Quelle est la situation sanitaire actuelle avec le Covid-19 ?
Emmanuelle : Pour l’instant, le pays compte 10.125 cas de Covid-19 confirmés[1]. Avec 9.411 cas de guérison. Les villes les plus impactées sont Kinshasa et Goma. Néanmoins, ces chiffres sont à placer dans leur contexte : le pays est très vaste et les malades ne sont pas systématiquement testés. De grosses difficultés logistiques pour acheminer les tests dans les provinces et collecter les résultats sont aussi à noter. Ces chiffres sont donc, sûrement, très en dessous de la réalité. Par contre, et contrairement aux craintes que nous avions en mars : peu de personnes sont très malades et un grand nombre d’entre elles guérissent bien.
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Quel est l’impact du coronavirus sur la vie de tous les jours ?
Emmanuelle : L’impact est avant tout économique. Les prix ont flambé et le pouvoir d’achat des gens a chuté de façon impressionnante. Pour donner quelques exemples à Kinshasa : le prix d’un sac de Manioc de 50 kg en provenance du Kongo Central a doublé jusqu’à 80.000 francs congolais (environ 35€). Un sac de riz de 25 kg est passé de 23.000 à 40.000 francs (de 10 € à 17€). Et ce sont des produits de base, essentiels pour les familles. Ceci s’explique par la fermeture des frontières externes et la restriction des mouvements internes entre les provinces qui, entre autres, ont fait flamber les prix. Ces mesures ont empêché les producteurs d’écouler leurs denrées alimentaires sur les marchés habituels.
À Kimpangu, situé à la frontière de l’Angola où nous appuyons des coopératives de production agricole, la fermeture des frontières a eu deux conséquences lourdes. Dans un sens, l’arrêt de toute possibilité d’écoulement des vivres de première nécessité sur le marché angolais. Dans l’autre sens, l’interruption de toute possibilité d’acheter avec le fruit de la vente, des marchandises telles que le carburant, du savon, des articles ménagers essentiels ou encore des vêtements,… dans une zone enclavée de la RDC. Là, l’économie est dépendante du pays voisin. Malgré les quelques camions de vivres qui sont parvenus à atteindre Kinshasa, sur une route impraticable au cœur de la saison des pluies, la population de ces zones enclavées, à 300-400 km de la capitale a vu son commerce fortement ralenti.
Comment les mesures de prévention contre le virus sont -elles vécues ?
Emmanuelle : Malgré les mesures communiquées par le Ministère de la santé – se laver les mains, garder la distance, tousser dans son coude, porter le masque, etc… – et malgré les campagnes d’information largement menées entre autres par Caritas, la population congolaise ne se protège pas toujours bien. Il faut dire que les symptômes du coronavirus se confondent facilement avec d’autres maladies, telles que la malaria, la grippe, la fièvre typhoïde, … que les Congolais-e-s ne remarquent pas les symptômes du coronavirus. Peu de gens connaissent des malades ou ont des proches qui sont malades. A l’inverse de la Belgique, par exemple, où presque tout le monde connait au moins une personne touchée par le virus. Et donc, il est difficile de continuer à faire respecter ces mesures sanitaires à ce jour. Au début les gens avaient très peur et se protégeaient bien. Mais aujourd’hui, par exemple, 10% seulement des gens au marché portent un masque.
Que fait Caritas pour aider la population congolaise face à cette pandémie ?
Emmanuelle : En plus de campagnes de sensibilisation et de mobilisation communautaire au sein des projets, Caritas organise dans 16 centres d’hébergement pour enfants des rues à Kinshasa, la confection de 10.000 masques en tissu, des distributions de nourriture pour pallier l’augmentation fulgurante des prix et de matériel de protection contre le Covid. Un accent est aussi porté au retour des enfants à l’école début octobre et tout ce que cela implique en termes de protection et d’hygiène. Les enfants ne peuvent être sacrifiés par la lutte contre le coronavirus : ils doivent rapidement reprendre la construction de leur avenir et nous sommes à leur côté pour les y aider !