Steven Valckx : « Les conditions de vie dans le bidonville de Calais sont tout à fait insuffisantes », explique Steven Valckx. « Les tentes et abris sont très proches les uns des autres ce qui rend les conditions d’hygiène déplorables. Les sanitaires sont loin d’être suffisants. Un grand nombre d’abris n’ont même pas de bâche au sol. Certaines personnes sont donc contraintes de dormir à même la terre, ou plutôt… à même la boue quand il pleut. »
Que pensez-vous des politiques menées par les autorités françaises et anglaises en ce moment ?
Steven Valckx : « Les 2 gouvernements, poussés par une partie de l’opinion publique, investissent une part significative de leur budget dans la sécurité. Ils construisent des murs, des grilles, organisent plus de surveillance policière en dehors du camp, mais pas dedans. Alors que les tensions dans le camp sont palpables vu le grand nombre de personnes et de différentes nationalités sur une superficie restreinte,… Mais, du coup, le budget alloué pour offrir de réelles solutions durables pour ces personnes est limité. L’identification des personnes vulnérables avec des membres de famille en Angleterre pourrait s’effecteur dans un ‘hotspot’ à Calais afin de faire un premier ‘tri’ de ceux qui pourraient rejoindre l’île légalement.»
Vincent de Coninck, collaborateur à Calais pour Caritas France, ajoute :
« Si personne ne souhaite le maintien de ce camp à terme, un démantèlement rapide nous semble inenvisageable. Fermer un tel camp demande des moyens et du temps. Du temps pour aider chaque personne à trouver une solution durable. L’Angleterre devra aussi prendre part à ce processus, ce qui n’est pas le cas actuellement. Si on disperse le camp par la force, cela posera des problèmes à tout le monde. Le démantèlement de la zone sud en est un exemple : la plupart des personnes qui y vivaient ont juste déménagés vers le nord et vivent dans des conditions moindres avec plus de souffrances et de tensions comme conséquences. »
Quelles conclusions en tirez pour votre travail à Zeebrugge ?
Steven Valckx : « Personne ne veut de Jungle belge, c’est clair. Mais le contexte à Zeebrugge connaît des similitudes avec celui de Calais : les intérêts économiques, touristiques et sécuritaires priment parfois sur la recherche de solutions durables pour les migrants qui s’y trouvent actuellement. Nous devons nous atteler à trouver des solutions durables. Surtout pour les plus vulnérables : à savoir les femmes et les mineurs étrangers non accompagnés. Ces jeunes ont souvent de la famille en Angleterre mais ont du mal à nous faire confiance. Ils craignent de laisser leurs empreintes et d’être coincé dans le système belge si jamais leur demande d’être regroupé avec leur famille en Angleterre n’aboutissait pas… du coup, bon nombre d’entre eux choisissent de rester dans l’ombre. Chaque fois nous tentons de gagner leur confiance, de réexpliquer la procédure et les avantages pour eux. Parfois, avec succès. Comme ce jeune Iranien de 15 ans qui vient de rejoindre sa famille grâce à notre travail. »
Le centre de soins et d’information de Zeebrugge a été mis en place en collaboration avec Médecins du Monde et l’Evêché de Brugge afin de répondre aux besoins juridiques, médicaux et humanitaires des migrants.
Pour de plus amples informations sur le camp de Calais, n’hésitez pas à consulter le site web de Caritas France.