L’histoire de Rahmat

Caritas International Belgique L’histoire de Rahmat

Isabel Corthier

Isabel Corthier

24/04/2018

« Au début, je ne comprenais rien du tout »

L’hospitalité de Rahmat Fakori est immédiatement perceptible. Il nous sert des speculoos, des chips et un gros paquet de sucre pour le thé, qu’il prépare directement dans la bouilloire. Par manque d’une théière dans son petit cocon encore modeste, ou tout simplement la logique d’un jeune adulte de 18 ans ? Il verse le thé dans des tasses qu’il a reçues d’un ami, décorées avec un pingouin, une girafe, un papillon ou un zèbre. « Choisis un animal », rigole-t-il.

L’hospitalité de Rahmat Fakori est immédiatement perceptible. Il nous sert des speculoos, des chips et un gros paquet de sucre pour le thé, qu’il prépare directement dans la bouilloire. Par manque d’une théière dans son petit cocon encore modeste, ou tout simplement la logique d’un jeune adulte de 18 ans ? Il verse le thé dans des tasses qu’il a reçues d’un ami, décorées avec un pingouin, une girafe, un papillon ou un zèbre. « Choisis un animal », rigole-t-il.

Rahmat est arrivé en Belgique en octobre 2015. Sans parents. Sans connaissance de la langue. « Au début, je ne comprenais rien, vraiment rien du tout. Je suis allé dans une classe daspa[1] pendant un an, où l’enseignant a réussi à expliquer ce que certains mots signifiaient par de nombreux gestes », explique-t-il en imitant son professeur, avec des grands mimes.

Efforts linguistiques

« Après un an, un jury a décidé que j’étais prêt pour la 4ème secondaire. Les autres élèves de ma classe n’ont pas à faire attention pour pouvoir suivre le cours, mais moi je dois vraiment être constamment attentif, car je dois faire un effort supplémentaire pour la langue », explique Rahmat. « Je gère mes tests, mais je préfère obtenir des scores élevés, plutôt un 17 qu’un 14. Je veux bien faire. »

« Ici à Liège, je suis en option techniques sociales d’animation, pour devenir animateur, aider les autres et faire de belles choses ensemble. Mais j’hésite à passer à la coiffure. C’est plus de cours pratiques, le français est plus facile et je peux commencer à travailler immédiatement et gagner de l’argent. J’en ai besoin si je veux vivre de manière complètement autonome dans un avenir proche. »

Déménagement

« J’ai vécu dans un centre d’accueil pendant environ 2 ans. Après trois entretiens[2], j’ai reçu une décision positive et j’ai pu déménager dans cet appartement. » Rahmat montre une photo sur son téléphone portable d’un groupe de garçons à sa table. « Quand j’ai déménagé ici, j’ai invité des amis à venir manger. Je connais la plupart des gens du centre d’accueil. L’un d’eux a maintenant été reconnu comme réfugié et est devenu mon voisin d’en haut. D’autres attendent toujours une décision. J’ai aussi des amis qui ont reçu une décision négative et qui doivent maintenant se débrouiller sans avoir de papiers. »

Les mineurs étrangers non accompagnés (MENA) vulnérables reconnus comme réfugiés ou bénéficiant d’une protection subsidiaire sont soutenus par Caritas dans leur transition vers l’autonomie. Grâce au projet Youth in Transit, ils peuvent faire leurs premiers pas vers une vie indépendante. Deux jeunes partagent un appartement pour une période standard de 6 mois et reçoivent des conseils d’un travailleur social de Caritas.

« Je cuisine, il fait la vaisselle. »

La chambre de Rahmat est légèrement plus décorée que le salon et la cuisine de l’appartement. Photos, textes et dessins réjouissent les murs blancs. Deux chapeaux attirent directement le regard, l’un rouge et l’autre blanc. « Un de Noël et un du Standard Liège », indique Rahmat.

Il joue lui-même au football le mercredi après-midi avec les autres jeunes de Caritas. Ensemble, ils travaillent chaque semaine leur forme physique et leur esprit d’équipe. Le sport aide les jeunes à se changer les idées. Sur le terrain de football liégeois, ils se rencontrent tous les mercredis pour un match amical. Depuis juin, par beau temps ou mauvais temps.

« Mon colocataire Obaid n’a pas joué au football aujourd’hui, il va à l’école des devoirs », explique Rahmat. « Il vient aussi d’Afghanistan, nous parlons Dari à la maison et nous nous entendons bien: je cuisine et il fait la vaisselle ».

« Je vis ici depuis 4 mois maintenant et je vais devoir aller vivre seul dans deux mois. Je pense que la recherche de logement ne sera pas facile, mais je suis prêt, il le faut. »

1

dispositif d’accueil et de scolarisation

2

Chez le commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA)

Derrière chaque chiffre, il y a une histoire

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