Famine au Sahel et dans la Corne de l’Afrique : il faut agir urgemment

Caritas International Belgique Famine au Sahel et dans la Corne de l’Afrique : il faut agir urgemment

Ethiopie : les habitant-e-s attendent anxieusement en espérant que la pluie tombe enfin. En 2011, l'absence de pluies a alors entraîné une crise alimentaire massive dont la population ne s'est toujours pas remise. Christoph Gödan / Caritas international

Ethiopie : les habitant-e-s attendent anxieusement en espérant que la pluie tombe enfin. En 2011, l'absence de pluies a alors entraîné une crise alimentaire massive dont la population ne s'est toujours pas remise. Christoph Gödan / Caritas international

31/05/2022

Dans la région du Sahel et de la Corne de l’Afrique, plusieurs millions de personnes sont confrontées à la sécheresse et à la famine. Alors que le monde entier a bien sûr les yeux rivés la guerre en Ukraine, 15 à 16 millions de personnes en Éthiopie, au Kenya et en Somalie ont un besoin urgent d’aide alimentaire. Le problème se pose dans des pays comme l’Éthiopie, le Kenya, la Somalie et le Niger. L’heure tourne : il est urgent d’agir.

Dans le nord du Kenya, une femme a perdu tout son bétail à cause de la sécheresse : « tant de personnes ont perdu leurs animaux » dit-elle à un membre du personnel de la Caritas locale. « Des milliers d’animaux sont morts. Ma famille et moi n’avons pas d’eau. J’avais presque 300 chèvres, mais elles sont toutes mortes. »

Table ronde à Genève

Des diplomates et des membres des agences des Nations unies se sont réuni-e-s à Genève le 26 avril 2022 pour discuter de la fourniture de l’aide dans la Corne de l’Afrique. Initialement, l’objectif était de trouver des financements auprès de donateurs, mais la réunion n’a finalement été qu’une table ronde. « Il y a clairement un manque de ressources suffisantes pour prendre des mesures décisives. Parmi les grands donateurs, seuls les Etats-Unis ont jusqu’à présent pris des mesures claires », déclare Jean-Yves Terlinden, coordinateur humanitaire chez Caritas International.

La sécheresse est loin d’être le seul problème au Kenya, en Somalie, en Éthiopie et au Burkina Faso, souligne Caritas Afrique. Ces pays sont aussi confrontés à des tensions et conflits internes, aux déplacements de populations et aux effets de Covid-19. Par ailleurs, certains de ces pays importent beaucoup de blé de Russie ou d’Ukraine. La hausse des prix du carburant a aussi un impact sur la production alimentaire, notamment chez les petit-e-s agriculteurs agricultrices, ainsi que sur les coûts de transport et les chaînes d’approvisionnement.

Beaucoup trop peu d’argent

« Pour 2022, les Nations Unies ont demandé 6 milliards de dollars pour l’Éthiopie, la Somalie et le Soudan du Sud« , indique Jean-Yves Terlinden. « À la fin du mois de mars, le financement atteignait seulement 3 % de ce montant. » Si on regarde les appels de 2021, on constate qu’ils n’ont été que très partiellement couverts : dans le cas du Niger pour 51,5%, dans le cas du Burkina Faso pour 48,9%, dans le cas du Kenya pour 18,9%. Seule la Somalie a atteint une couverture de 91,0%.

Les organisations locales ont un rôle unique à jouer dans la mise en place d’opérations humanitaires efficaces et solides. Ils connaissent les contextes sensibles et sont très proches des communautés qui vivent une crise. Au sein de Caritas Afrique, les organisations du Burkina Faso, du Niger, du Mali, du Nigéria, du Sud-Soudan, de l’Ethiopie et du Kenya ont identifié trois priorités principales : trouver de toute urgence suffisamment d’argent pour l’intervention humanitaire ; soutenir les acteurs locaux et nationaux dans ce qu’ils font ; et se concentrer sur les causes de la crise alimentaire et sur les efforts visant à rendre les communautés touchées beaucoup plus résilientes à long terme.

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Les conflits, la dégradation de l'environnement et la mauvaise gouvernance sont à l'origine de l'insécurité alimentaire, des sécheresses et de la famine dans de grandes parties de l'Afrique

Jean-Yves Terlinden, coordinateur humanitaire à Caritas International

« Les conflits, la dégradation de l’environnement et la mauvaise gouvernance sont à l’origine de l’insécurité alimentaire, des sécheresses et de la famine dans de grandes parties de l’Afrique », explique Jean-Yves Terlinden. « Il ne faut pas non plus sous-estimer l’impact du changement climatique. Malheureusement, il n’y a pas de solution rapide ou facile à ces problèmes. Toutefois, il ne suffit pas d’organiser des conférences ou des tables rondes. Avant tout, la communauté internationale doit agir rapidement pour éviter autant de souffrances que possible au Sahel et dans la Corne de l’Afrique. »

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