Bombardements violents, tanks de guerre et attaques au sol. Voici le lourd quotidien de ces derniers jours à la frontière turco-syrienne, de l’Euphrate au point de rencontre entre la Syrie, la Turquie et l’Irak. Les frappes aériennes ont cessé depuis le 13 octobre mais la situation reste très instable et rend difficile la cartographie des besoins humanitaires. « Caritas Syrie a un bureau régional à Al Hasakeh et est très active dans cette région », déclare, Sébastien Dechamps, notre coordinateur de l’aide d’urgence.
Au nord-est de la Syrie, grand besoin d'eau potable
« La plupart des personnes qui ont fui se sont réfugiées chez des amis, des membres de la famille ou des connaissances résidant dans les environs. On a vu de nombreuses personnes fuir du nord-est de la Syrie vers la ville d’Al Hasakeh », explique Sébastien Dechamps. Des camps d’accueil pour les personnes déplacées existent, principalement dans des écoles. Chacune d’entre elles héberge entre 30 et 50 familles, mais elles ne sont pas du tout préparées à un afflux massif.
Le nombre de camps à Al Hasakeh est passé de 18 à 29 suite à l’arrivée de nombreux réfugiés internes venus de Tell Tamr, où des actes de violence ont été signalés depuis le 15 octobre. Jusqu’à présent, les équipes de Caritas se sont rendues dans 14 camps. Elles ont analysé le nombre de personnes présentes ainsi que leurs besoins. « Le constat est lourd : environ la moitié des réfugiés sont des enfants et le besoin en eau potable est criant », rapporte Sébastien.
Caritas a déjà distribué 1.200 bouteilles d’eau à 132 familles dans les camps et fournira d’ici peu un total de 20 réservoirs d’eau et bouteilles aux 179 familles actuellement dans les 5 nouveaux camps. Mais l’opération militaire turque a également endommagé l’approvisionnement en eau de 400.000 personnes dans la ville de Al Hasakeh. La route qui relie Al Hasakeh à Alep a été fermée à certains endroits. Heureusement, le marché fonctionne encore et des produits de base tels que des denrées alimentaires et d’hygiène sont disponibles.
Offensive militaire turque à fort impact humanitaire
L’attaque turque a pour objectif d’expulser les Kurdes de la région et de créer une « zone de sécurité » par laquelle la Turquie peut renvoyer les Syriens réfugiés sur son territoire. L’impact humanitaire et sécuritaire de cette offensive militaire est énorme.
« Les gens doivent fuir mais, même dans les camps, ils ne trouvent pas toujours la sécurité », explique Sébastien. « Par exemple, le camp de Mabruka a été évacué car il n’était pas en sécurité et la situation dans le camp d’Aïn Issa est aussi très préoccupante », souligne-t-il. En effet, ce camp se situe à un carrefour stratégique, près de la frontière syro-turque. Environ la moitié des résidents de ce camp seraient déjà partis.
La violence se poursuit et provoque des situations dramatiques dans les régions frontalières de la Syrie et de la Turquie. Caritas et les autres organisations humanitaires font tout ce qui est en leur pouvoir pour venir en aide à la population touchée, mais les ressources sont limitées et disproportionnées par rapport aux besoins, eux, immenses.