Burkina Faso : du positif malgré une crise humanitaire et des problèmes de sécurité

Caritas International Belgique Burkina Faso : du positif malgré une crise humanitaire et des problèmes de sécurité

Simon Gmininou en visite à Bruxelles © Caritas International Belgium

Simon Gmininou en visite à Bruxelles © Caritas International Belgium

06/02/2025

La situation du Burkina Faso suscite peu d’intérêt dans le monde. Dans ce fragile état de l’Afrique de l’Ouest en proie à une crise humanitaire, les besoins sont pourtant importants. Mais le Burkinabé Simon Gniminou y constate aussi des évolutions positives : « Les nouveaux dirigeants font des efforts dans un certain nombre de domaines », estime-t-il. « J’espère que dans deux ans, la sécurité sera rétablie partout dans le pays et que nous pourrons nous développer davantage. Nous avons besoin de plus de soutien. » 

Simon Gmininou, qui a étudié la gestion financière, travaille dans le réseau Caritas depuis 2001. Il a dirigé durant plusieurs années une structure de micro-crédit. Depuis 2013, il est directeur adjoint de l’OCADES Caritas Burkina – l’organisation de Caritas au Burkina Faso. « Je suis non seulement responsable, mais je veille aussi à la qualité de nos projets », précise-t-il.

Le Burkina Faso, qui compte plus de 23 millions d’habitant·e·s, est situé dans la région du Sahel. « Notre pays connaît parfois des sécheresses, mais aussi des inondations », explique Simon. « Depuis 2014, nous faisons face à d’importants problèmes sécuritaires et à des défis humanitaires, avec une apogée en 2019. Les statistiques de 2023 faisaient état de 2 millions de personnes déplacées. Aujourd’hui, les gens rentrent progressivement chez eux depuis que leur région n’est plus occupée par les terroristes. » 

En 2022, deux coups d’État ont eu lieu au Burkina Faso. Estimant que l’administration civile ne parvenait pas à reprendre suffisamment de territoires aux groupes terroristes, les militaires ont pris le pouvoir. Le président actuel, le militaire Ibrahim Traoré, a reçu la bénédiction des Assises nationales en 2024 pour gouverner le pays pendant cinq ans. Des élections devraient être organisées en 2029. Des députés pour chaque région ou province ont été désignés pour former un parlement de transition.

De nouveaux dirigeants

« Les dirigeants actuels sont assez bien acceptés », constate Simon. « Ils jouissent d’une certaine popularité auprès de la population et tentent de rendre les services de base plus accessibles et d’encourager le développement du pays. Les femmes peuvent se faire soigner dans des cliniques mobiles. Des tracteurs, des semences et d’autres équipements sont mis à disposition des agriculteurs. Des politiques sont également développées dans le domaine de l’éducation. » 

Les nouvelles autorités rouvrent des usines fermées ou créent de nouvelles entreprises, par exemple pour la transformation des tomates ou de l’huile. Dans le secteur minier, la transformation sur place est encouragée. « Nous produisons désormais des lingots avec l’or extrait dans notre pays », explique Simon. « Les partenariats doivent être gagnants pour le Burkina Faso, sinon ils seront suspendus ou arrêtés. » Les nouvelles autorités ont cependant du mal à tolérer la dissidence ou les critiques qu’elles jugent contraires aux intérêts de la population.

Caritas International Belgique Burkina Faso : du positif malgré une crise humanitaire et des problèmes de sécurité

OCADES Caritas Burkina participe à la mise en œuvre d'un programme quinquennal qui vise, entre autres, le développement de l'économie rurale locale. © Rose Arlette Cissima / OCADES Burkina Faso

L’OCADES est active dans de nombreux endroits du pays, y compris dans des régions désertées par les autres organisations. « Nous sommes bien acceptés par toutes les communautés », se réjouit Simon. « Nous menons des actions de développement, d’aide humanitaire, de renforcement de la cohésion sociale et de consolidation de la paix. Dans un pays comme le nôtre, il y a régulièrement des conflits pour la terre ou les minerais. Travailler autour de la cohésion sociale et de la paix est donc devenu indispensable. » 

L’OCADES compte aujourd’hui environ 1.200 employé·es. Chaque année, l’organisation peut investir environ 12 millions d’euros au profit des Burkinabé·es. « Nous touchons ainsi environ 1 million de personnes par an », précise Simon.

Des activités aux multiples facettes

Les activités de l’OCADES sont très diversifiées et varient en fonction du contexte local. L’organisation est impliquée dans l’agriculture, l’élevage et l’environnement ; l’eau et l’hydroélectricité ; la stimulation des petites activités économiques et le microcrédit ; diverses formes de production d’énergie ; la formation professionnelle et la construction de classes et d’écoles ; les infrastructures sanitaires ; la nutrition saine ; l’intégration des personnes handicapées et de leurs familles ; la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance ; l’eau, l’assainissement et l’hygiène ; la protection humanitaire ; et enfin l’amélioration de la gouvernance au niveau local.

L’OCADES participe également à la mise en œuvre de COHERENCE, un programme quinquennal financé par la Coopération belge au développement (DGD) et mis en œuvre avec Caritas International Belgique dans sept pays. COHERENCE a pour objectif d’améliorer la cohésion sociale dans les communautés locales, de développer l’économie rurale locale et de former les jeunes, les femmes et les comités locaux pour réduire les risques de catastrophes. « COHERENCE est un projet participatif », souligne Simon. « L’OCADES, les Caritas locales, Caritas International Belgique et les représentant·es des communautés ont tous leur mot dans sa conception et sa mise en œuvre, qui avance bien : nous avons déjà atteint 85 % de nos objectifs. COHERENCE trouve un écho auprès de la population parce les activités répondent aux besoins existants. D’ailleurs, nous bénéficions d’une grande confiance de la part de Caritas International Belgique, ce que nous apprécions énormément. » 

Caritas International Belgique Burkina Faso : du positif malgré une crise humanitaire et des problèmes de sécurité

L'agriculture est l'un des domaines d'intervention d'OCADES Caritas Burkina. © Rose Arlette Cissima / OCADES Burkina Faso

L’Union européenne soutient également des programmes de développement ainsi que des projets humanitaires au Burkina Faso, par l’intermédiaire d’ECHO, le service européen de protection civile et d’aide humanitaire. « Nous faisons de notre mieux pour allier toujours actions humanitaires et développement durable. Cela nous permet d’avoir un maximum d’impact. Nous essayons aussi d’expliquer l’importance de cette démarche aux bailleurs qui nous financent. » 

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