensemble : « Le fait de rencontrer Baraa, ça nous a permis de sortir de la stupéfaction qu’on peut avoir en regardant les infos. C’est rencontrer quelqu’un qui a une vie et une histoire à raconter. Ce n’est pas un des milliers dont on parle à la TV, c’est une personne. Le regard qu’il apporte sur ce qu’on vit est très enrichissant. Grâce à lui, on sait un peu plus qui on est et on en sort gagnant. »

L’expérience Buddy for Refugee est riche tant pour le ou la jeune que pour les citoyen-ne-s qui parrainent. C’est un projet qui permet des rencontres, un apprentissage sur l’autre et sur soi-même et un autre regard sur la société.

DEVENIR BUDDY

Vous souhaitez vous lancer en tant que Buddy à Liège ? Contactez Martin Fauville, responsable des volontaires, par e-mail ou via ce formulaire.

Pour devenir Buddy dans une autre antenne belge ou démarrer une activité de volontariat avec Caritas International, compléter ce formulaire.

DECOUVREZ L’INTERVIEW D’ERIC EN VIDEO : 



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