“Je n’ai plus de colère.” Dans les structures d’accueil, les MENA se reconstruisent.

Caritas International Belgique “Je n’ai plus de colère.” Dans les structures d’accueil, les MENA se reconstruisent.

Derrière chaque MENA, il y a un jeune avec un vécu traumatique. © Caritas International

Derrière chaque MENA, il y a un jeune avec un vécu traumatique. © Caritas International

31/05/2023

Ils et elles ont moins de 18 ans. Après un parcours migratoire éprouvant, ces jeunes débarquent en Belgique seul-e-s et sans repères. Dans les structures d’accueil, et principalement à Liège, ils et elles sont soutenu-e-s par les équipes de Caritas. A travers un accompagnement multi-dimensionnel, dans un environnement sécurisant, ces enfants et adolescent-e-s se relèvent et peuvent se construire une vie autonome.

Imaginez un danger si grand que vous devez tout quitter, vous séparer de votre famille, alors que vous n’êtes encore qu’un-e enfant ? C’est pourtant la réalité des Mineurs Etrangers Non-Accompagné-e-s (MENA).

Que cela soit avec un accompagnement par les équipes de tuteurs et tutrices, dans leur transition vers l’autonomie (dans les centres d’accueil et les logements privés) ou encore au sein de la structure résidentielle de Liège, Caritas est à leur côté.

Derrière l’acronyme MENA, il y a Baquir[1], Mahdi, Adan ou encore Henry. Des jeunes avec un vécu traumatique auquel ils et elles n’auraient jamais dû être confronté-e-s.

Caritas International Belgique “Je n’ai plus de colère.” Dans les structures d’accueil, les MENA se reconstruisent.

J’ai traversé beaucoup de pays avant d’arriver ici. J’aime la Belgique.

Adan, réfugié résidant à Ransart.

« J’ai traversé beaucoup de pays avant d’arriver ici. J’aime la Belgique, je voudrais y rester », explique Adan. D’origine burundaise, ce garçon de 17 ans réside dans le centre d’accueil de Ransart et rêve de travailler plus tard dans un restaurant de spécialités belges à Bruxelles. Comme lui, des milliers de jeunes personnes sont livrées à leur propre sort. En 2021, l’Office des Etrangers a enregistré en Belgique près de 2.000 Demandes de Protection Internationale de mineurs non-accompagnés effectifs. Environ 95% d’entre elles pour des garçons.

Un soutien multidimensionnel

A travers la Belgique, les jeunes sont encadré-e-s par les équipes des antennes locales. L’objectif est le même partout : veiller à leur intérêt et chercher, ensemble, des pistes de solutions durables pour leur avenir.

Les éducateurs/trices mettent un point d’honneur à développer une relation de confiance avec chaque jeune grâce à un accompagnement personnalisé au plus proche de leur réalité. « Les éducateurs sont là dès que j’ai besoin de quelque chose. Ils sont bons avec moi », explique Adan, originaire du Burundi et résidant à Ransart. « Chez Caritas, les personnes prennent soin de nous », renchérit Henry, burundais également et le meilleur ami d’Adan. A Liège, lorsqu’il lui est demandé ce qu’il aime dans la maison, Baquir, 15 ans, répond : « J’aime passer du temps avec les éducateurs ! ».

Caritas International Belgique “Je n’ai plus de colère.” Dans les structures d’accueil, les MENA se reconstruisent.

A Liège, un chez-soi, essentiel pour se reconstruire. © Caritas International

« Notre but, c’est de créer des moments d’échange et d’être là pour les jeunes après les douloureux périples qu’ils ont déjà vécus. J’essaye de contribuer à leur vie, et en retour ils et elles embellissent la mienne », explique Stéphane, éducateur dans la structure Youth in Shelter. Pour ces mineurs, avoir une personne de référence et de confiance est vital. Les équipes locales se concentrent sur leur épanouissement et les aident à se construire une vie autonome. « J’aime tous les éducateurs. Je ne pourrais pas choisir l’un d’entre eux, ils sont comme les doigts de ma main », résume Baquir, qui souhaiterait exercer ce métier plus tard.

Parallèlement à l’accompagnement par Caritas, les jeunes se soutiennent également mutuellement. Ils et elles ne sont pas aux mêmes étapes d’acceptation ou n’ont pas encore parcouru le même chemin de reconstruction, et la vie en communauté leur donne conscience de cela. Des activités telles que du jardinage, un tournoi de foot ou une sortie au karting leur permettent de renforcer les liens. Au centre d’accueil de Ransart comme à Liège, de belles amitiés sont nées. « J’ai des amis belges à l’école, et des amis burundais au centre », explique Henry. « Avec Adan, on aime se balader dans le quartier pour se vider la tête, pour être au calme. Quand il n’est pas là, je m’ennuie. »

Caritas International Belgique “Je n’ai plus de colère.” Dans les structures d’accueil, les MENA se reconstruisent.

Un moment d'échange entre Stéphane et un jeune à Liège. © Caritas International

Le temps de se reconstruire

Ces jeunes qui résident dans une structure d’accueil de Caritas peuvent y retrouver un quotidien d’adolescent. En dehors du suivi social et juridique, ils et elles vont à l’école, au sport et participent à des activités hebdomadaires avec des copains de leur âge. « J’aime beaucoup l’école. Ce n’est pas difficile, tu dois juste entrainer ton esprit. Si tu penses que c’est difficile, ça va l’être », explique Baquir, 15 ans. D’origine afghane, il vit dans la maison de Liège depuis l’été 2022 : « Je me sens bien dans cette maison, je n’ai plus de colère ou de tristesse. J’ai beaucoup d’amis. Tout le monde me respecte et je respecte tout le monde ». Baquir affectionne particulièrement les sorties à la piscine. Son camarade Caleb, 14 ans et Congolais, s’éclate lors de soirées FIFA où ils s’affrontent à l’écran « même si on n’y a pas beaucoup droit », ponctue-t-il en rigolant. Caleb décrit le quotidien de la maison de Youth in Shelter avec les mots : « Accueillant, patient et sympathique ». Dans le salon, l’ambiance est vivante. Mahdi, 16 ans et venu d’Afghanistan est arrivé en juin 2021. Il résume, les bras ouverts et en souriant : « Bienvenue à Caritas ! »



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Tous les noms sont des noms d’emprunt.

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