« Dans la future Europe, nous voulons que des mots tels que démocratie, justice, solidarité et égalité aient un sens. Nous voulons que l’Union européenne (UE) écrive une nouvelle page de l’Histoire, une page dans laquelle les droits humains sont moins un objectif et plus une réalité » a déclaré Maria Nyman, Secrétaire Générale de Caritas Europe.
A l’occasion de la journée internationale des droits humains [2] Caritas Afrique et Caritas Europe [3] encouragent les dirigeant-e-s de l’UE à engager un dialogue sur les violations des droits humains avec leurs homologues africain-e-s dans les pays aux paysages politiques fragiles, où ont lieu actuellement des troubles civils, des coups d’État militaires et des inégalités économiques. Pour assumer un rôle de leader plus fort, il ne s’agit pas de réinventer la roue, soulignent les organisations, mais plutôt prendre des mesures qui reflètent mieux les valeurs fondamentales de l’UE et mettent en œuvre les engagements existants.
L’impact concret des politiques européennes
En tant qu’organisations confessionnelles présentes au niveau local en Afrique et en Europe, leurs membres, dont Caritas International Belgique, sont témoins de l’impact concret des politiques européennes sur la vie des personnes en situation de pauvreté et d’exclusion. Ils savent que, dans certains domaines, les politiques européennes ne profitent pas aux personnes en situation de pauvreté et que les choses doivent changer. Dans une récente enquête menée par Caritas Europe sur la Conférence sur l’avenir de l’Europe[3], les organisations membres ont multiplié leurs demandes pour que l’action extérieure de l’UE soit plus cohérente avec ses valeurs fondamentales.
« Caritas défend les principes universels de la dignité humaine, de la liberté, de la démocratie, de l’égalité, de l’état de droit et du respect des droits humains, et nous voulons que l’action extérieure de l’UE fasse de même, en prenant soin des droits et des besoins des générations actuelles et futures » a affirmé Albert Mashika, Secrétaire Exécutif de Caritas Afrique.
Prendre des décisions guidées par les droits humains
Les deux Caritas régionales regrettent que certaines des politiques actuelles de l’UE contribuent à des formes persistantes d’injustice et soient guidées par un modèle économique basé sur le profit, au détriment de l’environnement, de la dignité humaine et des droits des communautés locales du Sud.
Selon elles, pour que l’action extérieure de l’UE serve les citoyens à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe, il faut avant tout faire preuve d’humilité. Il est essentiel que les décideurs et les décideuses de l’UE reconnaissent l’impact négatif que l’Europe a eu et continue d’avoir dans d’autres régions, et qu’ils et elles assument la responsabilité de s’attaquer aux problèmes structurels qui sont à l’origine de la pauvreté, des inégalités, des violations des droits humains, des catastrophes climatiques et des déplacements forcés.
Une économie centrée sur l’humain
Dans certains domaines, la nécessité d’une volonté politique pour s’attaquer véritablement aux problèmes systémiques est plus évidente. Caritas Europe et Caritas Afrique considèrent qu’il est particulièrement urgent d’adopter des politiques commerciales plus équitables et de mettre en œuvre des principes de responsabilité sociale et de diligence raisonnable en matière de droits humains dans le cadre de la collaboration avec le secteur privé, afin de mettre fin aux pratiques d’exploitation, de répondre aux droits et aux besoins des populations locales et de mieux contribuer à une économie centrée sur l’humain. Les Caritas européenne et africaine estiment également qu’il est urgent de réduire les exportations d’armes et de mettre fin à la collaboration avec les dictatures et les gouvernements qui ne respectent pas les droits humains. Dans d’autres domaines, il existe déjà des possibilités pour l’UE de jouer un rôle plus important au niveau mondial. Par exemple, la dimension extérieure du nouveau plan d’action de l’UE pour l’économie sociale, si elle est mise en œuvre avec ambition, peut être un outil puissant pour réduire les pratiques d’exploitation et renforcer le soutien aux entreprises qui apportent une contribution sociale et environnementale positive à la société.
Des opportunités à ne pas manquer
Ceci dit, Caritas Europe et Caritas Afrique sont également préoccupés par le fait que certaines opportunités risquent d’être manquées. Le nouveau partenariat UE-Afrique, par exemple, est censé adopter une approche centrée sur les personnes, mais certaines priorités proposées lors de la récente réunion ministérielle Union africaine (UA)-UE n’y répondent pas. Des mesures concrètes et ambitieuses visant à développer des voies sûres et régulières pour la migration et la mobilité, ainsi qu’à renforcer le rôle de la société civile dans les efforts de paix, sont quelques-unes des actions requises pour une véritable approche centrée sur les personnes et fondée sur les droits humains, mais qui ne paraissaient pas dans le communiqué conjoint UA-UE.
En amont du 6ème Sommet UA-UE qui se tiendra l’année prochaine, nous demandons instamment aux dirigeant-e-s européen-ne-s et africain-e-s de convenir d’un nouveau cadre de partenariat qui permette à l’UE de jouer un rôle plus significatif et constructif dans la promotion des droits de humains dans le monde.
Pour plus d'informations, veuillez contacter :
Pour Caritas Afrique
Lucy Esipila
Responsable de la politique et du plaidoyer
Tel : +254 729 761328
lucy.esipila@caritas-africa.org
Pour Caritas Europe
Luísa Fondello
Chargée de la coopération internationale
Tél : +32 (0)2 235 03 93
lfondello@caritas.eu