Ukraine | Point d’info téléphonique : interview avec l’équipe

Caritas International Belgique Ukraine | Point d’info téléphonique : interview avec l’équipe

De gauche à droite: Oumaïma Ualgouh, jurist, Anna Yavorska, coordinatrice du point info Ukraine, et Pieter Van Roeyen, juriste

De gauche à droite: Oumaïma Ualgouh, jurist, Anna Yavorska, coordinatrice du point info Ukraine, et Pieter Van Roeyen, juriste

25/04/2022

Avec l’arrivée en Belgique de nombreuses personnes fuyant l’Ukraine, Caritas International a ouvert une ligne téléphonique gratuite pour fournir des informations fiables et à jour aux personnes qui fuient la guerre et à celles qui veulent les aider en Belgique. Deux numéros sont disponibles du lundi au vendredi entre 13h et 17h : le 0800 2 41 41 en français et néerlandais, et le 0476/34.07.58 sur Whatsapp, en ukrainien, et russe si nécessaire. Un mois après le lancement de l’initiative, l’équipe fait le point lors d’une interview.

Depuis l’ouverture de la ligne d’aide téléphonique le 23 mars, avez-vous reçu beaucoup d’appels ? Qui sont les personnes ?

  • Anna Yavorska (coordinatrice du point info) : Nous avons répondu à énormément d’appels et de messages en en ukrainien ou russe sur le numéro Whatsapp, ainsi que beaucoup d’appels en français et en néerlandais. De nombreuses personnes viennent également se renseigner auprès de nous au Heysel.
  • Pieter Van Roeyen (juriste) : Au début, beaucoup Belges nous appelaient pour proposer une aide matérielle. Maintenant, les questions que nous recevons sont principalement de la part de gens qui hébergent des personnes venues d’Ukraine et ont besoin d’informations pratiques pour pouvoir les aider. Nous recevons aussi beaucoup de sollicitations de la part d’Ukrainien-ne-s qui sont en Belgique ou ailleurs en Europe, voire même en Ukraine. Parmi celles et ceux qui ont fui, certain-e-s vivaient en Ukraine mais viennent de pays tiers (hors Union européenne) et n’ont, en général, pas le droit à la protection temporaire[*]. Nous sommes aussi contacté-e-s par des ukrainien-ne-s qui vivaient déjà en Belgique avant la guerre… Ou encore par des familles composées de membres de différentes nationalités. Par exemple, nous avons récemment informé une famille dont le père était turc et la femme et les enfants ukrainiens. Un cas n’est pas l’autre et il peut y avoir des situations juridiques très complexes, qui nécessitent des solutions personnalisées.
  • Anna Yavorska : Il y a bien sûr beaucoup de femmes seules ou avec enfant(s), la plupart des hommes ayant dû rester en Ukraine pour combattre. Il est trop tôt pour pouvoir observer des tendances quant aux profils mais nous voyons des gens de niveaux socio-économiques variés : de personnes sans instruction à des personnes très instruites et parlant plusieurs langues. Il y aussi de gens plus vulnérables du fait d’un handicap. Nous avons par exemple vu des hommes et des femmes sourd-e-s, aveugles, ou en chaise roulante. Mais il faut se rendre compte que la plupart des plus faibles n’ont pas pu fuir et sont toujours coincé-e-s en Ukraine ou ont péri sous les bombes.
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Anna Yavorska, coordinatrice du point info

Nous avons répondu à énormément d’appels et de messages en en ukrainien ou russe sur le numéro Whatsapp.

Quelles sont les principales questions posées ?

  • Pieter Van Roeyen : Nous sommes dans un contexte en constante évolution. Les personnes qui arrivent d’Ukraine doivent trouver des informations claires alors que la situation évolue constamment, et que les informations viennent de toutes parts : médias, réseaux sociaux, bouche à oreille… Les Belges qui accueillent les personnes exilées se posent aussi beaucoup de questions. Nous nous efforçons de donner à tous et toutes des informations claires, sûres et à jour.
  • Anna Yavorska : Il y a des personnes qui sont perdues, ne savent pas ou aller, par quelles procédures passer… D’autres nous contactent pour confirmer des informations qu’elles ont lues ou entendues. Elles se tournent vers Caritas, une organisation internationale reconnue, pour demander des sources officielles et écrites.
  • Pieter Van Roeyen : Nous recevons en priorité des questions socio-juridiques. Il peut s’agir de demandes très pointues, qui nécessitent des connaissances juridiques poussées en matière de migration. Nous basons nos réponses sur nos années d’expérience dans l’accompagnement de familles vulnérables et de personnes exilées souffrant de traumatismes de guerre ; nous voulons mettre cette expertise et notre vaste réseau à disposition. En plus de cela, beaucoup de questions sont nouvelles et inédites et nous cherchons les solutions au sein du réseau Caritas et auprès de nos partenaires.
  • Anna Yavorska : Nous recevons aussi beaucoup de questions d’ordre pratique très variées et spécifiques. Par exemple : où faire traduire tel ou tel document ? Quelles sont les conditions d’accueil en Belgique ? Où puis-je acheter une carte de métro ? Mes enfants peuvent-ils aller à l’école avant que je ne reçoive ma carte de séjour ? Où puis-je apprendre le français ou le néerlandais ? Où chercher un emploi ? Comment avoir accès à une assurance médicale ? Comment officiellement faire reconnaitre ma relation ?
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Pieter Van Roeyen, juriste

Nous nous efforçons de donner à tous et toutes des informations claires, sûres et à jour.

Pourquoi avoir ouvert des lignes téléphoniques spécifiques pour les ukrainien-ne-s ?

Pieter Van Roeyen : Depuis des années, Caritas répond aux questions de tous et toutes, par exemple via notre service social et nos différents projets sociaux et nous continuons, bien sûr, à le faire. Nous avons par ailleurs ouvert ces lignes téléphoniques du fait de l’ampleur de la crise et du nombre de personnes arrivant d’Ukraine et ayant besoin d’informations fiables. Nous continuons notre mission : accompagner tous les êtres humains victimes de violences, de catastrophes naturelles et de la pauvreté, sans distinction d’origine, de genre ou de convictions politiques, philosophiques ou religieuses, en collaboration avec nos réseaux nationaux et internationaux. Nous mettons un point d’honneur à servir et informer tout le monde de manière qualitative.

Pouvez-vous répondre à toutes les questions que vous recevez ?

  • Pieter Van Roeyen : Nous sommes en première ligne pour répondre aux questions. Nous trouvons les réponses et résolvons les problèmes nous-mêmes ou via nos réseaux et organisations partenaires.
  • Anna Yavorska : L’objectif est que toutes les personnes puissent avoir accès à leurs droits fondamentaux et trouver une solution aux problèmes auxquels elles sont confrontées. Notre ligne téléphonique Whatsapp en ukrainien – et en russe, si nécessaire – permet d’expliquer les nuances dans la langue maternelle des gens qui nous contactent, et de faire un suivi. Il arrive régulièrement que des personnes qui m’ont contactées me rappellent par la suite. Utiliser Whatsapp permet d’envoyer facilement des liens vers les informations officielles, d’orienter les personnes quand elles sont perdues (géographiquement) et d’appeler gratuitement.


*

Un statut de protection est accordé aux personnes qui ont fui l’Ukraine depuis le 24 février 2022 à la suite de l’invasion russe. Le statut est basé sur une décision de l’Union européenne et s’adresse aux Ukrainien-ne-s, aux personnes qui ne sont pas ukrainiennes mais qui ont bénéficié d’un statut de protection dans ce pays et aux membres de la famille de ces deux groupes. Ce statut donne à ces personnes le droit de résider et de travailler temporairement en Belgique et leur donne accès à divers droits sociaux.

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