La migration contribue au développement

Caritas International Belgique La migration contribue au développement

Isabel Corthier - La génération de revenus est une des difficultés principales pour la personne sans-papiers. (2014)

Isabel Corthier - La génération de revenus est une des difficultés principales pour la personne sans-papiers. (2014)

16/05/2019

Tant pour le développement de la Belgique que celui du pays d’origine des migrants, la migration a des effets positifs. Telle est la leçon principale du dernier rapport de Caritas International, réalisé en partenariat avec deux chercheurs universitaires. Rien que pour vous, nous en avons extrait ses conclusions principales et recommandations politiques.

Encore un rapport ? Oui ! Car nous pensons que le débat et le discours public belge en matière de migration et de développement doit être plus équilibré et fondé sur des données fiables[1]. Par cette publication, nous souhaitons reconnaître, et faire connaître, la contribution vitale des migrants au développement et au bien-être de nos sociétés.

Une contribution diversifiée

La littérature s’accorde : la migration contribue au développement économique tant du pays de résidence des migrants que de celui d’origine. Les effets principaux sont les suivants :

  • Plus de biens et services disponibles sur le marché belge ;
  • Une source importante de main d’œuvre – un apport d’autant plus important pour les secteurs en pénurie et dans un contexte de vieillissement de la population ;
  • Des effets positifs pour les finances publiques – 0,8% du PIB belge ;
  • Plus d’échanges bilatéraux entre la Belgique et les pays d’origine ;
  • Des transferts de fonds pour les pays d’origine  – quelque 4,16 milliards d’euros ont été transférés par des migrants depuis la Belgique en 2017.

La contribution sociale des migrants est également fondamentale, puisque la migration permet aux idées de circuler. Ainsi par exemple, de nombreux transferts financiers servent à financer l’éducation – et particulièrement celle des filles – dans les pays d’origine. La migration promeut ainsi l’égalité des genres.

Au niveau politique, la migration a une influence profonde sur la sphère politique belge, comme en témoigne la présence d’immigrés d’origine italienne, mais également l’influence grandissante d’immigrés de première génération et de leurs descendants d’origine turque, marocaine et congolaise.

La migration participe enfin à façonner l’identité culturelle de la Belgique. De multiples artistes et sportifs aux horizons divers – tels que le chanteur Stromae ou certains joueurs des Diables Rouges pour ne citer qu’eux – exercent une influence durable sur la scène publique belge.

Une contribution malgré les obstacles

Les résultats du rapport illustrent l’urgence de répondre aux obstacles conséquents qui empêchent la migration – et les migrants eux-mêmes – de contribuer pleinement au développement de la Belgique.

Le premier obstacle renvoie à l’absence de voies légales et sûres tant pour les migrants désirant travailler, étudier ou vivre en famille que pour les personnes qui pourraient bénéficier d’un statut (protection subsidiaire ou réfugié). Cela explique pourquoi certaines personnes n’ont d’autre choix que d’emprunter des routes informelles, qui coûtent la vie à certains et affectent les autres. « Ce n’est qu’en respectant la dignité des personnes migrantes – durant tout leur parcours migratoire – qu’elles pourront s’épanouir et faire partie intégrante de la société » explique Elise Kervyn, chargée de plaidoyer.

 

Certains migrants ne voient également pas leurs besoins fondamentaux remplis. En raison de certaines politiques et pratiques, il est plus difficile pour les migrants que les natifs de vivre en famille, d’avoir un logement de qualité et abordable et un travail où leurs droits sont respectés autant que ceux des natifs. Les causes sont diverses : obstacles administratifs, absence de réseaux, discriminations sur base ethnique, etc.

Une ligne de conduite à adopter

Avant que la migration ne voie son potentiel valorisé, les migrants doivent jouir de conditions de vie dignes. Cette nécessité ne répond pas uniquement à un impératif d’ordre moral. Les personnes contraintes de lutter quotidiennement pour satisfaire leurs besoins fondamentaux ne peuvent guère, au-delà, valoriser leurs compétences et connaissances et en faire bénéficier la société. Nos recommandations répondent à ces préoccupations majeures et à l’objectif de construire une société plus juste et plus solidaire. En voici les principales :

  • Élargir les voies d’entrée sûres et légales
  • Garantir un accueil de qualité aux demandeurs et bénéficiaires de protection internationale
  • Protéger les droits fondamentaux de tous les migrants
  • Concevoir et mettre en œuvre des politiques visant une meilleure insertion des migrants
  • Lutter contre la discrimination et la xénophobie
  • Soutenir la contribution des migrants envers les pays d’origine

Une place pour toutes et tous

Ce rapport insiste donc sur les besoins et la dépendance de la Belgique vis-à-vis de la migration. Caritas International est toutefois convaincue  que la solidarité que nous devons manifester aux personnes migrantes ne doit en aucun cas être tributaire de leur niveau de contribution. Nous croyons en effet que tous et toutes, des personnes hautement qualifiées aux moins qualifiées, peuvent être des acteurs de développement si la société leur donne les moyens et la chance d’y parvenir.

Pour lire le rapport, c’est par ici : « Penser une maison commune : Migration et développement en Belgique »


Cet article prend place dans le cadre de la campagne #whatishome dans laquelle nous abordons le lien entre migration et développement. Campagne sur les réseaux sociaux menée dans 11 pays avec 12 organisations Caritas, elle fait partie du projet MIND qui reçoit le soutien financier du programme de l’Union européenne pour la sensibilisation et l’éducation au développement (DEAR). Pour plus d’informations, cliquez ici. Ce contenu relève de la responsabilité de Caritas International et ne reflète pas nécessairement la position de l’Union européenne. 

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Les chiffres et graphiques utilisés dans le rapport peuvent être téléchargés ici.

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