Hassan (17 ans) : « Ma tutrice me guide et m’encourage » [LONG READ]

Caritas International Belgique Hassan (17 ans) : « Ma tutrice me guide et m’encourage » [LONG READ]

Les MENA ont souvent un énorme potentiel mais ils ne savent pas vraiment ce qui leur arrive. - Canva

Les MENA ont souvent un énorme potentiel mais ils ne savent pas vraiment ce qui leur arrive. - Canva

24/11/2022

La vie des mineurs étrangers non accompagnés (MENA) est loin d’être rose. Arrivé-e-s en Belgique sans parent, ces jeunes hommes et jeunes filles y introduisent une demande de protection dont l’issue est incertaine. Hassan[1] est un jeune Afghan de 17 ans, qui habite dans un centre d’accueil au nord du pays. Bieke Van Houdt, tutrice auprès du CAP Brabantia – Antenne Caritas International, l’accompagne. « Bieke est mon guide », témoigne Hassan. « Elle connait les réponses à beaucoup des questions que je me pose. Elle peut aussi me motiver et m’encourager. Elle m’aide à faire avancer les choses. J’aime beaucoup papoter avec elle. Sans tutrice, ma vie serait vachement plus compliquée. »

L’école est tellement cool que j’aimerais y aller même le week-end.

Hassan, jeune Afghan de 17 ans

Hassan est arrivé en Belgique il y a environ 2 ans et demi. Malgré son statut précaire, il est heureux de vivre ici. « Je vais chaque jour à l’école, ce qui n’était pas le cas en Afghanistan. Là-bas, il y avait des problèmes financiers et beaucoup de violence ».

Hassan considère aussi l’égalité entre les hommes et les femmes comme l’un des bons côtés de la société belge. « Ici, les gens interagissent différemment. A l’école, par exemple : en Afghanistan, les enseignant-e-s nous battaient souvent quand on faisait des erreurs, ce qui n’était vraiment pas motivant. Ici, le contact avec les profs est complètement différent. L’école est tellement cool que j’aimerais y aller même le week-end. »

Mieux lire et écrire  

En 2021, Hassan suivait des cours à temps partiel et réalisait surtout des travaux pratiques. Aujourd’hui, il va en classe cinq jours par semaine. Il est très désireux d’apprendre à mieux lire et écrire. A l’oral, son niveau de néerlandais est déjà assez impressionnant. « Je suis des cours de cuisine, de peinture, d’électricité, d’encadrement d’enfants ou encore d’assistant logistique. Plus tard, je pourrai choisir mon orientation future ».

Comme beaucoup de jeunes de son âge, Hassan chérit des rêves pour son avenir. « Vers l’âge de 30 ans, j’aimerais avoir ma propre entreprise, un magasin par exemple », explique-t-il. « Pour l’instant, je veux surtout acquérir le plus de connaissances possible et identifier dans quelle branche je veux me spécialiser. »

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Comme Hassan, Nazar Ali est arrivé mineur et seul en Belgique. Avec émotion, il revient sur les quatre années les plus difficiles de sa jeune vie.

A 14 ans, tu termines l'école et tu rentres chez toi mais il n'y a personne.

Nazar Ali, arrivé seul en Belgique à l'age de 14 ans.

Spécialiste en hamburgers 

Après l’école, Hassan travaille pour gagner un peu d’argent. « Je bosse dans un restaurant de hamburgers bien connu à Malines, où ils sont très contents de m’avoir », raconte fièrement le jeune homme. « Je suis maintenant capable d’y faire tout ou presque : cuire des hamburgers, travailler en cuisine, servir en salle… ».

Récemment, Hassan a reçu une décision négative concernant sa demande de protection internationale (asile). Mais son avocat a fait appel. Sa tutrice Bieke lui a suggéré d’envisager également une autre voie, en concertation avec son avocat. « Je devrai alors écrire toute une lettre pour raconter ma vie, ce que je fais maintenant, ma situation scolaire, ma famille. Mais cela implique aussi de passer un nouvel entretien[2]. » Hassan est d’accord avec cette proposition. « C’est en Belgique que je veux construire mon avenir ».

Des jeunes fantastiques 

Bieke tire une grande satisfaction de son travail comme tutrice de MENA. « C’est fantastique de travailler avec eux », confirme-t-elle. « Ces jeunes ont souvent un énorme potentiel mais ils ne savent pas vraiment ce qui leur arrive. Je fais de mon mieux pour les renforcer dans leurs capacités et leurs talents et leur donner un appui. »

Laurence Bruyneel coordonne l’équipe de tutelle du CAP Brabantia – Antenne Caritas International.  Elle confirme que l’accompagnement assuré par les tuteurs/rices est vital pour les jeunes. On constate pourtant un manque cruel de candidat-e-s pour occuper cette fonction.

« Les jeunes se trouvent dans une situation précaire », explique Laurence. « Le plus important est de ne pas aggraver leur situation. Les tuteurs/rices jouent un rôle essentiel, car ils et elles sont souvent la seule constante dans la vie des MENA, faite de beaucoup de changements et d’incertitudes : les centres d’accueil changent, les interlocuteurs sociaux changent… ».

Caritas International Belgique Hassan (17 ans) : « Ma tutrice me guide et m’encourage » [LONG READ]
La majorité des jeunes MENA accompagnés par Caritas viennent d'Afghanistan, mais l'équipe de tuteurs/rices guide également des jeunes originaires d’Érythrée ou encore de Somalie. – Caritas International

Pour bien faire ce métier, il faut faire preuve de créativité, de capacités à résoudre des problèmes et de résistance au stress. Il faut essayer de préserver un bon équilibre entre distance et proximité.

Laurence Bruyneel de notre équipe de tuteurs et tutrices

Le profil des tuteurs et tutrices 

« Idéalement, les tuteurs/rices ont un diplôme en lien avec les situations difficiles qu’ils/elles vont rencontrer dans le cadre de leur fonction », explique Laurence. « Lorsque vous devenez tuteur/rice, vous bénéficiez d’une formation poussée. Mais le travail s’apprend surtout grâce à la pratique. Il faut maîtriser à la fois le cadre théorique et les aspects concrets. Il faut aussi se tenir au courant des évolutions constantes au niveau de la législation, du secteur, de l’enseignement. Certains jeunes que nous accompagnons souffrent par ailleurs de problèmes médicaux ou psychologiques ».

« Pour bien faire ce métier, il faut faire preuve de créativité, de capacités à résoudre des problèmes et de résistance au stress. Il faut essayer de préserver un bon équilibre entre distance et proximité. Et bien sûr, apprécier de travailler dans un environnement multiculturel ».

Vous aussi, accompagnez des jeunes mineurs 

L’équipe de Caritas International compte actuellement 10 tuteurs et tutrices professionnels. Chacun-e accompagne entre 20 et 25 jeunes réfugié-e-s. Caritas engage régulièrement de nouvelles recrues. « N’hésitez pas à nous faire parvenir votre candidature spontanée », confirme Laurence. Envoyez votre candidature spontanée à cv@caritas.be.

Il existe aussi des tuteurs/rices indépendant-e-s. Pour postuler, il faut alors prendre contact avec le Service public fédéral Justice[3].



1

Hassan est un nom d’emprunt.

2

L’entretien mené par le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA) est une grande source d’angoisse et d’inquiétude pour les personnes en demande de protection internationale. Il s’agit de revenir sur des moments difficiles et se replonger dans le passé.

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