Employé ou indépendant, il existe différentes possibilités pour devenir représentant légal d’un-e mineur-e. Caritas emploie actuellement une dizaine de tuteurs et tutrices, apprécie le travail des personnes prenant ce rôle de manière indépendante et organise des échanges avec elles. Tout comme notre personnel, elles ont, elles-aussi, besoin de formations et d’un encadrement de qualité, comme démontré récemment dans un rapport de Vluchtelingenwerk Vlaanderen[2] . Laurence Bruyneel, coordinatrice des tuteurs et tutrices de Caritas, vous explique son métier.
Quel est le rôle des tuteurs/rices indépendant-e-s et en quoi diffèrent-il de celui des employé-e-s ?
Laurence Bruyneel : Toutes les personnes en charge de tutelle de jeunes ont l’obligation – en tant que représentant légalde veiller à leur bien-être général. Qu’elles soient employées ou indépendantes, leur tâche reste donc la même. Elles doivent soutenir le/la mineur-e étranger non-accompagné (MENA) dans diverses situations. Tout au long des étapes qui mènent à la majorité, y compris la préparation à la vie après la majorité. Un contact régulier et la construction d’un lien de confiance sont cruciaux pour bien savoir à quoi le/la jeune aspire et ainsi pouvoir défendre ses intérêts au mieux.
La grande différence est que les tuteurs/rices employé-e-s travaillent comme salariés auprès d’une organisation, comme Caritas International[3], et que les indépendante-s sont – le mot le dit – indépendants. Ils ont donc parfois un autre emploi à côté. Si ces personnes sont confrontées à des problèmes difficiles à aborder ou à régler, les tuteurs/rices indépendant-e-s peuvent compter sur notre soutien via un Helpdesk.
Quels problèmes rencontrent les tuteurs et tutrices ?
Laurence : Ils doivent créer et construire un lien de confiance avec le ou la jeune, être leur soutien inconditionnel et, en même temps, garder une certaine distance. C’est un exercice d’équilibriste quotidien afin de trouver la meilleure façon de le faire. La préparation aux interviews du CGRA[4] aussi est souvent compliquée, surtout lorsqu’il s’agit d’une première fois pour le ou la tuteur/rice et que ses connaissances de la législation sont encore limitées.
Pour commencer, ils reçoivent une formation de base du Service des Tutelles. Via notre Helpdesk et d’autres formations que nous organisons, nous renforçons ensuite leurs connaissances, know-how et compétences spécifiques pour leur permettre d’encadrer au mieux les jeunes. Grâce aux réactions des tuteurs/rices suite à ces formations ou aux contacts avec le Helpdesk, nous savons qu’ils apprécient le regard nouveau que nous pouvons apporter à leur dossier et ce de manière assez spécifique. Grand nombre de tuteurs et tutrices indépendant-e-s ne travaillent pas en équipe et ils aiment pouvoir échanger avec d’autres. On sent que c’est un besoin qui vit et qui a toute son importance.
Quelles sont les étapes à franchir pour devenir tuteur/rice indépendant-e ?
Laurence : Toute personne qui se sent concernée par la problématique des MENA, qui n’a pas de casier judiciaire et qui a de bonnes compétences organisationnelles et relationnelles peut poser sa candidature. Il ne peut y avoir aucun conflit d’intérêt et la personne candidate doit être majeure et résider en Belgique. Pas besoin de diplôme spécifique par contre. Un-e candidat-e peut introduire sa demande par écrit au Service des Tutelles[5] et sera, ensuite, invité-e pour une interview.
Y a-t-il suffisamment de tuteurs/rices pour MENA dans notre pays ?
Laurence : Oui et non. Il y a plus de tuteurs et tutrice dans certaines régions, moins dans d’autres. Au Limbourg, par exemple, le Service des Tutelles mène actuellement une campagne de recrutement. Par ailleurs, il y a des besoins réguliers pour des tuteurs/rices avec des profils spécifiques. Cela dépend du public-cible. Et, il y a aussi toujours des personnes qui décident d’arrêter. Tout ceci fait que la demande de nouveaux tuteurs et de nouvelles tutrices est constante.
De plus, les instances compétentes n’arrivent pas à enregistrer tous les jeunes MENA parce qu’ils ne se présentent pas tous au Service des Tutelles. Les transmigrants mineurs, par exemple, sont très difficiles à aborder. Ces jeunes sont très méfiants et ont peur de ne pas être reconnus comme mineur. C’est un groupe très mobile et donc difficile à cerner mais grâce à nos permanences, en collaboration avec d’autres acteurs de terrain, nous arrivons à les atteindre et tentons d’avoir une vue globale sur leur nombre et caractéristiques. Il s’agit d’un groupe très spécifique, très vulnérable et qui a particulièrement besoin d’être protégé.