Fatimata: « J’ai tout quitté pour protéger mes enfants »

Caritas International Belgique Fatimata: « J’ai tout quitté pour protéger mes enfants »

« J’essayais de sensibiliser les gens sur les méfaits de l’excision. » - © Caritas International

« J’essayais de sensibiliser les gens sur les méfaits de l’excision. » - © Caritas International

23/10/2023

Fatimata* menait une belle vie au Burkina Faso. Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, elle travaillait avec des jeunes enfants et exploitait un petit commerce. Suite aux pressions de sa famille pour faire exciser ses filles, elle a décidé d’introduire une demande de protection internationale en Belgique. « J’ai tout quitté pour protéger mes enfants », raconte-t-elle lorsque nous la rencontrons au centre d’accueil de Caritas International de Scherpenheuvel, où elle réside depuis juillet 2023.

Les trois enfants de Fatimata habitent avec elle dans le centre d’accueil : ses deux filles de 16 et 4 ans et demi, et son fils de neuf ans. Elle-même âgée de 39 ans, elle était institutrice à Ouagadougou. Elle y vendait aussi des habits, des chaussures et d’autres articles pour femmes.

« Au Burkina Faso, j’avais une bonne vie », dit-elle. « Maintenant, je dois essayer de construire une nouvelle existence ici. Je n’ai jamais eu l’intention de demander l’asile ici, mais le cours de la vie en a décidé autrement. » Depuis 20 ans, Fatimata se rendait régulièrement en Belgique, pour rendre visite à sa sœur qui habite Mouscron.

Ma grand-mère, qui était sage-femme, s’est elle-même battue toute sa vie contre les pratiques d’excision.

Fatimata, résidente à Scherpenheuvel.

Les relations de Fatimata avec son mari n’étaient pas faciles. La famille de ce dernier tenait expressément à ce que leurs filles soient excisées, comme le veut la tradition. « Lorsque mon mari et moi nous sommes séparés, il a voulu obtenir la garde des enfants. J’étais prête à la lui accorder, mais il n’était pas question pour moi d’accepter l’excision de mes filles. Ma grand-mère, qui était sage-femme, s’est elle-même battue toute sa vie contre les pratiques d’excision. »

Caritas International Belgique Fatimata: « J’ai tout quitté pour protéger mes enfants »

Fatima réside depuis juillet 2023 dans le centre d’accueil de Caritas International à Scherpenheuvel. - © Caritas International

Un pays familier

Au vu de cette situation familiale, Fatimata n’avait pas le choix : elle a dû se résoudre à quitter son pays pour de bon. « Je connais la Belgique depuis des années. Pour moi, ce n’était donc pas une destination complètement inconnue. Mes enfants aussi avaient déjà passé plusieurs fois des vacances ici. Je n’ai jamais eu de problème avec les Belges. Les gens sont directs et accueillants. Dans ma culture il y a beaucoup de messes basses, ce qui est moins le cas ici. »

« Au début, les enfants faisaient des cauchemars. Ils avaient peur. Maintenant, ils ont compris qu’ils sont en sécurité dans le centre d’accueil. Je m’entends bien avec les autres résidents et résidentes. Et aussi avec le personnel. Quand il y a un problème, ils et elles trouvent toujours une solution. »

Parfois, Fatima participe au nettoyage du bâtiment. Son implication dans la crèche du centre est également très appréciée. « J’y vais chaque jour pour donner un coup de main », confirme-t-elle. « Je donne à manger aux enfants et je les emmène en promenade. »

Durant son temps libre, Fatima aime danser. Et lire. « J’ai fait connaissance avec un groupe à Bruxelles qui est actif contre l’excision. J’aimerais bien m’y engager moi aussi. Dans un certain sens, j’étais déjà une activiste à Ouagadougou : j’essayais de sensibiliser les gens sur les méfaits de l’excision. Cette pratique d’un autre temps doit être éradiquée. »

Un avenir pour les enfants

Aujourd’hui, Fatimata espère plus que tout obtenir la protection internationale. « Mon plus grand espoir est que mes enfants puissent aller à l’école et construire leur avenir ici. Qu’il et elles soient heureux en Belgique et que je n’aie pas pris tous ces risques pour rien. Je prie Dieu chaque jour pour qu’il exauce mon souhait. »

« Ma fille aînée veut devenir pilote d’avion. Ou hôtesse de l’air. Et mon fils veut devenir président. Les enfants ont des rêves et c’est bien normal. »



*

Prénom d’emprunt.

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