Inondations au Sud-Kivu: de nombreuses personnes ont perdu leurs proches

Caritas International Belgique Inondations au Sud-Kivu: de nombreuses personnes ont perdu leurs proches

Le inondations dans la région de Kalehe (Sud-Kivu) ont coûté la vie à des centaines de personnes. De nombreuses familles se retrouvent sans toit. - © Caritas International

Le inondations dans la région de Kalehe (Sud-Kivu) ont coûté la vie à des centaines de personnes. De nombreuses familles se retrouvent sans toit. - © Caritas International

15/05/2023

Le 4 mai 2023, des éléments naturels déchaînés et des inondations ont tué au moins 400 à 500 personnes à Kalehe, une région de la province du Sud-Kivu au Congo. Des milliers d’autres sont toujours portées disparues. Les survivants et survivantes ont besoin d’aide en urgence et la situation sanitaire est dangereusement précaire. Janvier, Agatha et Emmanuel racontent l’horreur qui s’est abattue sur eux.

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Janvier: « Sept de mes enfants sont morts. Ils ont été emportés par l’eau » – © Caritas International

Janvier Munyampa Kahundahunda (48 ans) est agriculteur dans le centre de Bushushu, une ville particulièrement touchée. « La pluie a commencé à tomber en fin d’après-midi », se remémore-t-il. « Vers 18 heures, d’énormes coulées de boue et de pierres se sont abattues sur nous. Il y a eu des glissements de terrain, des pans entiers de la colline se sont détachés. Certains habitants ont pris la fuite. Durant la nuit, nous avons aperçu des cadavres. De nombreuses maisons ont été emportées. »

La femme de Janvier et un de leurs enfants ont survécu. « Mes sept autres enfants sont décédés. Ils ont été emportés par l’eau. Ils vendaient de la bière. Le dépôt dans lequel ils travaillaient a été rayé de la carte. »

La maison de Janvier est toujours debout, mais toutes les habitations aux alentours ont disparu. « Après la catastrophe, de nombreux pillages ont eu lieu. Aujourd’hui, je n’ai plus rien. Mes deux chèvres se sont volatilisées, mes champs sont détruits. Je porte toujours les vêtements que j’avais sur moi au moment des inondations. C’est tout ce qui me reste. »

Janvier espère pouvoir déménager vers un endroit sûr où reconstruire sa vie avec sa femme et son enfant survivant, « Nous espérons recevoir du soutien pour construire une nouvelle maison », explique-t-il.

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Agatha se retrouve seule avec son petit frère Désiré: « Des passants m’ont aidée à sortir de l’eau en me jetant une corde » – © Caritas International

Agatha a perdu une grande partie de sa famille

Agatha Abali Aimée a 16 ans. « En rentrant de l’école, j’ai retrouvé ma famille à la maison. La pluie tombait déjà et je m’apprêtais à aller dormir quand j’ai entendu du bruit à l’extérieur : les maisons aux alentours étaient en train d’être emportées. J’ai alerté ma famille et nous sommes tous sortis. Mon père a essayé de sauver mes petits frères et sœurs, mais l’eau et les pierres les ont emportés. J’ai nagé. Des passants m’ont aidée à sortir de l’eau en me lançant une corde. Autour de moi, les gens tentaient de grimper aux arbres pour se mettre en sécurité. Certains tombaient à l’eau. Tout le monde a passé la nuit dehors. »

Seuls Agatha et son frère de 12 ans ont survécu. Son père, sa mère et ses autres frères et sœurs n’ont pas eu cette chance. « Nous vivons maintenant chez un de mes oncles », raconte la jeune fille. « On nous a donné les habits que nous portons aujourd’hui. Nous ne sommes pas retournés dans notre village depuis les inondations, mais nous savons que notre maison n’existe plus. »

Agatha a besoin d’une maison où elle pourra vivre. « Je veux continuer à aller à l’école. J’aimerais étudier la biochimie pour devenir médecin et soigner des gens. Mon petit frère Désiré est en 5e primaire. Lui aussi veut devenir docteur. »

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Emmanuel, directeur d’une école : « Notre école est maintenant inutilisable » – © Caritas International

A l’école d’Emmanuel, de nombreux élèves manquent à l’appel

Emmanuel Kanani Hamuli est le directeur de l’école EP Nyamukubi. « J’étais sur place lorsque la catastrophe a touché le village », témoigne-t-il. « Je me suis mis en sécurité pour éviter d’être emporté par la coulée de boue. Dans mon école, on dénombre 30 enfants disparus. Tous ces enfants sont décédés, mais seuls quelques-uns ont pu être enterrés. »

« Le bâtiment est maintenant inutilisable, les murs sont fissurés et ce serait trop dangereux pour les élèves d’étudier ici. Les trois écoles de la zone ont été endommagées ou détruites, plus aucune ne fonctionne. Nous ne savons pas comment les élèves vont finir l’année scolaire. Les routes qui mènent aux écoles encore ouvertes sont impraticables. Il faudrait y aller en bateau via le lac, mais la traversée est payante. Nous manquons de tout pour relancer les activités de l’école : stylos, livres, cartables, uniformes… En fait, il faudrait construire de nouveaux bâtiments pour pouvoir accueillir les enfants en sécurité. »

Un des enseignants de l’école EP Nyamukubi est également décédé durant la catastrophe naturelle. Dans le village de Bushushu, une des écoles restée debout est utilisée comme morgue pour entreposer les corps avant de les enterrer, le plus souvent dans des fosses communes. Pour la communauté locale, il est impensable d’y donner encore cours à l’avenir.

Vous pouvez soutenir les victimes des inondations au Sud-Kivu via notre plateforme de dons en ligne ou via le compte BE88 0000 0000 4141 avec la communication « 4894 KIVU ».

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