Quelles sont vos craintes à ce jour ?
« Aucune solution de relogement n’a pu être présentée pour les personnes qui refuseront ou quitteront rapidement les centres d’accueil et d’orientation (CAO). Cette absence de solution, dont nous voyons déjà les premiers effets avec le départ de personnes vers d’autres lieux de passage conduira inévitablement à la reconstitution de bidonvilles encore plus précaires.
Ensuite, nous sommes particulièrement inquiets de la situation des mineurs isolés étrangers. Il y a environ 1.300 mineurs à Calais dont près de 500 devraient aller en Angleterre parce qu’ils ont de la famille en Grande-Bretagne. Le gouvernement français progresse avec l’Angleterre sur ces sujets mais la prise en compte et la protection de tous les mineurs présents sont indispensables. »
Vous n’êtes pas contre un démantèlement?
« Dès l’instant où les droits des personnes sont respectés, nous ne sommes pas contre. En revanche, nous souhaitons qu’il se fasse progressivement pour être attentif aux situations de chacun. Et nous sommes fondamentalement contre le démantèlement programmé des équipements pérennes : le centre d’accueil provisoire et le Centre Jules Ferry qui restent indispensables pour les migrants du Calaisis. »
Que préconisez-vous ?
« Maintenir à Calais un dispositif d’accueil digne pour les plus fragiles. Et démanteler de façon progressive, dans le respect de la dignité. Pas une opération «tout le monde dans le bus, on rase tout, et tout est réglé», mais un cercle vertueux. On estime qu’entre un tiers et la moitié des habitants du bidonville pourraient être prêt à demander l’asile en France. Si les autres voient que ça se passe bien, ça peut leur donner l’idée de renoncer à l’Angleterre. Et ensuite, avec 4 000 personnes en moins, c’est plus simple d’examiner la situation de chacun. »
Avec les migrants, dans la nouvelle "jungle"
Reportage à Calais diffusé en septembre 2015: