Caritas Jérusalem appelle à la paix et à la justice

Caritas International Belgique Caritas Jérusalem appelle à la paix et à la justice

Anton Asfar, Secrétaire général de Caritas Jérusalem - © Caritas International Belgium

Anton Asfar, Secrétaire général de Caritas Jérusalem - © Caritas International Belgium

12/12/2024

Anton Asfar, le Secrétaire général de Caritas Jérusalem, s’est récemment rendu à Bruxelles pour rencontrer Caritas International Belgique, le secrétariat de Caritas Europa, des décideurs politiques et diverses organisations confessionnelles afin de discuter de la détérioration de la situation à Gaza et en Cisjordanie.

Asfar a attiré l’attention sur la crise humanitaire, en mettant l’accent sur les défis auxquels les communautés locales sont confrontées et sur les difficultés croissantes à fournir l’aide essentielle.

La situation désastreuse à Gaza et en Cisjordanie

Avec plus de 43 000 morts à Gaza, les bombardements israéliens continuent de faire de nombreuses victimes parmi les civils, de provoquer des déplacements et de détruire les infrastructures civiles. Caritas Jérusalem, qui emploie 140 personnes en Cisjordanie, à Jérusalem et à Gaza – dont 97 à Gaza – s’engage à apporter l’aide de manière neutre et indépendante. Malgré cela, la situation sur le terrain continue de s’aggraver.

L’accès de l’aide à Gaza est sévèrement limité et les changements de protocoles militaires sans notification préalable rendent l’accès encore plus difficile. M. Asfar a souligné que si l’arrivée quotidienne de camions d’aide est passée à 65 (contre 35 les mois précédents), elle reste bien en deçà des 500 camions par jour normalement nécessaires. De nombreuses zones du nord de la bande de Gaza restent pratiquement impossibles à atteindre. Au début du mois, les Nations unies ont mis en garde contre le risque élevé de famine dans le nord de la bande de Gaza, le Comité d’examen de la famine demandant instamment « à tous les acteurs qui participent directement au conflit de prendre des mesures immédiates, dans les jours et non dans les semaines à venir ».  

Le rôle essentiel de l'UNRWA

L’Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA) joue un rôle indispensable à Gaza et en Cisjordanie. La présence de l’UNRWA est cruciale pour le maintien des services de base tels que l’éducation, les soins de santé et la collecte des déchets. Dans de nombreux camps de réfugiés, les écoles de l’UNRWA sont même chargées du ramassage des ordures, une tâche qui n’entre généralement pas dans leurs attributions, mais qui est essentielle parce que les services locaux se sont effondrés.

Pour de nombreuses ONG opérant à Gaza, dont Caritas Jérusalem, l’UNRWA fournit des infrastructures essentielles telles que des entrepôts, des réseaux de distribution et d’autres formes de soutien logistique qui leur permettent d’acheminer et de stocker des fournitures, telles que des denrées alimentaires et du matériel médical. Sans l’UNRWA, ces organisations ne pourraient pas fonctionner efficacement, ce qui aggraverait encore la crise humanitaire.

La récente décision israélienne d’interdire l’UNRWA menace non seulement les activités vitales qu’il fournit à la population, mais aussi les activités des organisations locales qui n’ont pas l’infrastructure nécessaire pour répondre à l’ampleur des besoins. L’effet de cette interdiction ne sera rien de moins que catastrophique pour les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.

Des défis croissants pour les Palestiniens de Cisjordanie

Le conflit a privé d’emploi plus de 170 000 Palestiniens qui travaillaient en Israël et qui ont maintenant désespérément besoin d’un emploi en Cisjordanie. Caritas Jérusalem participe à des projets visant à fournir des moyens de subsistance et une aide financière à un grand nombre de ces familles. Les infrastructures directement financées par l’UE et les États membres de l’UE sont détruites par les colons et les forces militaires, les bulldozers démolissant des services essentiels comme les canalisations d’eau, ce qui aggrave les conditions de vie déjà fragiles. À Gaza, Caritas Jérusalem reçoit quotidiennement des appels concernant des enfants souffrant de malnutrition et d’autres personnes vulnérables ayant besoin d’une aide urgente.

De plus, la crise fait payer un lourd tribut au personnel de Caritas Jérusalem. Tous les employés de Gaza ont été déplacés, et beaucoup d’entre eux ont connu plusieurs déplacements. La plupart d’entre eux sont très inquiets pour la sécurité de leur propre famille et la menace constante de violence et le manque de produits de première nécessité les empêchent de se concentrer sur leur travail.

Plaidoyer et appels

Lors de ses réunions à Bruxelles, Asfar a souligné les points clés de son plaidoyer, appelant à un cessez-le-feu immédiat et permanent en plus des demandes suivantes :

  • Amélioration de l’accès humanitaire : La quantité et la qualité de l’aide qui parvient actuellement à Gaza sont loin d’être suffisantes pour répondre aux besoins.
  • Rétablissement des services essentiels : Une action immédiate est nécessaire pour garantir la poursuite des soins de santé, de l’éducation et de la gestion des déchets, en particulier avec le soutien de l’UNRWA.
  • Renforcer la capacité des Nations unies à fournir de l’aide : Les organisations internationales doivent disposer des outils nécessaires pour répondre efficacement à la catastrophe humanitaire.
  • La fin de l’agression militaire et des colons en Cisjordanie : La destruction d’infrastructures essentielles et la violence insensée des colons et de l’armée causent d’immenses souffrances et terrorisent la population locale.
  • La nécessité d’obtenir des permis pour les travailleurs humanitaires locaux et des visas pour les travailleurs humanitaires étrangers : De nombreuses ONG internationales ont du mal à fonctionner car leur personnel n’a pas le droit d’entrer à Gaza et en Cisjordanie, ce qui retarde encore l’acheminement de l’aide. Les ONG locales ne reçoivent souvent pas de permis pour se rendre sur leur lieu de travail, ce qui entrave leurs activités.
  • L’accès et le soutien pour le secteur privé permettrait de rétablir les services essentiels et de créer des emplois, apportant ainsi une certaine stabilité à la région.

Un appel à la paix et à la justice

Malgré les défis considérables, Caritas Jérusalem reste dévouée à sa mission d’assistance et de défense des droits des plus vulnérables. Asfar a conclu ses discussions par un message simple mais puissant : « Nous voulons la justice et la paix. » Il a souligné que des innocents souffrent, en particulier des enfants, et qu’il est de la responsabilité d’organisations comme Caritas et d’organismes gouvernementaux comme l’UE et ses États membres de contribuer à alléger leurs souffrances. L’ampleur de la souffrance humaine rend plus que jamais nécessaire une action décisive. L’UE et ses États membres doivent de toute urgence intensifier leurs efforts pour aider les organisations humanitaires à sécuriser l’accès, à faire pression en faveur d’un cessez-le-feu et, en fin de compte, d’une solution durable à la crise.

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