Edouard Makimba Milambo : « Les Congolais aspirent profondément à la paix »

D’après une analyse de la Caritas Congo, environ 780.000 personnes ont dû fuir leur domicile en raison des violences dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri. Plus de 52.000 enfants sont privés d’école en raison de la fermeture ou de la destruction des établissements scolaires. Les aéroports de Goma et Bukavu restent fermés. Les banques ne fonctionnent plus dans les zones contrôlées par les rebelles du M23/AFC.

« Le sort de la population civile est extrêmement préoccupant », affirme Edouard Makimba. « Les besoins sont énormes : nourriture, eau potable, abris, produits de première nécessité, protection et éducation. La majorité de la population vit de l’agriculture, il est donc crucial de leur fournir des outils agricoles et des semences. Nous demandons également un accompagnement pour relancer la vie sociale et économique. »

Selon lui, l’accès humanitaire reste très limité dans de nombreuses zones. La réouverture de l’aéroport de Goma permettrait de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire.

Christian Nsangamina explique : « L’escalade de la crise a poussé de nombreuses ONG à partir, mais Caritas est restée. Nous sommes très présents localement, dans des villes comme Bukavu, Goma, Bunia, Mahagi, Kasongo, Butembo et Beni. Nos équipes ont continué à accompagner les populations, à les soutenir moralement. Nous avons évalué les besoins sur le terrain, dialogué avec nos partenaires internationaux, plaidé pour une prise de conscience de la crise, et mené des actions humanitaires ».
Il souligne aussi que de nombreux civils ont fui vers les provinces voisines comme le Tanganyika, le Maniema et la Tshopo. « Là-bas, ils cherchent à accéder à des terres agricoles, un besoin vital pour leur survie, ce qui risque de provoquer de nouveaux conflits. »

Caritas Congo a lancé un appel d’urgence pour récolter des fonds afin de venir en aide aux familles déplacées ou retournées dans le Nord et le Sud-Kivu. Ce budget servira à fournir de l’eau potable, des cliniques mobiles, de la nourriture, des biens essentiels et du matériel scolaire pour 20.000 ménages. “Nous espérons que nos partenaires contribueront au maximum et plaideront également auprès des gouvernements de leurs pays”, déclare Christian Nsangamina.

La communauté humanitaire a estimé qu’il est nécessaire de réunir plus de 2,5 milliards de dollars cette année pour aider 11 millions de personnes en RD Congo. « Il est urgent de continuer à mobiliser la communauté internationale, car à ce jour, seulement 7% de ce montant ont été collectés », souligne Edouard Makimba. « Il y a un énorme manque de financement. Le soutien des États-Unis via USAID a disparu, et d’autres pays ont réduit leurs budgets. »

Les Églises catholique et protestante de la RD Congo militent depuis longtemps pour un « pacte social » visant à promouvoir la paix et la coexistence dans la région des Grands Lacs. « Une initiative porteuse de sens », estime Edouard Makimba. « Nous espérons que la communauté internationale soutiendra ces efforts. Il est grand temps de reconstruire le tissu socio-économique de la RD Congo et de trouver un cadre pour discuter de nos problèmes fondamentaux. »

Dans l’ouest de la RD Congo, il existe également une grande crise humanitaire due aux tensions entre les Teke et les Yaka, deux groupes ethniques de Kwamouth, dans la province de Mai-Ndombe. « Une crise souvent oubliée. Mais nous essayons également d’agir pour la population. Malheureusement, les combattants Mobondo, à l’origine de la violence, sont toujours actifs », déplore Edouard Makimba.