Trois ans de guerre en Ukraine : « Il faudra encore beaucoup de solidarité et de générosité ».

Caritas International Belgique Trois ans de guerre en Ukraine : « Il faudra encore beaucoup de solidarité et de générosité ».

Malgré le conflit, la vie suit son cours dans la région de Chernihiv. - © Caritas Spes

Malgré le conflit, la vie suit son cours dans la région de Chernihiv. - © Caritas Spes

21/02/2025

Cela fait maintenant trois ans que la guerre frappe en Ukraine. « Il s’agit d’une guerre atroce aux conséquences irréversibles », explique Sébastien Dechamps, coordinateur humanitaire chez Caritas International. « Beaucoup de solidarité et de générosité seront nécessaires pendant encore longtemps pour aider la population ukrainienne à traverser cette crise.» 

« En 2025, nous vivons toujours la plus grande guerre que l’Europe ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale », affirment les collègues de Caritas en Ukraine. « La guerre a eu un impact considérable sur les infrastructures de notre pays. Les hôpitaux et les écoles ont été fréquemment bombardés. Des millions de personnes ont dû fuir leurs maisons et ont vu leur vie bouleversée. »

Selon le gouvernement ukrainien, on estime aujourd’hui à 3,6 millions le nombre de personnes déplacées dans le pays. Les Nations unies ont calculé que 12,7 millions d’Ukrainien·nes auront besoin d’aide humanitaire en 2025. Cela représente près d’un tiers de la population. Plus de 9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en Ukraine.

Caritas International Belgique Trois ans de guerre en Ukraine : « Il faudra encore beaucoup de solidarité et de générosité ».

Repas chaud et abris pour les réfugiés dans la région de Lviv, en février 2022. - © Caritas Spes

Depuis le début de l’invasion russe, en février 2022, plus de 4 millions de personnes ont déjà reçu une aide du réseau Caritas en Ukraine. Cette aide a pris plusieurs formes : logement, nourriture, eau potable, argent liquide pour faire des achats ainsi que du soutien juridique, médical et psychosocial. Il existe également des projets visant le retour à l’emploi, l’autonomie et la solidarité au sein des communautés locales. Tout le monde s’accorde à dire que la guerre dure depuis trop longtemps.

« Le peuple ukrainien vit dans les cendres », constate M. Dechamps. « Beaucoup de dégâts matériels ont déjà été causés. Maisons, documents, tout a été perdu. Reconstruire le pays tel qu’il était n’est pas possible. Les dégâts écologiques ne doivent pas non plus être sous-estimés. Des usines chimiques ont été bombardées, il y a des mines non-explosées et l’eau ainsi que le sol ont été pollués. » 

Sur le plan humain, le bilan est particulièrement lourd. « Celles et ceux qui ont perdu la vie ne reviendront jamais. De nombreuses personnes ont été blessées et mutilées. Leur vie a été détruite, parfois pour le restant de leurs jours. Le traumatisme mental est également considérable. Toute cette situation suscite de grands sentiments de haine et de vengeance. Il faudra peut-être deux ou trois générations pour réconcilier la population ukrainienne et les Russes. » 

Des besoins divergents

La guerre a entraîné des besoins humanitaires importants et variés : « D’une part, il y a les besoins immédiats : nourriture, eau potable, argent liquide, abris, soins médicaux. D’autre part, il y a des besoins à plus long terme : soutien psychosocial, remise en service des écoles, reconstruction des bâtiments et des infrastructures, réintégration des personnes par le biais de l’emploi » détaille Sébastien Dechamps. « Nos partenaires en Ukraine travaillent sur tous ces besoins. A 30 kilomètres l’un de l’autre, on peut avoir des projets totalement différents. Une fois la guerre terminée, de nouveaux besoins apparaîtront. Pensons, par exemple, aux projets de réinsertion sociale des anciens combattants. Même dans ce cas, la société civile devra jouer son rôle ».

Les événements en Ukraine ont également eu un impact majeur sur les pays voisins et sur l’ensemble de l’Europe. De nombreuses personnes ukrainiennes ont fui vers la Belgique et d’autres pays européens. Une situation exceptionnelle à laquelle il fallait répondre. En Belgique, Caritas International a ouvert un « helpdesk » pour les réfugié·es ukrainien·nes et les familles d’accueil. Ce service d’assistance est encore fonctionnel à ce jour.

« Le travail de notre helpdesk n’a pas vraiment changé ces dernières années. Les gens posent toujours des questions sur le séjour et la protection en Belgique, le logement, l’hébergement d’urgence, les droits sociaux, les décisions du CPAS, etc. » précise Pieter Van Roye, coordinateur du Helpdesk. « Nous constatons cependant une augmentation du nombre de questions sur l’avenir. Les Ukrainien·nes veulent savoir combien de temps leur séjour en Belgique pourra durer et s’il est envisageable d’y construire une nouvelle vie. Le Helpdesk aide les gens à obtenir les outils nécessaires pour prendre en main leur avenir et créer des perspectives qui correspondent à leurs attentes. » poursuit Pieter.

La force d'un réseau

Lorsque la guerre a éclaté, le réseau Caritas s’est immédiatement mis en action. « C’est une grande chance que ce réseau existe et que les collègues en Ukraine puissent recevoir un tel soutien de la part d’autres pays », explique Sébastien Dechamp. « En Belgique, Caritas International a non seulement mis en place un helpdesk, mais a également recueilli de nombreux dons et a diffusé plusieurs campagnes d’information et de sensibilisation. Des membres du personnel étaient également présents lors de l’accueil des personnes réfugiées au Heysel à Bruxelles. Grâce au consortium 12-12 et à notre propre campagne d’appel aux dons, nous avons pu fournir un important soutien financier à Caritas Ukraine ».

Caritas International Belgique Trois ans de guerre en Ukraine : « Il faudra encore beaucoup de solidarité et de générosité ».

Dégats après une attaque de rockette sur un hopital d'enfants à Khiev, en août 2024. - © Caritas Spes

Grâce à la campagne 12-12, Caritas International a reçu environ 2,2 millions d’euros qui ont été déployés en Ukraine et dans les pays voisins. En outre, nous avons collecté 2 millions par le biais de notre appel aux dons et reçu 2,5 millions du brasseur de bière AB InBev. Tous ces fonds ont été, et continuent d’être, utilisés dans le contexte de la crise humanitaire en Ukraine.

Une grande partie de cette somme est allée à Caritas Ukraine, mais une partie a également été destinée à l’accueil des réfugié·es par des organisations Caritas en Moldavie, en Slovaquie, en Pologne, en République tchèque et également en Russie. « N’oublions pas que plus de 2 millions de réfugié.es ukrainien.nes sont arrivé.es en Russie » précise Sébastien Dechamps.

« Un très bel exemple d’aide a été l’envoi de médicaments à un hôpital de la ville de Dnipro. Pour cela, nous avons pu coopérer avec MSF Supply, une branche de Médecins Sans Frontières. » cite Sébastien.

« L’assistance fournie peut être très variée. Par exemple, nous avons aidé à installer des panneaux solaires dans un centre Caritas pour des personnes ukrainiennes déplacées, à 100 kilomètres à l’ouest de Kiev. Ce projet a pu être réalisé grâce au soutien financier d’une fondation luxembourgeoise. L’électricité est devenue rare et coûteuse en Ukraine, et investir dans des panneaux solaires est donc une solution judicieuse, durable et tournée vers l’avenir. » poursuit-il.

Caritas Slovaquie

Un lien fort s’est tissé entre Caritas International et Caritas Slovaquie suite à la guerre en Ukraine. « À un moment donné, les collègues slovaques ont semblé avoir besoin d’une aide supplémentaire. Nous avons réagi depuis la Belgique en apportant un soutien financier et en aidant les Slovaques à développer un programme d’assistance psychosociale pour les réfugié·es d’Ukraine. Cette initiative s’est étendue à l’ouest de l’Ukraine, et même à Kharkiv, dans l’est du pays. Actuellement, les besoins en Slovaquie ont diminué, mais le travail en Ukraine se poursuit, avec le soutien de la Belgique et de CAFOD, la Caritas britannique » explique Sébastien.

« La population ukrainienne n’a pas de souhait plus cher que de retrouver la paix », conclut Sébastien Dechamps. « Envoyer toujours plus d’armes ne pourra jamais conduire à une véritable solution. Il faut investir fermement dans la diplomatie et les négociations de paix. Les Ukrainien·nes et les Russes doivent réapprendre à se parler. Avec le réseau Caritas, nous apportons notre contribution à la construction de la paix et à la promotion de la tolérance mutuelle, notamment au niveau local, entre les personnes réfugiées et les communautés hôtes. » 

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