EU Passworld, une main tendue pour des réfugié-e-s étudiant à Louvain

Caritas International Belgique EU Passworld, une main tendue pour des réfugié-e-s étudiant à Louvain

© Caritas International

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24/05/2024

Encore quelques semaines de blocus intensif pour cartonner aux examens et Stephen Chan (28 ans) aura terminé sa première année à la KU Leuven. Cet étudiant-réfugié originaire du Soudan du Sud a la possibilité d’étudier et de construire un avenir en Belgique grâce au programme EU Passworld géré par Caritas International et d’autres organisations. Il peut également compter sur Tuur Cools (23 ans), son ‘buddy’ du groupe d’accueil.

EU Passworld Caritas Buddy étudiant

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« La première chose que nous avons faite ensemble ici à Louvain ? Acheter un vélo ! », racontent en riant Stephen et Tuur. La monture en acier rouge vif, qui trône dans le kot de Stephen, l’accompagne dans tous ses déplacements : à l’université, chez ses amis, à la gare, dans les bois d’Heverlee pendant le week-end…

Coincé au Caire

Contrairement à la plupart des étudiants louvanistes, Stephen ne rentre pas chez lui le vendredi soir. En 2017, il a fui la violence et la guerre qui sévissent dans son pays d’origine, le Soudan du Sud. Comme des millions d’autres personnes en exil, il s’est retrouvé coincé au Caire, la capitale égyptienne. Il y a obtenu une bourse d’études pour personnes réfugiées et y a entamé des études d’infirmier, tout en faisant du bénévolat auprès de la Croix-Rouge : il aidait les médecins qui se rendent avec des cliniques mobiles dans les quartiers où vivent de nombreuses personnes réfugiées et migrantes. « J’ai aussi été volontaire pour l’organisation Save the Children », précise-t-il. « J’informais des personnes réfugiées et migrantes à propos des services auxquels elles avaient accès et de certains aspects juridiques. Je réalisais des analyses des besoins, identifiais les problèmes et répondais à leurs questions à propos de l’enseignement, de la santé et de la protection. » 

Les Diables Rouges

Stephen se sentait utile, mais il voulait aussi aller de l’avant. Lorsqu’il a entendu parler d’EU Passworld, ce programme qui offre aux personnes réfugiées une voie d’accès sûre et légale vers un pays tiers pour y étudier, il n’a pas hésité à postuler… avec succès ! C’est ainsi que, en septembre 2023, il est arrivé en Belgique en même temps que deux autres jeunes réfugiés qui étaient au Caire, pour poursuivre un master à la KU Leuven.

Stephen entretenait déjà un lien avec la Belgique avant de s’y installer : « Je suis fan de foot et je suivais les Diables Rouges », explique-t-il avec humour. Il s’est tout de suite senti à l’aise dans son nouvel environnement. « Louvain est une ville magnifique. Les rues sont vides, c’est calme et il y a plein de beaux bâtiments. On peut se promener tranquillement dans la rue, sans que personne nous agresse ou nous parle mal. C’était très différent au Caire, où il y avait énormément de monde. Ici, je me sens chez moi. » 

Des étudiant-e-s bien entouré-e-s

Caritas International est l’une des forces motrices du projet EU Passworld. L’organisation s’assure que les étudiant-e-s soient bien entouré-e-s, en mettant en place un groupe d’accueil qui les accompagne dans leurs premiers pas à Louvain et est disponible en cas de problèmes ou de questions.

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je sais à quel point il est important, pour une personne réfugiée, de pouvoir compter sur quelqu’un qui l’accompagne dans ses premiers pas en Belgique.

Tuur, étudiant, membre du groupe d'accueil

Tuur fait partie de ce groupe d’accueil, composé de volontaires : « J’ai été scout pendant des années », explique-t-il. « Je voulais faire quelque chose de nouveau et d’enrichissant pendant mon temps libre et j’ai vu sur Facebook une annonce de la ville de Louvain : recherche buddies pour des étudiants réfugiés. Cela m’a tout de suite attiré. » Cet engagement bénévole est également en lien avec les études de Tuur. « J’ai étudié l’histoire et ai consacré mon mémoire aux infrastructures d’accueil des réfugiés en Belgique de 2000 à 2010. J’y ai analysé les lieux d’arrivée des personnes réfugiées, mais aussi les initiatives citoyennes pour les soutenir et les services auxquels elles ont accès. A sa manière, notre groupe d’accueil est une infrastructure d’arrivée. Grâce aux entretiens menés pour ma thèse, je sais à quel point il est important, pour une personne réfugiée, de pouvoir compter sur quelqu’un qui l’accompagne dans ses premiers pas en Belgique. » 

Une facture de la mutuelle

« Je me fais souvent la réflexion que notre groupe d’accueil n’accomplit pas de grandes choses », témoigne Tuur. « Nous nous occupons plutôt de plein de petites choses. Mais pour les personnes réfugiées que nous aidons, cela compte énormément. La semaine dernière, par exemple, Stephen a reçu une facture de 58 euros de la part la mutuelle. Il ne savait pas ce que c’était et m’a alors envoyé un message. Je lui ai répondu tout de suite, en lui expliquant que c’était OK et qu’il pouvait payer la facture. » 

« Le groupe m’aide dans de nombreux domaines », confirme Stephen. « Une des volontaires anime des tables de conversation pour apprendre le néerlandais. J’y participe dès que j’en ai l’occasion. Je vais parfois aussi me promener avec elle. Et j’ai envoyé mon mémoire de fin d’année à un des membres du groupe qui est prof, pour qu’il le relise. C’est un peu comme si j’avais une famille ici. Quand je pense à quelque chose ou qu’il m’arrive quelque chose, il me suffit d’envoyer un email et ils et elles réagissent. »

Malgré cela, la vraie famille de Stephen lui manque. « Je n’ai pas vu ma mère et mon frère depuis sept ans. Ils sont très loin, c’est difficile. Pour ma mère aussi, c’est dur. Elle est triste parce que je lui manque, mais elle est aussi très fière de moi. Quand j’ai un coup de blues, je me motive en me disant que je suis sur la bonne voie. Et que je peux avoir une influence positive sur d’autres personnes réfugiées qui partagent les mêmes rêves. » 

Travailler avec des gens de différents horizons

A la KU Leuven, Stephen poursuit un master en anthropologie. Une évidence pour lui, après avoir obtenu son diplôme d’infirmier. « Mes études d’infirmier au Caire étaient axées sur la pratique, tandis qu’à Louvain je suis des cours théoriques », explique-t-il. « Travailler avec des personnes aux parcours différents, comme les personnes migrantes ou réfugiées, m’a toujours intéressé. Etudier l’anthropologie me permettra d’acquérir davantage de connaissances et de compétences pour bien comprendre les gens, et de pouvoir travailler avec des personnes de cultures différentes. C’est ce que je veux faire plus tard. »   

EU Passworld Caritas Buddy étudiant

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J'aime aider les gens qui en ont besoin. Et cela me permet de pratiquer mon néerlandais avec les autres étudiants volontaires .

Stephen, étudiant-réfugié

Stephen est également actif comme volontaire : chaque matin, il prend le train pour rejoindre Pacheco 44 à Bruxelles, l’endroit où les personnes en demande de protection internationale doivent s’enregistrer lors de leur arrivée en Belgique. « Avec d’autres volontaires de Vluchtelingenwerk Vlaanderen, je leur donne des informations et réponds à leurs questions », explique-t-il. « J’aime aider les gens qui en ont besoin. Et cela me permet de pratiquer mon néerlandais avec les autres étudiants volontaires ». Stephen cherche en effet à élargir son cercle d’amis et amies. « En Egypte, j’ai rencontré beaucoup d’amis à travers le bénévolat. Nous formions une grande famille. Je vais donc maintenant me créer une nouvelle famille ici, comme je l’ai fait en Egypte. » 

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