Les villes et les campagnes gravement touchées
« Les villes ont été particulièrement atteintes » explique Martine Haentjens, gestionnaire Haïti depuis le siège de Caritas International Belgique. « Des bâtiments à plusieurs étages se sont écroulés les uns sur les autres. » « Et la campagne n’est pas épargnée » ajoute Sylvie Bontemps, coordinatrice de projets à Caritas Haïti « Il est plus difficile d’accéder aux zones reculées des campagnes à cause de l’état des routes. En plus, il n’y a souvent pas de réseau de téléphone. » « Des personnes malades ont dû être évacuées des hôpitaux pour faire place aux blessé-e-s mais ceux-ci sont pleins à craquer. Ils ne peuvent pas accueillir toutes les victimes, alors certaines doivent rester sous des abris de fortune, malgré les risques que cela comporte. » Les paysan-ne-s qui vivent de la transformation de cannes à sucre ont vu leurs installations endommagées. « Les gens essaient de mettre leurs machines à l’abri mais ils ne trouvent que des tôles ou des morceaux de bois » témoigne Edrice Muscadin, coordinateur de projets à Caritas Haïti.
Un nouveau coup de massue pour un pays déjà très fragilisé
Les Haïtien-ne-s ont vu leur vie chamboulée par de nombreuses catastrophes. Le pays est en crise politique, sanitaire, sociale, économique et environnementale. « Il y avait déjà des pénuries alimentaires et pas assez d’institutions de soins. Avec le séisme, des maisons, des hôpitaux, des centres de santé et des routes sont détruits » déplore Martine Haentjens. De nombreux gangs armés sont présents partout. « Ils bloquent les routes, notamment celle entre la capitale, Port-au-Prince, et les zones les plus touchées. Pour pouvoir amener l’aide, il faut contourner la zone en passant par les airs ou par la mer. » raconte-t-elle. « Ces gangs terrorisent la population » atteste Sylvie Bontemps. « Il y a souvent des tirs, des kidnappings, des vols… Ils pillent les voitures, dévalisent les passants et emmènent les femmes pour les violer. »
Des jours et des nuits en alerte constante
« Tout le monde est stressé, sur le qui-vive. Ils se demandent ce qui va encore arriver » explique Martine Haentjens. Depuis le lundi 16 août, la tempête tropicale Grace souffle sur les zones les plus touchées. « De nombreuses personnes ont perdu leurs maisons et se retrouvent sans abri. Même si Grace s’est affaiblie avant d’arriver ici, il pleut et il y a beaucoup de vent. Les gens essaient de s’abriter sous les murs et toits des maisons endommagées mais c’est dangereux car il y a toujours des après-chocs suite à un tel tremblement de terre, et les bâtiments risquent de s’écrouler sur eux » prévient Edrice Muscadin. « Pour l’instant, la tempête est relativement calme mais elle menace et si la pluie continue de tomber et le vent de souffler, il risque d’y avoir de nouveaux éboulements et des inondations. » « Et il y a des zones à risque qui sont particulièrement inondables » ajoute Sylvie Bontemps. « On reste très vigilant-e-s quant à ce qu’il peut se passer. »
Le réseau Caritas s’organise pour pallier rapidement aux besoins urgents
« Le tremblement de terre a particulièrement touché l’ouest du pays, les diocèses de Jérémie, des Cayes et des Nippes, dans lesquelles les équipes de Caritas sont présentes » note Martine Haentjens. Edrice Muscadin complète « juste après le séisme, le COUD (Centre d’opération d’urgence Départemental), dont nous faisons partie en tant qu’acteur humanitaire, a été activé. Ensemble, avec les autres organisations présentes sur place, nous nous sommes rendus auprès de la population pour évaluer les dégâts et identifier les besoins. Sur cette base, nous avons déterminé ce que nous pouvions faire pour aider en priorité les personnes les plus vulnérables. » « Toutes les informations ont alors été centralisées par le Bureau National de Caritas Haïti, pour une demande de ‘Réponse Rapide’ » continue Martine Haentjens. « Sur cette base, le réseau Caritas mondial se mobilise pour récolter les fonds et répondre aux besoins. »
Aide alimentaire et kits d’hygiène
« Nous avons besoin d’aide alimentaire car les marchés et magasins sont fermés. Beaucoup de personnes n’ont rien à manger et celles et ceux qui ont quelques réserves sont en train de les épuiser » se désole Sylvie Bontemps. « De nombreuses zones n’ont pas accès à l’eau, donc les familles doivent marcher pour s’approvisionner à un point d’eau qui peut être assez loin. Vu la situation, c’est très dangereux » continue-t-elle. « La plupart des gens n’ont pas de quoi se laver. Nous avons aussi besoin de protections hygiéniques pour les femmes et de matériel pour les bébés. » « C’est donc sur ces besoins que nous allons nous concentrer » explique Martine Haentjens « Dans un premier temps, nous allons distribuer de la nourriture, des kits d’hygiène, de l’eau potable et des kits de couchage et des tentes pour 2000 familles très vulnérables. Des produits sanitaires et des médicaments seront aussi donnés à 15 centres de santé communautaire pour leur permettre de dispenser des soins aux blessés. »
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Je soutiens la population d’Haïti
Caritas et Martine Haentjens en appellent à votre solidarité et générosité : « Après le séisme de 2010 et le cyclone Matthew en 2016, Haïti n’est pas épargnée par les désastres naturels. On ne peut pas laisser les Haïtien-ne-s seul-e-s face à une telle catastrophe. » Caritas International a débloqué une enveloppe de 50.000 euros pour les premiers secours. Vous aussi, aidez les survivant-e-s en faisant un don dès aujourd’hui via notre plateforme de paiement en ligne ou sur le numéro de compte BE88 0000 0000 4141 avec la communication « 4053 HAITI ».