Objectifs de Développement Durable : Analyse chiffrée de la RD Congo

Caritas International Belgique Objectifs de Développement Durable : Analyse chiffrée de la RD Congo

Junior D. Kannah – Ici aussi, dans le centre pour enfants des rue ‘Hope’ à Kinshasa, la faim et la pauvreté sont une réalité.

Junior D. Kannah – Ici aussi, dans le centre pour enfants des rue ‘Hope’ à Kinshasa, la faim et la pauvreté sont une réalité.

08/10/2020

Plus que dix ans pour atteindre les Objectifs de Développement durable de l’Agenda 2030, un plan d’action pour l’humanité, la planète et la prospérité. Plus de pauvreté, faim zéro, une éducation de qualité pour toutes et tous – 17 Objectifs extrêmement ambitieux et porteurs de changement. Focus sur la RD Congo et deux de ses objectifs : la pauvreté et la sécurité alimentaire.

En 2015, les 192 États membres des Nations Unies – en ce compris la Belgique –  se sont engagés à atteindre 17 objectifs portant sur le développement durable d’ici 2030. La République Démocratique du Congo participe également au challenge. En mai 2020, le pays a sorti un rapport analysant l’évolution de la situation, et ce dans un contexte critique puisqu’il occupe la 179ème place sur 189 au niveau de l’Indice du Développement Humain.[1]

Une amélioration mitigée de la pauvreté

Bien que l’extrême pauvreté en RD Congo ait considérablement diminuée entre 2005 et 2012, elle semble être en augmentation depuis.[2] Les causes ? La conjoncture internationale, l’instabilité macroéconomique et la persistance, voire l’accentuation des conflits, particulièrement à l’Est, au Tanganyika et au Kasaï.[3]

Les indicateurs de pauvreté y sont ainsi élevés par rapport aux normes régionales puisque presque trois quarts de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.[4] Un paradoxe pour ce pays si riche en matières premières. Cependant, certains indicateurs sociaux connaissant tout de même une amélioration comme par exemple le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans[5], l’espérance de vie à la naissance[6] ou l’accès à l’énergie électrique[7].

Pour faire face aux défis structurels, l’État congolais dépense près d’un tiers de son budget dans le cadre d’un programme de réduction de la pauvreté. Toutefois, cette part connait une tendance structurelle à la baisse – ce qui pourrait à terme aggraver la situation sur le terrain.[8]

La lutte contre l’insécurité alimentaire

Comparativement à l’Afrique et au monde, le cas congolais est très inquiétant en matière de sécurité alimentaire. Plus de la moitié (56 %) des congolais-es sont touché-e-s par la question de la faim -un taux 2,4 fois supérieur à l’Afrique et 5,2 fois au monde.[9]

Entre 2015 et 2019, le nombre de personnes souffrant de l’insécurité alimentaire aiguë est passé de 5,9 à 15,6 millions de personnes, soit une hausse de 165 %.[10] Ce tableau devrait s’assombrir davantage étant donné des conflits récents, les aléas de la nature (par exemple, l’invasion des criquets) et le recul de l’engagement public dans le secteur agricole. Les conséquences de la malnutrition chronique sur les personnes sont multiples : difficultés scolaires, (1 redoublement scolaire sur cinq est lié à la malnutrition), décès précoce (20 % des décès des enfants de moins de 5 ans sont liés à la malnutrition), etc.[11]

Encore 10 ans pour changer la tendance ?

Caritas International constate que la pauvreté et la sécurité alimentaire a atteint des seuils inacceptables pour les populations, et ce surtout depuis la crise du Covid-19. « La fermeture des frontières externes et la restriction des mouvements internes entre les provinces ont fait flamber les prix. Ces mesures ont empêché les producteurs d’écouler leurs denrées alimentaires sur les marchés habituels. », explique Emmanuelle Henderyckx, représentante de Caritas International en RD Congo. En conséquence ? Une flambée des prix des produits de première nécessité. À Kinshasa, le prix du sac de manioc et de riz a quasiment doublé de prix.

>> LIRE AUSSI: Covid en RD Congo : « Nous avons déjà vécus des situations difficiles, mais jamais à ce point. »

La majorité des projets de Caritas International visent à autonomiser les femmes et les hommes dans les régions autour de Kinshasa. Nous y soutenons la création de coopératives agricoles tant au niveau de la production, de la transformation que de la commercialisation des produits. Il s’agit aussi de soutenir l’approche entrepreneuriale – comme la gestion des flux de production, la prospection de clients, le stockage, le transport etc.

Nous agissons également depuis deux ans dans le Sud-Kivu auprès des populations déplacées[12] à travers des interventions plus humanitaires (distribution de kits d’articles ménagers essentiels et de cash pour acheter des vivres dans les marchés locaux). En effet, la pauvreté atteint fortement les populations à l’Est qui vivent dans des zones de conflits aux mains de milices armées.


Cet article a été réalisé dans le cadre du projet MIND qui reçoit le soutien financier du programme de l’Union européenne pour la sensibilisation et l’éducation au développement (DEAR). Ce contenu relève de la responsabilité de Caritas International et ne reflète pas nécessairement la position de l’Union européenne. 

Caritas International Belgique Objectifs de Développement Durable : Analyse chiffrée de la RD Congo



1

République Démocratique du Congo, Rapport National Volontaire des Objectifs de Développement Durable, mai 2020, consulté le 6/10/2020.

3

Idem.

4

Il s’agit de rappeler que la RD Congo souffre d’une carence en statistiques démographiques actualisées puisque le pays n’a organisé qu’un seul recensement scientifique de sa population qui remonte à 1984. Dès lors, la mise en œuvre de l’Agenda 2030 se fait sur base des projections statistiques de plus en plus critiquées par différentes opinions.
Source : République Démocratique du Congo, Rapport National Volontaire des Objectifs de Développement Durable, mai 2020, consulté le 6/10/M2020.

5

Taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans : 104 pour mille en 2013 à 70 pour mille en 2018.

6

Espérance de vie : 60,4 ans en 2018 contre 58,4 en 2013.

7

En 2018, près de 30% des congolais avaient accès à l’énergie électrique contre un peu moins de 20% en 2016.

9

République Démocratique du Congo, Rapport National Volontaire des Objectifs de Développement Durable, mai 2020, consulté le 6/10/2020.

10

Idem.

11

Idem.

12

Il s’agit de personnes qui ont dû fuir, en urgence, leur village par insécurité, menaces ou incendie et qui ont parcouru des centaines de kilomètres à pied afin de trouver une sécurité dans un village hôte.

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