Concernant l’accueil des demandeurs d’asile, la société civile demande depuis des années un mécanisme contraignant de répartition équitable au niveau européen. Cela exige une réforme du Règlement Dublin. En Belgique, la feuille de route de sortie de crise, proposée en septembre 2022 par la société civile, met en évidence un plan de répartition obligatoire entre les communes et la réquisition de logements d’urgence pour une durée temporaire. Elle propose également que les personnes « inéloignables » tels les ressortissants afghans, sortent du réseau d’accueil grâce à un titre de séjour temporaire. Actuellement, rappelons que les personnes en besoin de protection internationale sont laissées à la rue et ne peuvent compter que sur la solidarité des citoyens et citoyennes et d’organisations humanitaires.
Enfin, les fonds consacrés aux politiques migratoires doivent être réorientés du contrôle et l’expulsion vers la mobilité, l’accueil et l’inclusion, notamment via l’accès à l’emploi et à la formation. La réforme du permis unique actuellement sur la table de négociation aux niveaux européen et belge est une opportunité pour tenter de résoudre le problème des postes vacants des métiers en pénurie et la régularisation par le travail des personnes dépourvues de séjour légal.
Sans changement de paradigme et de retour aux valeurs fondatrices de l’Europe que sont la solidarité et le respect du droit, la crise de l’accueil en Europe restera permanente et ce ne sont pas les obstacles à la mobilité et l’obsession du retour qui changeront la donne. C’est pourquoi nous demandons à la Belgique, lors du Conseil JAI de ces 9 et 10 mars ainsi que dans le cadre de sa future présidence de l’UE en 2024, de réorienter radicalement les politiques migratoires répressives (et donc le Pacte UE sur la migration et l’asile) en direction de solutions concrètes en termes de mobilité, d’asile et d’accueil qui soient respectueuses du droit international, solidaires et durables.
Arnaud Zacharie (CNCD-11.11.11), Els Hertogen (11.11.11), François Cornet (Caritas International), Sotieta Ngo (Ciré), Tine Claus (Vluchtelingenwerk Vlaanderen).
Co-signataires de cette carte blanche : Centre Avec, CEPAG, CSC Bruxelles, Euromedrights, FGTB, JRS Belgium, Ligue des Droits Humains, Migreurop, MOVE.