Entre violence et pauvreté, les jeunes construisent leur avenir

Caritas International Belgique Entre violence et pauvreté, les jeunes construisent leur avenir

Sam Phelps/Caritas

Sam Phelps/Caritas

26/02/2018

Boko Haram ne fait plus les gros titres. Pourtant, il continue de dominer le quotidien de la population autour du lac Tchad. Début 2018, les terroristes de Boko Haram ont ainsi attaqué une base militaire située dans le village de Chétimari au Niger, village où Caritas travaille et forme des jeunes.

Des 17 millions d’habitants qui vivent dans les pays entourant le lac Tchad (Nigeria, Tchad, Cameroun et Niger), près de 10,9 millions ont urgemment besoin d’aide[1]. Les violences, la pénurie de biens de base et la pression accrue sur les réserves naturelles sont les éléments clés de cette crise. Le lac Tchad, qui fournit de l’eau pour l’agriculture et les ménages, a décru de 90 % ces 40 dernières années alors que la population ne cesse de croître. L’insécurité alimentaire touche 4,5 million de personnes.

En fuite

Dans la région, près de 2,3 millions de personnes ont été contraintes de fuir à l’intérieur du pays ou vers les pays voisins. Ils sont accueillis par des communautés qui – elles-mêmes – sont extrêmement pauvres. Comme à Chétimari, par exemple. Un village situé à une trentaine de kilomètres du lac Tchad et où il fait plus calme que dans les villages autour du lac. Fin janvier 2018 pourtant, Chétimari aussi a été assaillie par le groupe de Boko Haram.

« Les réfugiés accueillis à Chétimari sont toujours en alerte. Ils ont constamment peur. Au moment de l’attaque, ils se sont immédiatement réfugiés dans la brousse », raconte Chetima Mai Moussa, notre collègue au Niger, originaire de Chétimari. « La population locale, par contre, essaye de garder un semblant de sang-froid. Cela s’explique par le fait que Boko Haram avait laissé entendre qu’il s’attaquerait principalement aux militaires, pas aux civils. »

Frontière facile

Pendant la saison des pluies, la rivière Koumadougou forme une frontière naturelle entre le Niger et le Nigeria, pays où Boko Haram s’est construit. Pour l’instant en saison sèche, l’eau est à son niveau le plus bas. La rivière est alors facilement franchissable. C’est pourquoi Chétimari aussi est devenue la cible des attaques de Boko Haram.

Parce que cette organisation terroriste se déplace principalement en mototaxi et est très présente autour du Lac et de la rivière, les autorités ont interdit à la population de se déplacer en mototaxi, de pêcher ou de cultiver des légumes sur les berges de la rivière. Dans une région déjà très pauvre et qui manque cruellement de nourriture et de biens de première nécessité, cette décision réduit encore les perspectives professionnelles pour les jeunes. Boko Haram réussit, par conséquent, avec de petites sommes d’argent à recruter de nombreux jeunes.

Créer des perspectives d’avenir

Pour proposer des perspectives d’avenir durables aux jeunes dans la région de Diffa, Caritas a développé un projet d’éducation. Les jeunes sont formés et reçoivent le matériel nécessaire pour démarrer une petite entreprise.

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Aissa Malan Kori, une des jeunes participantes au projet.

« Après la sixième primaire, j’ai dû arrêter l’école. Mon père est aveugle et ma mère femme au foyer, nous vivions au jour le jour sans revenu régulier », raconte Aissa Malan Kori (18 ans). « Maintenant que j’ai reçu la formation et les outils, je gagne au moins 2.500 FCFA (presque 4 €) par jour grâce à mon petit atelier de transformation d’arachides. Je collabore avec deux autres jeunes et peut soutenir ma famille financièrement. J’arrive même à épargner une partie pour réparer ma machine au cas où elle serait défectueuse. Je suis très contente. »

Caritas a déjà accompagné 57 jeunes femmes et hommes à Diffa, Chétimari et Mainé Soroa. Parmi eux : des ferronniers, des menuisiers, des couturiers et des peintres. Dix jeunes avec un handicap ont également été formés en ferronnerie et travaillent aujourd’hui dans leur propre atelier.



[1]

Source : UNOCHA, consulté le 15/02/2018

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