Quatre jeunes réfugiées de Youth in Transit Liège créent leur propre émission de radio

Caritas International Belgique Quatre jeunes réfugiées de Youth in Transit Liège créent leur propre émission de radio

© Caritas International

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30/04/2025

Le quotidien des jeunes réfugié·es est trop souvent rythmé par les tracas, loin des joies de l’adolescence. Pour remettre un peu de légèreté dans leur vie, Jonas Posset, éducateur, leur propose des ateliers ludiques. Quatre jeunes adolescentes ont ainsi pu réaliser une émission radio en partenariat avec 48FM à Liège. Retour sur ce projet riche en découvertes et en apprentissages.

Jonas et ses collègues de Youth in Transit à Liège proposent des logements individuels et un accompagnement vers l’autonomie à des mineur·es isolé·es ayant obtenu le statut de réfugié·e. Le soutien concerne principalement des activités fonctionnelles (l’école, les rendez-vous médicaux, l’apprentissage des courses et du lavoir, etc.) mais comporte également l’organisation d’activités plus divertissantes. C’est dans le cadre de ces dernières que le projet de création radio est né.

Découverte d’un média et d’un métier

Le projet avait un objectif multiple. « Le premier était de leur faire découvrir un média et un métier. Leur montrer, par exemple, qu’il y a d’autres manières de consommer la musique et l’actualité », commence Jonas. De plus, s’immerger dans la culture locale permet de faire des connaissances et de créer du lien, ce qui facilite l’intégration. Pour trouver de nouvelles idées d’ateliers, Jonas se demande toujours : « Que voudrait faire un ado lambda ? ». A travers l’émission radio, un bjectif était de trouver l’équilibre entre une chouette activité qui plairait à des jeunes, tout en proposant une expérience unique. « Aller au paintball, au bowling ou au karting, elles pourraient le faire par elles-mêmes. Visiter des locaux radio, par contre, c’est carrément hors du commun », précise l’éducateur.

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Quatre ados au micro

Toute nouvelle activité imaginée par l’équipe d’éducateurs et éducatrices est présentée à l’ensemble des jeunes de Youth in Transit. Chacun· est ensuite libre de s’y inscrire. Dans ce cas-ci, ce sont quatre jeunes somaliennes qui ont sauté sur l’occasion. « C’est intéressant car ce n’est pas un projet pensé directement pour elles se le sont approprié » déclare Jonas. « Elles ont vu qu’elles formaient un groupe, dans un cadre très sécurisant, et elles se sont rapidement senties valorisées » poursuit-il.

Trouver ses sujets

La création de l’émission radio s’est étalée sur dix ateliers. Le premier fut consacré à la visite des locaux de 48FM et à une première question : qu’est-ce qu’on choisit comme sujet pour l’émission ? Afin d’y répondre, les jeunes filles ont choisi chacune deux cartes parmi toute une panoplie d’images disposées sur la table. Ensuite, elles ont élaboré ensemble une histoire à partir de toutes les cartes retenues. Au fur-et-à-mesure, « cela nous a permis de faire ressortir des sujets qui les intéressaient : la musique, la culture et le voyage » développe Jonas. « Grâce à cet exercice, elles se familiarisaient également avec le micro ».

S’ensuivront par la suite une dizaine de rendez-vous, où les jeunes filles apprendront, entre autres, à faire un mix de musique, à dessiner et vectoriser un logo ou encore monter une piste sonore, le tout à travers des rencontres avec des professionnel·les de la radio. Le projet comporte également une dimension journalistique au long-court : préparer les sujets, rédiger les questions, réaliser des interviews, etc.

Affronter ses peurs

Au départ, c’est bien naturel, le stress est présent. Parler au micro et interroger des personnes inconnues est intimidant. Prendre la parole en public est un exercice compliqué lorsqu’on n’y est pas habitué. « On a commencé entre nous, pour dédiaboliser tout ça. Je leur ai dit : parlez comme vous le sentez, en français ou en anglais, racontez-ce que vous voulez, c’est votre émission. » commente Jonas.

Dans un second temps, une fois que les filles étaient à l’aise avec le médium, elles sont allées interroger des passant·es, couvrir un festival de théâtre et rencontrer son organisatrice ou encore interviewer une DJ. « Elles se sont progressivement ouvertes à l’extérieur », se remémore l’éducateur.

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Avant, je n’osais pas parler aux personnes que je ne connaissais pas, mais après avoir fait le projet radio, c’est devenu beaucoup plus facile.

N., participante

« Avant, je n’osais pas parler à des gens que je ne connaissais pas. Mais après la radio, j’ai remarqué que c’était facile » explique N., participante, avec le sourire. « J’ai appris à faire des interviews et aussi comment jouer de la musique comme un DJ » poursuit-elle.

« Ces ateliers étaient d’une part professionnalisant et de l’autre, les personnes interrogées sont conscientes de leur situation, qu’il y a deux ou trois ans elles étaient encore en Somalie et qu’aujourd’hui elles réalisent des interviews avec des questions franchement intéressantes. C’est valorisant pour elles. » poursuit-il.

« Avant, je n’osais pas poser des questions mais maintenant j’aime trop le journalisme » assure N., enthousiaste.

Une réussite et des leçons apprises

Au final, sur quelques semaines, les jeunes ont créé une émission de A à Z. Celle-ci a été présentée à l’ensemble des jeunes et de l’équipe de Youth in Transit lors d’une écoute collective et diffusée à la radio. « Mon rôle, c’était de leur donner une opportunité, de mettre tout en place pour leur montrer que certaines choses sont possibles », explique Jonas. L’éducateur insiste : le projet était centré autour du dialogue. « Je voulais vraiment leur faire comprendre que cette émission était une belle opportunité pour tester quelque chose de nouveau, que c’était un tout petit aperçu de la vie active », explique-t-il.

« Quand j’ai fait l’interview au théâtre, j’ai réalisé que je savais bien faire les interviews et maintenant que c’est plus facile pour devenir journaliste » conclut M., participante ravie.
« Grâce à cela, elles ont pu en retirer beaucoup d’amour-propre et la fierté d’avoir un projet achevé. Elles ont dû sortir de leur zone de confort. Si j’ai pu simplement ouvrir leur intérêt et leur introduire de nouvelles idées, ça serait une réussite ». Et c’est chose faite puisque deux jeunes filles ont manifesté l’envie de faire du journalisme et de continuer à travailler avec 48FM. Pour finir, les quatre jeunes filles auront l’opportunité de passer de la musique en tant que Djs lors des Fêtes de la Musique à Liège en juin prochain sous leur nom de scène “Sahbat Waadag “ !

Merci à Martha et à toute l’équipe de 48FM pour cette belle collaboration !

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