Soudan du Sud : Faim et soif de paix

Caritas International Belgique Soudan du Sud : Faim et soif de paix

Tommy Trenchard/Caritas

Tommy Trenchard/Caritas

26/06/2019

Vendredi, les Nations Unies tiraient la sonnette d’alarme : le nombre de personnes confrontées à un manque de nourriture au Soudan du Sud est le plus élevé de tous les temps, soit près de 7 millions de personnes[1]. La pluie tardive, le prix élevé de la nourriture et l’impact des conflits ont rendu les populations encore plus vulnérables à la faim. Les personnes y vivent dans la crainte et l’insécurité. Sans paix, impossible de se focaliser sur le développement et la reconstruction.

« La peur domine à Yei et non sans raisons. Les gens ont faim. Ils ne mangent qu’une fois par jour. D’habitude, nous logeons chez le directeur de la Caritas locale. Pas cette fois-ci, pour ne pas le mettre dans l’embarras… car, lui non plus, n’a pas suffisamment de quoi manger pour honorer l’hospitalité habituelle. » Marisol Martinez, responsable de nos projets au Soudan du Sud et en Ouganda, était à Yei en mars dernier.

Guerre civile

Le Soudan du Sud a pris son indépendance en 2011 suite à des années de guerre civile. Salva Kiir devint le premier président du pays, Riek Machar son vice-président… avant de devenir son rival. Lorsque Machar fut licencié deux ans plus tard, le Soudan du Sud est sombré dans une guerre civile sanguinaire et violente.

Le sud du pays est resté longtemps épargné mais dans le courant de juillet-août 2016, l’impensable finit par arriver ; le Yei River State, la région la plus tranquille du Soudan du Sud et le grenier à blé de la capitale Juba, jusque-là prospère s’est mué en zone de guerre. Les habitants ont pris la fuite vers les pays voisins et vers la ville de Yei où un calme relatif régnait, mais pas pour longtemps…

Marisol témoigne : « Dans la ville de Yei, vous voyez aujourd’hui essentiellement des personnes âgées, malades ou handicapées, des jeunes enfants. Ils n’ont pas réussi à fuir et sont cloîtrés ici. Malgré l’accord de paix signé par les différentes parties en guerre en septembre 2018, les actes de violence dans et autour de la ville et dans la région perdurent. »

Aide alimentaire et agriculture

5 années de violences et d’insécurité ont d’atroces conséquences : près d’1.2 million d’enfants au Soudan du Sud souffrent de malnutrition aiguë. 6.9 millions de personnes risquent de manquer de nourriture pendant la période de soudure (la période entre l’épuisement des réserves et la nouvelle récolte). 50.000 hommes, femmes et enfants risquent la famine.

Rallier la campagne depuis la ville de Yei reste extrêmement difficile et les produits qui y arrivent sont rares. Les agriculteurs peinent à assurer leurs cultures à cause des violences. Nous continuons à distribuer de la farine de maïs et des haricots aux personnes les plus vulnérables et distribuons également des semences de légumes pour la création de jardins potagers en ville.

La situation à Maradi State reste stable et la sécurité dans les régions avoisinantes s’est améliorée. La route vers Juba est à nouveau utilisée. Nous y travaillons depuis 2013 avec des agriculteurs afin d’améliorer la production, de diversifier et de commercialiser les produits. Nous nous attelons à créer des coopératives fortes afin de renforcer la résilience des agriculteurs.

l’autonomie alimentaire

Caritas International est également actif à Bidi Bidi et Imvepi en Ouganda où plus de 300.000 réfugiés ont trouvé refuge. Malgré le processus de paix et l’espoir de lendemains meilleurs dans le Yei River State (d’où sont issus la plupart des réfugiés), la majorité des réfugiés en Ouganda ne peuvent pas encore rentrer chez eux. Ils attendent que la situation se normalise.

L’objectif à Bidi Bidi et Imvepi, camps de réfugiés en Ouganda : l’autonomie alimentaire des résidents. 30.442 ménages ont reçu des outils et des semences et des plants de fruits et légumes divers. Grâce à nos formations et aux lopins de terre que le gouvernement ougandais leur a octroyés, les réfugiés peuvent produire leur propre nourriture. De plus, nous prévoyons également des formations professionnelles, synonymes de compétences qui permettent de générer un revenu, en exil mais aussi une fois retournés dans leur pays d’origine



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