Forum mondial sur les réfugiés 2023 : les paroles sont dites, place aux actes ?

Caritas International Belgique Forum mondial sur les réfugiés 2023 : les paroles sont dites, place aux actes ?

Une partie des représentant-e-s du réseau Caritas au Forum mondial sur les réfugiés 2023

Une partie des représentant-e-s du réseau Caritas au Forum mondial sur les réfugiés 2023

20/12/2023

La semaine dernière, le réseau Caritas était présent au Forum mondial sur les réfugiés à Genève afin de défendre des solutions durables pour les personnes réfugiées et déplacées en Belgique, mais aussi dans les principaux pays d’accueil comme l’Ouganda ou le Bangladesh. Une semaine riche en échanges, avec l’ambition de concrétiser des actions tangibles et durables qui devront être suivies de près.

Le premier Forum mondial sur les réfugiés avait eu lieu en 2019 afin de mobiliser des engagements vers l’atteinte des objectifs (non-contraignants) du Pacte mondial sur les réfugiés signé en 2018 : alléger la pression sur les pays d’accueil ; renforcer l’autonomie des réfugiés ; élargir l’accès aux solutions dans des pays tiers ; et favoriser les conditions d’un retour sûr et digne dans les pays d’origine.1
Pour cette nouvelle édition, les mots d’ordre étaient « unité », « participation » et « solidarité » – des valeurs incarnées par la délégation Caritas au Forum qui était composée de diverses Caritas de Belgique, d’Ouganda, du Bangladesh, du Venezuela ou encore du Costa Rica.
Lors du Forum, quelques 1.600 engagements financiers, techniques, politiques ont été annoncés par une panoplie d’acteurs gouvernementaux (dont la Belgique), onusiens, académiques, privés, financiers et de la société civile.

Enfin le déclic tant attendu vers des réponses durables ?

La grande majorité des populations réfugiées dans le monde sont accueillis dans les pays du Sud, y compris dans les pays partenaires de Caritas International (comme l’Ouganda, la Jordanie ou le Niger).
Cependant, ces principaux pays d’accueil doivent faire face à un soutien international à court-terme et en baisse. L’accueil dans ces contextes est souvent défini par des enjeux d’inclusion, de cohésion sociale ou de dégradation de l’environnement. Le Pacte, et donc le Forum, préconise ainsi un « whole-of-society approach »2  accompagnée d’engagements communs avec des objectifs à long-terme. Dans cette lignée, il est encourageant que la Belgique se soit engagée à mieux inclure les populations réfugiées dans ses programmes de développement. Si elle s’accompagne d’actions concrètes et d’un plaidoyer fondé sur les droits, cette nouvelle approche a le potentiel de transformer des réponses purement humanitaires en stratégies « nexus » à long terme pour l’inclusion et la résilience.

De nombreux échanges à Genève ont également souligné que les majeurs pays d’accueil sont aussi plus vulnérables aux effets du dérèglement climatique sur les populations réfugiées et hôtes. Des nouveaux accents sur l’action et l’adaptation climatique ont été annoncés, visant à promouvoir l’inclusion des réfugiés dans les plans nationaux d’adaptation, les financements climatiques et les forums internationaux sur le climat (tels que la COP).

En Ouganda, nous constatons que les questions climatiques et environnementales sont primordiales dans la gestion des ressources et des relations entre les communautés réfugiées et d’accueil.

Laura Okello, Responsable humanitaire de Caritas Ouganda

La promesse des voies sûres et légales

À l’échelle mondiale, seule une minorité des personnes réfugiées est prise en charge en Europe. Selon le HCR, plus de 2,4 millions de réfugiés dans le monde ont besoin d’une réinstallation en 2024, soit une augmentation drastique par rapport à 1,47 million en 2022.3 Malgré les nombreux efforts déployés ces dernières années,  la plupart des programmes de réinstallation européens et belges restent trop limités pour répondre aux besoins importants. Plusieurs acteurs, dont la Belgique avec 1.500 personnes d’ici 2025, se sont engagés à contribuer ensemble à la réinstallation d’un million de réfugié-e-s d’ici à 2030.

Le Forum a aussi permis de mettre en lumière les bonnes pratiques des nombreux projets pilotes de « voies complémentaires », additionnelles à la réinstallation. Par exemple, Caritas International a présenté le projet EU-Passworld qui a déjà permis à trois étudiant-e-s réfugié-e-s de poursuivre leurs études à la KU Leuven. À Genève, la Belgique s’est engagée à continuer à être impliqué dans ces types d’initiatives. Pour Caritas, il faudra se concentrer sur le développement et la mise à l’échelle de ces voies, avec des procédures robustes qui éliminent autant que possible les obstacles pour les groupes cibles.

Avec EU-Passworld et d’autres programmes similaires nous avons démontré au gouvernement belge que c’est possible d’accueillir dignement et durablement des personnes réfugiées au niveau communautaire.

Anne Dussart, Cheffe du Département des programmes sociaux chez Caritas International

Centrer une réelle participation et l’action menée localement

Malgré des nombreux cas de visas refusés, le GRF 2023 s’est également démarqué par sa forte participation d’acteurs locaux, dont des organisations et des activistes réfugié-e-s, qui ont exprimé un appel résonnant tout au long de la semaine : « rien à propos de nous, sans nous ».

Clara, originaire du Sud-Soudan et vivant dans le village d’accueil de Bidi Bidi au Nord de l’Ouganda, est une des 300 personnes réfugiées présentes à Genève : « On nous dit toujours que les décisions concernant nos vies sont prises à « Genève » mais aucun d’entre nous ne savait même à quoi ça ressemblait … j’ai maintenant pu en faire l’expérience, mais nous devons être impliquées dans plus d’espaces et de concrétiser les engagements sur le terrain – nous avons soif d’espoir et d’un soutien urgent pour travailler au sein de nos communautés. » 

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Nous avons soif d'espoir et d’un soutien urgent pour travailler au sein de nos communautés.

Clara, originaire du Sud-Soudan et réfugiée en Ouganda, participante au GRF 2023

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Dans notre pays nous avons participé à des discussions qui, jusqu'à présent, étaient occupés en notre nom par des agences internationales. C’est dans ce sens que notre réseau s’engage. 

Susana Raffalli, Responsable humanitaire à Caritas Venezuela 

Le réseau Caritas a également profité du Forum pour annoncer ses engagements vers une réponse menée localement, renforçant nos partenaires locaux, adaptant leurs financements, et plaidant pour la participation effective des acteurs locaux dans les politiques liées aux déplacements forcés et au-delà.
Ces déclarations motiveront également le réseau Caritas dans son plaidoyer qui encourage les acteurs humanitaires internationaux (comme la Belgique) à respecter leurs promesses de soutenir davantage les organisations locales – qu’elle soient de Caritas ou menées par des réfugié-e-s – de manière plus directe, plus efficace et plus juste.



1

Pour en savoir plus, lisez le texte du Pacte Mondial sur les réfugiés.

2

Cette approche prône l’implication de chaque secteur de la société dans les réponses aux déplacements forcés : institutions, gouvernements, citoyen-ne-s, entreprises, académiques, société civile, aux niveaux locaux, national et international.

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