Un autre accueil est possible pour les MENA ‘en transit’

Caritas International Belgique Un autre accueil est possible pour les MENA ‘en transit’
20/12/2023

En Belgique, des mineurs étrangers non accompagnés (MENA) choisissent de ne pas demander la protection internationale ou sont très incertains quant à la construction d’une perspective d’avenir dans le pays. Sur base de son expérience de terrain, l’équipe Xtra MENA retrace le parcours de ces jeunes, souligne les difficultés auxquelles ils et elles font face et formule des recommandations dans son nouveau rapport.

Beaucoup de mineurs étrangers non accompagnés sont en Belgique de manière temporaire et souhaitent poursuivre leur route vers le Royaume-Uni ou d’autres pays européens. On les appelle « MENA en transit ». Ces jeunes viennent principalement d’Érythrée ou d’Éthiopie et sont dans des situations juridiques très diverses.

En mode de survie, ils et elles ne font souvent confiance à personne et font profil bas, en évitant tout contact avec les autorités. La police est généralement la première autorité publique avec laquelle ces jeunes entrent en contact.

« Certains jeunes arrivent dans notre pays après être passés par la Lybie, un pays décrit comme un enfer par la plupart des jeunes car on y enferme les migrants dans des centres de détention aux conditions inhumaines. Ils passent ensuite par l’Italie et la France. D’autres sont en Europe depuis un petit temps et essaient de se rendre au Royaume-Uni depuis des parkings en Belgique. D’autres encore font des allers-retours entre Calais et Bruxelles où ils viennent se reposer avant de retourner sur le littoral » explique Jeanne. La rencontre avec la police est donc déterminante pour leur perception et leur attitude à l’égard des autres organismes publics.

Pour inclure durablement les MENA ‘en transit’ dans le système d’accueil existant, il est essentiel de sensibiliser et de former les services de police, et par extension tous les services institutionnels, aux besoins de ces jeunes. Il est également primordial que la police leur accorde le bénéfice du doute et respecte la présomption de minorité jusqu’à ce qu’un test d’âge soit effectivement effectué.

Vie dans la rue et disparitions

Livré-e-s à eux-mêmes, ces jeunes sont à la merci de personnes qui peuvent être malintentionnées. Ils évitent de se signaler aux autorités et n’ont donc pas accès à la protection qui est pourtant un droit en tant que mineur-e. Les informations reçues lorsqu’ils ont quitté leur pays d’origine, lors de leur trajet d’exil ou encore lors de leur arrivée en Belgique se révèlent souvent contradictoires, incomplètes ou incorrectes. « L’état d’esprit des MENA ‘en transit’ est principalement marqué par la peur et la méfiance. » témoigne Jeanne. L’absence d’informations correctes et compréhensibles ne fait qu’accroître leurs craintes. Il est essentiel que ces jeunes soient correctement informés de leurs options et des différentes étapes des procédures dans lesquelles ils se trouvent, et ce dans une langue qu’ils peuvent comprendre.

Nécéssité de maintenir un pré-accueil

Présente depuis 2018 auprès de ces jeunes dans les lieux où ils et elles évoluent, l’équipe du projet Xtra MENA de CAP Brabantia – antenne Caritas International – a développé une expertise quant aux obstacles et difficultés qu’ils et elles rencontrent. Sur base de cette expertise, elle offre un soutien intensif et des conseils pour l’orientation future de ces jeunes afin de réduire le nombre de disparitions inquiétantes et d’être en mesure de renforcer le climat de confiance pour les guider vers un système formel.

Dans son rapport de 2021, Les mineurs non-accompagnés en transit en Belgique et la nécessité d’un pré-accueil , l’équipe Xtra MENA avait formulé plusieurs recommandations concernant la nécessité d’un pré-accueil. Sur base de ces recommandations, Médecins Sans frontières a mis en place un projet pilote où les jeunes en transit peuvent trouver refuge. Ce lieu leur permet de réfléchir à leur situation dans le calme et la sécurité. « En tant que travailleurs de terrain, nous constatons que les jeunes sont beaucoup plus susceptibles d’être ouverts aux informations que nous leur offrons et de poser des questions lorsque leurs besoins primaires ont été satisfaits, qu’ils ont pu se reposer, se sentir en sécurité et en confiance » témoigne Jeanne.

Depuis mai 2023, ces jeunes sont accueillis sans condition de signalement pendant les trois premiers mois dans les centres d’AMRAN et de Dubrucq. Il s’agit d’un grand pas en avant mais les besoins restent importants. La situation des MENA ‘en ‘transit’ n’est pas temporaire. C’est pourquoi nous plaidons pour un maintien durable de ces projets et pour une augmentation du nombre d’initiatives. Nous pourrons alors travailler de manière plus personnalisée et investir dans un encadrement de qualité.

L'interview vidéo de Jeanne - Coordinatrice du projet Xtra Mena

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