Les Logis de Louvranges se séparent de Sœur Christiane et de Sœur Jeanne

Caritas International Belgique Les Logis de Louvranges se séparent de Sœur Christiane et de Sœur Jeanne
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30/04/2018

Après des années de dévouement, les deux dernières Sœurs de la Charité quittent leur ancien couvent devenu les Logis de Louvranges en 2010: une structure d’accueil pour les femmes vulnérables demandeuses d’asile et leurs enfants. Sœur Christiane (84 ans) et Sœur Jeanne (80 ans) ont toujours été là pour elles. « Nous garderons beaucoup de bons souvenirs. »

Les 21 appartements des Logis de Louvranges ont connu beaucoup d’habitantes différentes. Depuis son ouverture, plus de 100 familles vulnérables ont été accueillies. Les habitantes d’un appartement n’ont jamais changé : Sœur Christiane et Sœur Jeanne étaient un soutien pour tout le monde dans les Logis.

Leur mission ? Être là pour les autres

« Grâce à Sœur Jeanne et sœur Christiane, je me sens aimée », raconte Leonie*, arrivée à Louvranges en mars 2017.  Sœur Christiane et Sœur Jeanne restent modestes: “ Notre mission est d’être là pour les autres, en étant proche d’eux. Nous pensions au début que nous allions rester 1 ou 2 ans. Avant même que nous nous en rendions compte, nous étions là depuis 7, 8 ans. Nous avons construit quelque chose, créé une atmosphère sécurisante. Nous pouvons partir en paix.  »

Le début ne fut pourtant pas évident. Le quartier craignait l’arrivée des demandeurs d’asile. Une peur qui fut tempérée par les sœurs qui ont souvent été rendre visite aux riverains inquiets. Les sœurs ont également invité tout le monde  lors de l’ouverture de la structure d’accueil. Finalement, la peur s’est changée en un engagement chaleureux. « Tous les rideaux ont été faits par des bénévoles du quartier. »

Des fêtes familiales

Les sœurs jouent ici un rôle de bonnes voisines et font partie de l’équipe d’accompagnement. «Nous avons beaucoup appris ici et nous essayons d’enseigner certaines choses aux femmes et aux enfants», explique Sœur Jeanne. «Par exemple, nous travaillons dans le jardin avec les enfants afin qu’ils apprennent à connaître les légumes.» Sœur Christiane ajoute: «Nous sensibilisons aussi les mamans à la vie ici, comme pour le  tri des déchets par exemple.»

Les sœurs s’assurent également que l’atmosphère soit familiale. «Les enfants avaient entendu leurs amis de l’école parler des fêtes de Noël et de Pâques», se souvient sœur Jeanne. « C’est pour cela que nous avons organisé quelque chose. Lors de notre dernière fête, j’avais préparé des gaufres, mais ce n’était pas du tout nécessaire parce que les mères avaient toutes préparé quelque chose « , sourit-elle. « Et quand j’ai voulu nettoyer, elles l’avaient déjà fait. »

Aujourd’hui, il y a une fête qui n’est pas organisée par les sœurs. Les résidentes, les employés et les bénévoles ont tout mis en œuvre pour dire au revoir aux sœurs comme il se doit.

Deux grand-mères

Leonie est en train de préparer le buffet de desserts avec l’aide de ses voisines. Elles ont commencé à préparer des beignets de banane plantain vers 10 heures ce matin. «Ce n’était pas beaucoup de travail», nous expliquent-elles 5 heures plus tard à côté de deux montagnes de bananes plantain et d’une grande boîte en plastique remplie à ras bord de beignets. Pour les sœurs, elles n’épargnent aucun effort !

Il y a de la musique  dans l’appartement de Leonie, sur laquelle les femmes chantent. « C’est Lombo. Ça vient du Congo, le pays d’où nous avons fui », explique Christine*, la voisine. Elle danse avec sa fille de trois mois sur le rythme d’une terre que ce bébé n’a jamais connu.

« Mes parents n’ont jamais pu voir ma fille« , explique Leonie. « Mais Sœur Jeanne et Sœur Christiane sont réellement comme une famille. Ma fille est née 2 mois trop tôt. J’ai dû rester longtemps à l’hôpital de Namur. Les sœurs sont souvent venues parler de la vie dans les Logis. Elles emmenaient parfois d’autres femmes à l’hôpital, et même des fruits ou du chocolat. « 

Leur départ est dur pour Leonie. « C’est triste qu’elles s’en aillent. Elles me manqueront beaucoup« , regrette-t-elle. Le bébé de  Christine se met à pleurer.  » Elle doit probablement pleurer parce que tu es triste« , sourit Christine d’un air réconfortant.

Les adieux

Une fois la fête commencée, toutes les larmes sont sèches et tout le monde est sur son 31. Le pied de sœur Jeanne suit le rythme des chants des petits, qui parlent de poissons et de crocodiles. Les plus âgés récitent un poème et apportent une peinture aux sœurs : une toile colorée avec des photos, des messages personnels et plein de cœurs.

Un deuxième cadeau honore la main verte des sœurs. Elles reçoivent un énorme bac contenant deux plantes «Est-ce que ça va rentrer dans notre nouvelle maison?» Les sœurs avec qui elles vont bientôt habiter, venues à Louvranges pour l’occasion, les rassurent. Les souvenirs de ces 8 belles années ont été regroupés dans un album photo rempli de messages des bénévoles et des employés. « Nous avons 1000 souvenirs, moments de joie et de plaisir avec vous« , c’est le message qui résonne de la chanson composée pour l’occasion :

Chantons ensemble même si nos voix tremblent

Vive les sœurs et à bientôt

Des années de service à Louvranges

Le cœur sur la main que c’était beau



*

Les noms ont été ajustés pour assurer l’anonymat.

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